Donner un avis sur ce genre de titre est forcément subjectif : tiré d'une série à laquelle les fans s'accrochent comme pour tous les fans de grosses franchises, difficilement compréhensible pour ceux qui prennent le train en marche, multipliant les références aux autres épisodes de la saga, exploitant le gameplay original afin de l'adapter aux plateformes mobiles, comprenant passages turbo débiles et personnages caricaturaux, etc. Bref, un Metal Gear Solid n'est pas pour tout le monde et il n'y a aucun problème avec ça : certains crieront à l’œuvre géniale et d'autres se contenteront d'un regard dédaigneux sur des errements scénaristiques douteux.
10 ans après les évènements de Snake Eater, Boss pas encore Big se fait des potes, crée sa base, son "Outer Heaven" et prévoit de développer sa petite entreprise pour faire perdurer l'héritage de son mentor, THE Boss. Mais l'ex Naked Snake l'a un peu mauvaise, quand même. Il parle toujours avec une voix caverneuse aux relents de tabac cubain et se dit qu'aider les jeunes femmes victimes de juntes tyranniques et de mettre le bazar dans les ingérences des russes et américains serait bien karmique pour son développement personnel. Pas forcément évident pour la stabilité de la région, Snake/Jack y va de toute son énergie pour régler des comptes avec son passé et le présent du monde. Et ouais, Hideo fait à la fois dans le profond et le pas fin du tout !
Ni une ni deux, la jeune (et jolie, parce que Kojima les aime comme ça) Paz devient la nouvelle raison de se battre pour l'ancien soldat des forces spéciales super balaise prêt à s'en prendre à une armée avec son pistolet tranquillisant et son système Fulton. La trentaine de missions que composent cette campagne solo sont suffisamment variées et plaisantes pour ne pas ressentir un quelconque ennui, sans compter la difficulté au poil et les possibilités multiples (infiltration... ou pas). A cela s'ajoutent des missions secondaires un peu moins originales ou variées mais à faire pour débloquer pas mal de choses. On peut aussi s'attarder sur le pendant gestion de la base, de ses troupes ou encore des développements technologiques qui occupent agréablement entre deux missions périlleuses.
Après, cela reste un portage sur console de salon d'une œuvre pensée pour la PSP ou la DS. Les niveaux sont assez petits, ramassés, durant lesquels s’enchaînent de courts chargements et où l'intelligence des ennemis n'est même pas au niveau de Sons of Liberty sorti 8 ans plus tôt. De même que la gestion de l'inventaire qui ne passe pas en pause automatiquement est pénible, certaines limitations dans les mouvements peuvent paraître si ce n'est archaïques, en tout cas un retour en arrière ennuyeux. Si ces éléments peuvent paraître douteux et parfois pénibles, le passage de cinématiques classiques aux strips animés illustrés par Ashley Wood sont de brillantes trouvailles permettant de pallier les limitations techniques.
Quant aux inconditionnels, ils retrouveront le style d'espionnage futuristico-mystique de Kojima, les errements de gameplay bancals mais jouissifs et tout ce qui fait l'ambiance pétée et foutraque de la série Metal Gear Solid.