Avant de commencer petite parenthèse. Je vous préviens que la critique est très longue. Bien que je possède le jeu en version physique sur GBA, j’ai préféré joué sur ma 3DS via émulateur pour un meilleur confort ludique.
Aussi, suite à la demande, j'ai finalement modifié la critique pour mettre les spoils sous balise. Désolé si ça peut couper la lecture (j'ai fait de mon mieux pour que non en principe).
J’ai une drôle de « relation » avec les Mother. Comme 99% des Européens gamer, j’ai connu cette série via Super Smash Bros et le personnage de Ness. Aimant beaucoup le gameplay de ce dernier, j’en ai fait mon main, et me suis vite pris d’intérêt pour sa série. J’ai commencé à regarder des vidéos, arpenter les forums, apprendre des choses sur le making-of des jeux etc… Très vite, je me suis considéré comme un grand fan de la série…pourtant il me faudra attendre plus de 10 ans avant de m’attaquer à l’un de ces jeux, à savoir Earthbound.
C’est cet élément qui rend ma relation avec la série spéciale. Je considère déjà le jeu comme excellent avant même d’y avoir touché, et je me suis toujours demandé si je trouvais vraiment la série bonne, ou si je m’en auto persuadais avant même d’avoir fait mon propre avis ?
Le doute était grand avec Mother 2 (aka Earthbound pour les néophytes), mais quelques années plus tard, je m’attaque au phénomène Mother 3, jeu déchainant les passions de par son absence totale du territoire non japonais (qui représente une bonne partie de la planète soyons d’accord). J’avais vraiment peur que ma vision de la série obscure mon jugement sur le jeu…Mais heureusement, je me suis vite rendu compte que non, cette série mérite vraiment l’amour que je lui porte (dixit le gars qui n’a pas l’intention de jouer à Mother 1er du nom…).
Après cette longue introduction qui contextualise un peu la suite, commençons vraiment la critique du jeu.
Et je vais être direct, Mother 3 est un jeu magnifique. Pas par ces graphismes, mais par ce qu’il raconte et ce qu’il transmet au joueur. Et c’est justement cette dualité entra graphisme simple mais émotion forte qui est l’élément qui m’a le plus marqué du jeu.
L’ensemble du jeu est dessiné sous forme de sprite. Pas de 4K ou autre 1080p, juste des images animés (au passage, on sent que le jeu est sorti à la fin de vie de la GBA, car je trouve le tout très fluide). Et pourtant, j’ai rarement était autant touché par des personnages de jeu vidéo, malgré la simplicité de leur apparence. Rentrons directement dans le vif du sujet avec un exemple, ce jeu possède probablement la scène qui m’a le plus marquée, émotionnellement, dans un jeu.
Il s'agit du moment où Flint apprend la mort de sa femme. Lors de cette scène, les villageois tentent de le réconforter, mais la peine du héros se transforme vite en rage, et il repousse violemment ses amis, avant d’en venir aux mains avec eux.
Il m'est assez difficile d'expliquer pourquoi cette m'a tellement marqué alors que d'autres jeux l'ont déjà fait auparavant. Néanmoins, si je devais essayer de me justifier, je dirais que c’est parce que j’ai vraiment eu l’impression de voir une réaction qui arriverait dans la vraie vie, quelque chose d’incroyablement réaliste et humain. Et ce réalisme a été donné par une dizaine de sprites, une belle musique et une boite de dialogue. C’est là toute la force de Mother 3. Ce que le jeu arrive à faire ressentir avec des choses aussi simple. Et cette force continuera de se faire ressentir tout au long du jeu.
Le jeu est constitué de 8 chapitres, plus ou moins long dont les 3 premiers sont pour moi les plus intéressants. C’est dans ceux-là que l’on découvre le village où se déroule une bonne partie du jeu ainsi que les principaux personnages (amis comme ennemis) qui interviendront par la suite. On apprend à connaître les habitants, tous plus ou moins loufoques, avec leurs histoires, leur hobbies, leur désir etc…
On découvre aussi la famille du héros, paisible et joviale, à l’image du reste du village. En même temps que l’on découvre ce beau monde, on s’attache à eux, et on prend un plaisir fou à parler à n’importe quel passant juste pour avoir son avis sur ce qu’il a mangé la veille.
