La nuit n’est que rarement porteuse de bonnes augures. Durant l’une d’entre elles, Kaho, le petit chaperon blanc (que j’aime appeler ainsi), va jouer sa vie en infiltrant un royaume maudit par sa propre reine. Et pour sa défense, la frêle fillette dispose d’une arme encore plus impressionnante que la bombe à hydrogène dans le garage de Kim : UNE PUTAIN DE FEUILLE D’ÉRABLE. Oui ! Mais attention, une feuille bénie ! Même le Canada en voudrait sur son drapeau.
Alors voilà. Pas de trace de Momo, ni de Dora, ni de Chipper. Dans ce quatrième volet de la saga de Rdein, le monsieur derrière tout ça, nous entrons dans l’univers de Momodora via sa préquelle. Vous pouvez donc vous lancer directement dans cet univers via ce jeu. Izi. Je vous le donne en mille, le jeu garde le nom de Momodora, soit les noms des deux héroïnes des précédents volets, mais il n’en fait aucune référence. Parce qu’il s’agit du chapitre zéro, là où la tant vénérée Kaho du village de Lun est apparue. Un personnage traité comme mythique dans les épisodes I, II, et III.
Et le petit chaperon blanc n’a rien d’une tendre et douce nonette. J’ai déjà compris quand j’ai vu que sa feuille était rouge. Etait-ce du sang ? me suis-je bêtement demandé. Kaho se veut être jouée telle une Samus Aran. Le double saut ? Vendu. Les attaques à distance ? Pas besoin de rayon de puissance, un arc suffit. En revanche, ce gameplay gagne en combat rapproché par son système de sorts et d’esquive. Le jeu dose subtilement la guerre au front et celle à distance. La feuille canadienne tape fort et sans délai, mais oblige à valdinguer à gauche ou à droite pour s’en sortir. L’arc est une pichenette de moustique, mais il peut devenir un véritable Thompson avec son système de deux charges. Allez, autant y aller à fond. Il y a aussi les tout-puissants objets dits passifs et actifs. C’est connu depuis Castlevania : la magie, ça fait mal. Et je ne parle même pas des objets à équiper qui peuvent donner la pêche à Kaho, et du piment aux boss.
En fait, je pourrai donner un autre surnom à l’héroïne. « KO ». Oui, ça se lit pareille et ça a plus de sens. Heureusement que le jeu ne sauvegarde pas les game over par des tâches de sang placées çà et là, j’aurai l’impression de voir rouge sur mon écran vu mes nombreuses morts ! En soit, le jeu n’est pas très difficile, mais sait être exigent avec ses combats qui bouffent la barre de vie de Kaho à pleines dents. J’ai joué aux modes difficile et extrême, mais j’ai pu tâter aussi le mode normal. Et ce n’est pas une promenade de santé (!) pour une première run. Quant à l’ADN du metroidvania, je dois dire qu’il fait bien son travail. On reste loin d’une Zebès ou d’un Château de Dracula, mais Karst et ses alentours restent super plaisants à parcourir.
Et maintenant, ouvrons un peu les yeux. Il y a un immense gap graphique depuis le premier Momodora. D’ailleurs, même en sortant de la saga, cet épisode m’a fichu une petite claque sur ma pauvre rétine déjà bien fatiguée. En quatre jeux, Rdein a su parfaire sa maitrise du pixel. C’est coloré, c’est nuancé, il y a un équilibre intéressant entre le cartoon typé manga et le ton à la fois bucolique et terrifiant du jeu. C’est surtout saisissant lorsqu’on atteint les Catacombes. Quand vient le temps d’affronter la reine, on comprend une bonne fois pour toute que l’on ne regarde pas ce jeu comme un épisode de Dora l’exploratrice ou un autre anime grand public. Le point de vue du joueur change au new game +, surtout après avoir joué à toute la série de Momo. On regarde alors ce petit monde coloré comme un trou béant dont on ne peut sortir (surtout en connaissant la fin). Oui, c’est tout sauf un jeu à la bonne humeur.
Ah mais je n’oublie pas Lubella ! Vous savez, cette sorcière « très gonflée » que l’on affronte comme boss. Eh bien, rien qu’en ayant vu l’animation de la mécréante à chaque fois que Kaho la cognait ( ಠ ͜ʖಠ), j’avais compris d’où venait cette baffe artistique. C’est fichtrement bien monté ! Il y a tant de vie sur l’écran !
D’ailleurs, en parlant de Lubella… Je vois bien à quoi a servi l’argent du financement participatif. Vilain Rdein ! (Mais merci pour moi)
Vous souvenez-vous de comment a fini l’histoire du Petit Chaperon Rouge ? Cette fois-ci, le loup ne niche pas dans une petite cabane, mais dans un lugubre château. Quant au petit chaperon blanc, il finira par devenir rouge à travers tous ces couloirs garnis de monstres. Momodora IV est comme un conte qui y va par quatre chemins (oui, il y va !), qui joue avec nos humeurs, et qui aboutit sur un final aussi brusque qu’inattendu. Vivement un cinquième épisode à qui, selon moi, il ne manquerait plus qu’un arsenal plus diversifié et une aventure toujours plus longue !