Tant d'idées, d'ambiances, d'histoires et de volonté dans un jeu qui semble être resté à son époque. Il faudrait donner un coup de polish à tellement d'aspects du gamedesign pour rendre le jeu agréable. Car non, Okami n'est pas, ou plutôt n'est plus, agréable à jouer.
On lutte constamment contre le jeu. Contre la navigation, contre l'autolock, contre les dialogues qui cassent le rythme constamment, contre la narration qui demande parfois de parler 3 fois à un même pnj sans que le dialogue ne change, contre la mauvaise reconnaissance des mouvements du pinceau (pourtant LA feature).
Les combats sont répétitifs et finalement peu plaisant quand se combinent la difficulté d'atteindre les ennemis (problème de perspective, autolock foireux, longues boucles de pattern, pinceau peu permissif voire aveugle dans la reconnaissance de mouvement, grip d'Amaterasu dans ses déplacements au sol et dans les airs) et le peu de feedback de feeling (visuel, sonore, récompense). On passe notre temps à les éviter au possible.
Récupérer un item devient une frustration absolue. Pour un geste anodin et une récompense on perd 5s en boite de dialogue inutile. Ça pourrait sembler ridicule mais ça participe à la rupture constante du flow du jeu où le canvas habituel fait qu'on arrive dans une zone, on enchaine deux dialogues à 20s d'écart puis, enfin libre de nos mouvements, on explore l'air de jeu pour enfin voir un trésor et se revoir perdre les commandes dans un dialogue vu 50 fois. Le flow du jeu est. trop. souvent. rompu.
Et puis passé cela, la magie opère quand même et on s'attache à tous ces personnages, toutes ces quêtes souvent cachées. Cachées par la frustration de devoir les trouver quand la narration nous presse à rejoindre le prochain point, par certains aspects brouillon des graphismes, par le fait de devoir revenir sur nos pas sans indication, par l'incompréhension sans guide de certaines quêtes, ou simplement cachées parce qu'il fallait parler 3 fois à ce personnage qui se répète.
Au bout de nombreuses heures à être frustré, on se résigne et on skip des scènes, on mash le bouton pour passer ces dialogues qui ne veulent pas nous laisser explorer ce qu'on sait qu'on doit explorer.
Et le jeu n'est pas avare en exploration. L'aventure est très longue, quitte à nous dégoûter avec de très nombreux rebondissements parfois bien vus, souvent cramés et trop fréquemment absurdes. En découle une aventure au rythme étrange d'une trentaine d'heures pas toujours passionnantes.
L'expérience globale est pleine de charme, d'humour (parfois un peu datée, avec même une référence à Cauet (!!!) dans la localisation) et curieusement, malgré la frustration plombante, des moments touchants.
Okami souffre donc des affres du temps par son gamedesign cassé et sa narration pesante. Pourtant on ne cesse d'apercevoir ce que les joueurs à l'époque, plus habitués et indulgents, ont pu trouver à cette aventure. Et ce qu'on frôle c'est un sacré monument. Dommage.