Certains vous diront que depuis 1972 et la sortie de Pong, il n'y a eu aucun jeu original. Ce qui n'est peut être pas si faux que ça lorsqu'on regarde ces diverses sagas qui sont plus ou moins toutes des clones les unes des autres.
Pourtant, au milieu de ces jeux sans âme, il y en a parfois un qui sort du lot, à l'image de Mirror's Edge. Déjà parce qu'il est sans doute l'un des premiers à mélanger deux genres que tout semble opposer : la plate-forme et le jeu en vue subjective (on ne parlera pas d'ici de FPS puisqu'il n'y a presque aucun élément de shooter). Et ensuite, parce qu'en 2008, alors que la scène indépendante était encore balbutiante, son esthétique très épurée et pourtant non dénuée de charme a aussi bien marqué les rétines que les esprits.
Mirror's Edge, c'est une ode à la liberté. Une liberté que son héroïne, Faith, cherche à tout prix à conserver en joignant les Messagers, un groupe d'idéalistes refusant la surveillance imposée par un système digne de Big Brother. Une liberté également offert au joueur, qui, même guidé dans un chemin pré-établi, a presque l'impression de voler tant l'agilité de son personnage lui offre une large palette de mouvements. Alors évidemment, cette liberté n'est pas sans heurt : il n'est pas rare de rater un saut à quelques millimètres près, ou de s'écraser au sol faute d'avoir suffisamment calculé la distance entre le toit du building et le béton. Le die-and-retry prend ici tout son sens : à la manière des coups et des chutes que Faith endure, le joueur gagne en force et en dextérité et devient capable de passer tous les obstacles.
Tous ? Non. Encore jeune dans sa gestion du genre hybride, Mirror's Edge perd en fluidité et même en pouvoir de divertissement lorsqu'il impose des phases de fuite face à des vagues d'ennemis, ou carrément de devoir tuer ces mêmes ennemis. Quand on sait que Faith n'est armée que de ses poings, on comprend vite la difficulté de certains passages, qui pourront frustrer plus d'un joueur. Une frustration compensée par la courte durée de vie du soft, justifiée par une histoire qui n'aurait décemment pu s'étendre sur des dizaines d'heures.
Certes le jeu accumule les erreurs de jeunesse et aura mis à bout la patience de bien des joueurs. Pourtant, difficile d'oublier cette sensation folle d'envol, ce plaisir lors d'un saut difficile réussi et même cette BO fantastique sublimée par le morceau de fin.
Mirror's Edge est un jeu, mais également une expérience à côté de laquelle il serait vraiment dommage de passer...