Preuve de concept

Il m’arrive assez souvent de lancer des jeux acclamés par la critique et d’être extrêmement déçu. La majeure partie du temps, j’accuse les testeurs d’être corrompus et je me dis qu’à défaut d’avoir des tablettes gratuites, je garde mon sens critique, moi ! Des fois aussi, je m’interroge sur les raisons qui font que des avis puissent autant diverger. Après tout, cela semble plutôt naturel, chacun apprécie un jeu en fonction de ses goûts et des ses expériences passées. Ça et la corruption quand même, hein. Alors on peut rager ou se dire que forcément, ça marche aussi dans l’autre sens. Il arrive que les critiques n’aient pas été suffisamment choyés (“j’ai déjà une tablette, filez-moi autre chose ou je colle un 5 à votre bouse”) et qu’ils n’aiment que modérément un jeu que j’ai adoré. Bref, je suis un vrai rebelle et je vais vous parler de mon amour pour Nintendo Land.

Nintendo Land c’est une collection de mini-jeux thématisés avec l’univers Nintendo (sans blague) et regroupés autour de l’idée d’un parc d’attractions. Je conçois très bien que ça n’excite pas ceux qui ne sont pas fans de la marque. Peu importe, c’est juste l’enrobage, mais j’insiste un peu dessus tellement il est savoureux. Le design, les couleurs, la musique, tout est très mignon et bien fait. Bon, je vois que ça vous attire pas plus mais pourtant voir son petit Mii dans un costume de Samus, eh ben c’est trop cool ! Effectivement, tout ça est avant tout du fan-service et aussi une façon de plaire aux parents et aux plus jeunes, ce qui est une constante chez Nintendo. Pourtant, pas besoin d’être beaucoup ouvert d’esprit pour apprécier la patte graphique et tout ce qui gravite autour du jeu même.

Deuxième constante chez Big N : ce n’est pas parce que l’emballage a l’air d’être destiné à des enfants qu’ils en sont la seule cible. Toutes les attractions proposées (hormis celles qui sont compétitives) proposent un aspect scoring très poussé caché derrière l’apprentissage du GamePad. Cette précision importante faite, on peut retourner au concept du jeu.

Alors, Nintendo Land, comme je le disais, c’est 12 mini-jeux présentés sous la forme d’attractions. “Mini-jeu” est quelque peu réducteur car chacun est suffisamment touffu pour y perdre quelques heures, voire plus. Le principe est assez simple : chaque attraction met en avant un aspect spécifique du GamePad (écran tactile, gyro, double écran…) tout en utilisant un univers de la marque (Mario, Zelda, Pikmin…). Ces 12 jeux dans le jeu peuvent être divisés en 3 catégories : ceux qui se jouent exclusivement en solo, ceux qui sont orientés coopération et enfin ceux où il s’agit de se foutre sur la couenne avec ses potes.

La convivialité du soft étant étroitement liée à la présence physique de ses amis, il n’y a aucune possibilité de jouer en ligne. Cela n’empêche pas Nintendo Land de mettre en avant le côté connecté avec l’intégration de Miiverse, le fameux réseau social de la marque. Vous croiserez des Mii ayant joués au jeu sur la place qui sert de hub central et aurez la possibilité de consulter leurs scores. En fin de chaque partie, il sera également possible de laisser un petit message qui pourra être lu par les gens plus tard (et également de lire les immondices laissés par les analphabètes qui sont malheureusement majoritaires sur le Miiverse).

Tout ça c’est bien beau mais la véritable question est que valent les mini-jeux ? Et c’est là que les critiques divergent. Si tout le monde reconnaît unanimement que les attractions compétitives sont un parfait show-case du gameplay asymétrique (un joueur avec le GamePad à un rôle différent des autres à la Wiimote), les affinités vers les autres jeux varient. Et c’est aussi là que je me désolidarise des testeurs (j’ai reçu un plus gros chèque qu’eux). J’ai trouvé toutes les attractions intéressantes et assez profondes pour que j’y revienne régulièrement. Ce qui est trompeur, c’est que certaines paraissent simplistes au premier abord mais elles se complexifient rapidement au fil des niveaux. Le côté scoring et succès à débloquer (appelés tampons ici) pousse à réessayer. C’est encore mieux si vous avez des amis qui y jouent, ne serait-ce que pour profiter des classements. Même sans ça, réussir à traverser tous les niveaux de Ballon Trip ou de Zelda sans se faire toucher est un véritable défi. Bien qu’il s’agisse d’utiliser un stylet ou de bouger le GamePad dans ces deux exemples, cela demande de la technique et un apprentissage certain, comme n’importe quel jeu dit “hardcore”. J’ai, pour ma part, passé plus de 50 heures rien qu’en solo.

Mais Nintendo Land est surtout une tuerie atomique à plusieurs sur les attractions compétitives. Lancer une partie, c’est obtenir la garantie que l’on tient là un classique des soirées entre potes. Le concept est assimilable en 10 secondes et le fun et la convivialité sont dignes d’un Mario Party. C’est frais, c’est varié, mangez-en c’est bon pour la santé. En plus c’est plein de couleurs qui font plaisirs aux yeux.

Seul petit regret, le parc d’attractions, pour lequel on peut débloquer à peu près tout ce qui intervient dans les mini-jeux, est un concept qui aurait demandé à être davantage exploité, mais je chipote. Et puis, comment prétendre à un plus gros chèque la prochaine fois si je suis dithyrambique.

Si je ne me suis pas retrouvé dans les critiques, c’est tout simplement parce que j’avais l’impression d’être devant un jeu original au concept nouveau qui met parfaitement en avant les différentes forces de la Wii U. Il est parfois nécessaire d’insister pour voir plus loin que juste “bouger le GamePad” (ça doit être l’effet Wii Sports d’ailleurs) mais ça vaut tellement le coup que je vous y encourage fortement. Ma conclusion est simple : Nintendo Land c’est de la balle, jouez-y !