Puis suite à un événement tragique, on voit petit à petit cette vie paisible basculer pour se transformer en une sorte de cauchemar. Là encore, c’est vraiment quelque chose qui m’a marqué. On s’attache beaucoup à ce village, et on a vite le cœur fendu de voir comment celui évolue alors que l’on se sentait si proche des habitants.
Si au final le scénario reste assez classique en dénonçant principalement les méfaits de la mondialisation et les problèmes écologiques, il le fait de manière intéressante et avec des personnages vraiment géniaux.
Le jeu casse d’ailleurs beaucoup de codes à ce niveau-là. Flint, père de Lucas et Claus, est le seul personnage jouable du 1er chapitre…et ne le sera plus jamais par la suite, ne réapparaissant que brièvement dans le jeu.
Autre exemple ? Lucas bien que présent dès le 1er chapitre, ne devient jouable que lors du 4ème Chapitre sur 8, chose relativement rare pour le personnage principal d'un J-RPG.
On continue avec les autres personnages jouables ? Duster est le tank du jeu. Pourtant il est handicapé et boite en permanence, en plus d’être moche comme un pied. Kumatora est la touche féminine du jeu. Est-elle fragile et sert de soigneuse dans l’équipe ? Que dalle, c’est un vrai garçon manqué et elle représente les gros dégâts de l’équipe grâce à ses sorts. Et qu’en est-il de Salsa, ce petit singe faible et sorti de nulle part qui s’avère pourtant être l’unique personnage jouable du chapitre 3 ? On ne retrouve rien de ce qui se fait d’habitude, et c’est pour ça que les personnages sont d’autant plus attachants et marquants.
L’originalité du jeu passe également à travers son ambiance propre aux Mother, qui se veut à la fois amusante, mignonne mais aussi perturbante et parfois carrément creepy. J’ai encore un moment fort en tête, où à la toute fin du chapitre 1,
Flint invoque son désir et sa motivation de retrouver à tout prix son fils, Claus, qui a disparu…pour que la caméra, quelques secondes après, recule et nous montre son corps inerte au fond d’une falaise.
En quelques secondes on passe de l’espoir à l’horreur. On revient toujours à ce que je disais, un jeu qui prend aux tripes avec une mise en scène simple mais terriblement efficace. D'un autre côté, le jeu est bourré d'éléments complètement burlesques qui me font beaucoup penser aux Monty Python. Je pense notamment aux cadeaux qui contiennent des airs de msuique au lieu de d'objets et où le personnage décoche un ".......ah" ou encore ce panneau au milieu de nul part qui a inspiré le titre cette critique. Tellement magique la 1ère fois que ça arrive xD
Niveau gameplay, on a là un RPG au tour par tour classique. J’ai été ravi de voir que les combats et les donjons ne sont pas omniprésents, contrairement à certains jeux du genre, et que le jeu préfère laisser place à la narration plutôt qu’au farming et aux combats. C’est un peu moins vrai vers la fin, mais on y reviendra. Le jeu propose quand même un élément de gameplay original qui permet de dynamiser les combats. Appuyer en rythme avec la musique de fond permet ainsi de réaliser un combo et d’augmenter les dégâts. Ça paraît tout bête, mais cette mécanique permet de rendre les combats beaucoup plus dynamiques et force le joueur à s'investir et se concentrer, même dans les combats les plus classiques. Et c'est là quelque chose de relativement important selon moi dans un gameplay au tour par tour qui peut vite devenir longuet et ennuyeux (n’est-ce pas pour cette malheureuse raison que ce genre laisse peu à peu sa place aux ARPG ? Oui FFVII Remake, je pense à toi…).
Enfin les musiques. Mon Dieu les musiques de ce jeu sont magnifiques et collent parfaitement aux scènes qu’elles décrivent. Entre le Love Theme qui accompagne avec merveille les scènes tristes et tragiques, le thème de Duster qui renvoi à la liberté et la détermination du héros dans le chapitre 2, le thème de Salsa à la fois rigolo, comme le personnage, et mélancolique de par son histoire…je pourrai encore en citer plein (Porky’s Theme, Alec’s Log House, Gentle Rain…) mais ça serait vous faire saturer encore plus que vous ne l’êtes déjà de cette longue critique.
