Un jeu scénarisé par Kojima Prod et dont le gameplay est construit par Platinum Games, ça semble très prometteur, et ça peut potentiellement devenir un hit en puissance.Mais quand le budget n'y est pas, difficile de concurrencer avec les meilleurs.

Metal Gear Rising (je me passerai du sous-titre Revengeance) est un Beat Them All plutôt singulier, et qui propose quelques éléments intéressants. Tout d'abord, ce fameux système de sabre qui permet de couper avec précision dans le direction souhaitée. Ça avait l'air très rigolo dans la démo, puisqu'on pouvait trancher des pastèques avec style, mais au fond, est-ce vraiment une fonctionnalité pertinente en jeu ? Un peu moins, cette fameuse capacité sert surtout de "finish move" bien défouloir durant laquelle le joueur peut s'éclater en découpant dans tous les sens l'ennemi qui lui aura préalablement causé du tort. C'est fun. Mais hormis cela, il y a peu d'utilisations pertinente : certains ennemis/boss peuvent se faire couper des membres, les rendant ainsi moins forts, mais c'est à peu-près tout. Et si la principale promesse du jeu était de pouvoir permettre de tout trancher, elle n'est au final pas vraiment exaucée, tant le jeu est dirigiste et arbitraire dans les possibilités qu'il offre au joueur : un container est en plein milieu du champ de bataille ? Il peut être réduit en morceaux. Il est un peu sur le côté ? Il sert en fait de mur invisible, et on ne peut donc rien lui faire. Et en soi, le jeu est rempli de murs invisibles qui font qu'on a beau se promener dans des villes, on n'a jamais la moindre impression d'une quelconque liberté. (mais au fond, ce n'est pas ce qu'on demande au genre)

Et à part ça, en quoi le système de jeu est particulier ? Eh bien, le système de parade est très spécial, et c'est un BTA qui privilégie le contre à l'esquive, ce qui rend les combats très très nerveux. Surtout que la manip' de protection est loin d'être évidente. Le jeu incite donc au combat frontal, à la parade suivie de l'estocade fatale. Jusqu'au moment où l'ennemi devient bleu et qu'un ralenti apparait, signalant au joueur qu'il peut se défouler en tranchant n'importe comment son opposant. Tout en arrachant les organes de celui-ci, pour donner aux combats une violence godofwaresque, et aussi pour régénérer sa vie. Concrètement, les combats consistent donc à bastonner/se protéger/attendre que l'ennemi soit bleu pour le découper. Et une fois le schéma assimilé, les combats n'ont pratiquement plus AUCUN intérêt.

Donc voilà, la partie Platinum est loin de répondre aux attentes placées en elle, on est à mille lieux d'un Bayonetta dans la nervosité, la précision, la richesse et tout simplement le fun pour le système de combat. Cela peut toutefois se comprendre, le jeune studio ayant repris le jeu alors que celui-ci devait être annulé, et devant composer avec les fonctionnalités déjà présentées aux joueurs, c'est-à-dire ce fameux système de tranchage.

Mais que vaut le scénario, la "partie de Kojima" ? Eh bien il est assez quelconque. Il évoque des thèmes intéressants, tels que la puissance des lobbys d'armement aux États-Unis, l'éthique de la robotique et la crise économique, tout en s'éloignant du thème des Patriotes de MGS2&4, ce qui est plutôt sympathique. L'intrigue se suffit donc à elle-même, et n'a, contrecoup logique, du coup pas la même force narrative que celle de la série-mère. Les personnages sont peu développés et peu charismatiques, les cinématiques sont à la fois trop longues pour un BTA, et trop courtes que pour vraiment développer le background et l'ensemble baigne dans ce kitch de mauvais goût très Kojimesque.

Là encore, c'est un échec, et si la quête personnelle de Raiden pourra susciter l'intérêt des fans, et que globalement le jeu est truffé de sympathiques références aux "Solid", ce Metal Gear Rising s'avère être un jeu assez faible, malgré ses bonnes idées et ses boss fight jouissifs (au moins une caractéristique Platinum conservée). Le joueur en quête d'un bon scénario ne sera pas rassasié, pas plus que celui qui veut goûter aux joies d'un bon Beat. Une expérience toutefois pas désagréable, et qui a le bon goût (mais aussi le tort pour certains) d'être courte. Un jeu "honnête".
Floax
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le 21 janv. 2014

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