Chant du cygne pour Cavia
Nier est le dernier jeu du studio Cavia (qui avait fait les 2 Drakengard sur PS2) qui a dû mettre la clé sous la porte après ce jeu.
Nier est une suite (pas uniquement) spirituelle de ces 2 jeux, avec des graphismes assez décevants (mais à la direction artistique superbe, avec des univers magnifiques et une utilisation fabuleuse de la lumière) et mélange différents styles de jeux (mais de manière plus heureuse) : beat'em all bourrin et nerveux, composante shoot-em up (il faut souvent éviter les « rideaux » de balles ennemies), collecte de ressources comme dans un MMORPG, phases de plateforme 2D et d'autres changement inattendus de styles.
Le jeu débute en 2029, dans un Tokyo apocalyptique (il neige en juillet, il n'y a pas âme qui vive, les bâtiments sont délabrés) : le héros tente de protéger sa fille très malade des assauts de mystérieux monstres à l'aspect vaguement organique. Il est contraint de recourir à l'aide d'un grimoire blanc qui lui confère d'importants pouvoirs magiques ... Autant le dire tout de suite, ce prologue est assez peu engageant : graphismes moches, sentiment d'être en face d'un vulgaire beat'em all.
La surprise est totale quand on se retrouve 1300 ans plus tard dans un univers médiéval chatoyant, avec le héros qui cherche un remède à la maladie de sa fille ... Autant dire que les interrogations par rapport au prologue (et au monde radicalement différent mais qui semble avoir surmonté le pire) sont nombreuses ...
S'en suit un périple d'une trentaine d'heures où vous rencontrerez des alliés surprenants, des monstres impitoyables et accomplirez des quêtes pour les habitants d'un univers magnifique, portant les traces d'un passé technologique révolu, mais également réduit (4 villages, autant de donjons et quelques espaces ouverts pour faire la transition). La fin apporte son lot de coups de théâtre, avant que le jeu ne vous propose un New Game Plus, qui apporte un tout autre éclairage à la 2ème moitié du jeu (la détermination du héros à accomplir sa quête prend une tournure bien plus sinistre). Au final, ce sont 4 fins qui sont proposées, afin de cerner toute l'histoire du jeu et de vous mettre durablement le cafard (puisque contre toute attente, les fins sont de plus en plus dramatiques).
Le jeu compte quelques défauts (le héros a vraiment une sale tête, les sous-quêtes assez peu intéressantes dans leur déroulement, un environnement réduit) mais possède surtout d'immenses qualités : une histoire non manichéenne qui révèle progressivement sa richesse au fil des parties, un univers mystérieux, beaucoup d'humour qui contrebalance la tonalité terriblement tragique, des personnages très intéressants et enfin une bande-son tout bonnement sublime, sans doute une des meilleures jamais composées.
Ceux qui pestent contre le déclin du jeu japonais sur les consoles current gen devraient jeter un œil sur ce jeu, s'ils ne considèrent pas les graphismes comme primordiaux. C'est le chant du cygne d'une firme qui a choisi la complexité à la facilité, la profondeur à la superficialité. Un choix peu payant, malheureusement !
Le jeu est désormais disponible pour un prix avoisinant les 15 € (sur les sites anglais que tout le monde doit connaître). Achetez (et jouez-y), j'ai dit !