J’aimerais juste préciser qu’une de mes musiques préférées et la musique du menu où l’on nomme les personnages…qui est également l’une des premières, si ce n’est la première musique du jeu. Quand dès les 1ères secondes de jeu, la musique seule vous décoche un sourire et vous donne envie de rester sur ce menu plus longtemps que prévu... vous savez que vous avez affaire à une belle bande-son, surtout quand on sait que c’est du 16 Bit !! Je vous recommande fortement de l’écouter (puis c'est juste trop mignon de regarder Lucas et Claus danser en fond <3 )
Bref, on a donc un jeu incroyablement émouvant, où l’on suit les aventures et le destin assez tragique d’un jeune ado et de ses amis. On rit, on pleure, on panique en découvrant les différentes facettes de ce grand monde, tout en se régalant d’écouter des musiques sublimes qui ne font que rendre cet univers encore plus attendrissant.
Pourquoi donc un 9 et pas un 10 alors, si ce jeu est si parfait ?
Mes éclaireurs ont dû remarquer que j’avais au départ mis un 10 à ce jeu. Mais avec du recul, un passage du jeu me fait enlever un point.
Là où sur les forums, tout le monde dit du Chapitre 7 que c’est l’un des meilleurs, il m’a à l’inverse complètement refroidi. Ce chapitre représente à lui seul plus de 30% du jeu. D’un point de vue du gameplay, il est vrai que c’est le plus intéressant car l’équipe est enfin complète avec des pouvoirs variés et tout autant de possibilités lors des combats. Mais d'un point de vue scénaristique, je trouve que l’on perd toute la force des premiers chapitres.
Si le début du chapitre est génial avec le laboratoire des chimères et son ambiance oppressante, très vite, on nous donne pour objectif de retrouver 7 reliques disséminer à travers le monde (snif snif, vous sentez cette odeur de « quêtes facteur » des J-RPG ?).
Et à ce moment-là, on perd absolument tout ce qui faisait le charme des premiers chapitres. Les rencontres se font beaucoup plus rares. Nos personnages parlent beaucoup moins. On ne fait qu’aller d’un point à un autre en enchaînant les donjons et rencontrant de temps en temps quelques persos. On perd énormément de ce sentiment de narration qui nous inondait lors des premiers chapitres. Au final, la meilleure scène développant les personnes se déroule lorsque les ces derniers font un bad trip et affrontent littéralement leurs peurs et craintes sous forme d’hallucinations. Ce passage représente d'ailleurs parfaitement la force des Mother avec son côté creepy mais fort d'un puissant message émotionnel.
Tout ça pour dire que j’ai trouvé ce chapitre trop long et le village du début et ses habitants me manquaient. Je me sentais comme seul et perdu au milieu de mes donjons... Mais en y repensant, n'est-ce pas justement le message que veut transmettre le jeu à ce moment-là ? En effet, c’est probablement ce que ressent Lucas lors de sa quête pour sauver le monde, vu qu'il abandonne son village pour traverser le monde et se retrouve seul (avec ses amis certes) face à ses dangers. Au final, ce que je considère comme le plus gros défaut du jeu s’avère encore être un élément renforçant le côté émotionnel du jeu, et la façon dont il dirige tout cela directement au joueur.
Heureusement, ce chapitre voit quand même le développement du mystérieux Masked Man ainsi que des Magypsies et l'origine du monde de Mother 3, ce qui reste quand même intéressant et donne bien envie de se farcir tout ces donjons. Le chapitre final qui s'en suit fait également vite oublier ce passage longuet pour arriver à un combat final qui se transformera rapidement en l’une des scènes les plus émouvantes du jeu vidéo.
Ce jeu est beau, et ce jeu vous aime. Oui, il vous aime. C’est simple, l’un des personnages à la fin du jeu "interpelle" le monde réel, le nôtre donc, et demande à lui demande de prendre soin de nous, le joueur. Cette phrase est l’une des dernières du jeu. Pas d'image, une bôite de dialogue et une musique encore une fois.
Cette phrase, qui conclut parfaitement le jeu, est à l'image-même de ce que celui-ci nous apporté tout au long de l'aventure : un ensemble simple mais terriblement émouvant et attachant.