An de grâce 1987... Les dinosaures viennent juste de s'éteindre... Des licences telles que Dark Project & Splinter Cell n'existent pas... Tom Clancy (qui n'a pas encore perçu les recettes de ses nombreuses futures licences) mange du riz et roule en Fiat Panda.
Parmi ces évènements , il y en a un qui s'apprête à mettre en émoi le petit monde du jeu vidéo. Fruit du travail acharné d'un amoureux de cinéma nommé Hideo "Jesus II" Kojima, la série Metal Gear pointe alors le bout de ses pixels, devenant à la fois pionnière mais également porte-étendard d'un genre obscur. Celui ou les héros se planquent fourbement dans l'ombre en attendant que l'ennemi passe : l'infiltration.
Ce premier Metal Gear sur MSX2, (le portage NES étant un pur blasphème) non content de poser les bases mythologiques propres à la saga, vient contrecarrer les standards de cette époque qui officiaient surtout dans l'action explosive et décérébrée. Il Introduit au passage une trame scénaristique réfléchie et propose un gameplay inédit. Il faudra donc faire preuve d'esprit pour escompter déjouer les nombreux gardes, caméras de sécurité et autres pièges qui parsèment la forteresse d'Outer Heaven.
Les aficionados de la série (qui l'ont probablement découverte via les épisodes en 3D de l'ère ''Solid') seront ravis de trouver ce bon vieux Solid Snake accompagné d'une tripotée de gadgets tout aussi cultes. Clopes, rations, explosifs, le bon vieux carton sous lequel se planquent les lâches, et même une version simplifiée du Codec (sans les visages apparents), seront au rendez-vous.
Kojima ayant été fortement influencé par le cinéma, il est tout naturel que son œuvre soit remplie de références. Les plus flagrantes sont celles envers ''New York 1997'' de Carpenter (qui inspira directement le personnage de Snake), mais on peut également sentir l'influence de John Sturges et de son film, ''La Grande Evasion'', pour l'ambiance qui plane tout au long du jeu.
Inutile de s'étendre sur un scénario qui prendra ici doucement son envol, avant de réellement décoller dans l'épisode suivant. On pestera sur les quelques mécaniques de gameplay farfelues, comme le fait d'avoir attribuée chaque carte d'accès à une porte spécifique : il faut sans cesse switcher dans l'inventaire pour toutes les essayer, c'est assez bordélique à l'usage, surtout lorsque la pièce en question baigne dans du gaz toxique...
Au delà de ces quelques erreurs de jeunesse, et en prenant en compte que Metal Gear est aujourd'hui une saga des plus dense, il serait dès lors dommage de ne pas accorder un peu d'attention à cet opus fondateur. L’œuvre globale étant d'une cohérence et d'une intelligence telle, qu'elle ne peut que marquer les joueurs au fer rouge. Kojima et son équipe font preuve d'un talent inégalé dans l'art de la mise en scène. Ils savent sortir des sentiers battus en composer des histoires crédibles riches en rebondissements, toujours avec ce soucis du détail qui fait toute la différence.
Pour un premier jet dans l'univers de jeux d'infiltration, Metal Gear en est devenu la pierre angulaire. Aujourd'hui, c'est un témoignage de l'apport majeur des studios nippons sur ce média. Merci Mr Kojima.
''Infiltrate the Enemy Fortress... Outer Heaven // Destroy the Final Weapon : Metal Gear''