Persona 4 Golden
8.5
Persona 4 Golden

Jeu de Atlus (2012PS Vita)

Je comprends l'engouement de cette série maintenant...

Comme souvent lorsque je mets un 10 à une œuvre, je me dois de le justifier derrière avec une critique. Soyons déjà clair, non, ce jeu n'est pas parfait, je pense même qu'on peut lui trouver pas mal de défauts. Alors pourquoi la note maximale ?

Remettons d'abord un peu de contexte. Je suis un avide collectionneur et joueur de jeu. Ma passion est d'agrandir ma collection et de découvrir à chaque fois de nouveaux univers, gameplay, personnages, game design, DA etc...le problème avec ça, c'est que j'ai tendance à beaucoup enchaîner les jeux, au point d'en perdre leur "saveur", même avec les très bons jeux. Mais là, j'ai retrouvé une passion et suis resté scotché à ma console comme je ne l'avais pas été depuis très longtemps. Et c'est ça qui permet au jeu d'atteindre le 10 pour moi. Cette force qui m'a entraîné dans l'histoire et l'univers dès les premières minutes de jeu et qui m'a aspiré pendant plus de 80 heures. En tant qu'adulte de plus de 30 ans, je n'avais pas connu ça depuis longtemps (avec la série Ace Attorney, faut croire que les visual novel sont mon péché mignon), et cela fait de ce jeu une réel pépite pour moi.


Il est extrêmement dur de savoir par où commencer tant j'ai de choses à dire à propos de ce jeu. Tout se bouscule dans ma tête au fur et à mesure que j'écris cette critique, et je n'arrive pas à construire quelque chose de cohérent. Je m'excuse donc si la lecture s'avère chaotique. Je vais essayer de faire point par point, même si je ne suis pas fan de ce type de critique.



L'univers, les personnages et le scénario


Nous jouons donc un lycéen citadin japonais qui est transféré dans un lycée perdu au milieu de la campagne le temps d'une année scolaire. Déjà premier point, pour être allé au Japon plusieurs fois et avoir visité bon nombre de zones rurales, le jeu retranscrit cet environnement à la perfection. La petite ville offre peu de lieux à visiter, mais le détail des habitations, la petite colline avec ses aires pour enfants, son temple au cœur de la ville, la montagne proche, les rizières en bord de route, le bruit des cigales en été, tout est si représentatif du Japon rural que ça en dépaysant, alors que ce n'est qu'un jeu. Forcément fan du Japon et de sa culture, j'étais toujours absorbé par cette ambiance si typique du pays. Mais mêmes les PNJ sont impliqués dans cet environnement. Ils parlent de la pluie et du beau temps (littéralement vu le synopsis du jeu), des problèmes des petits commerces écrasés par le gros centre commercial récent, la gêne des motards délinquants qui font du bruit (les bosozokus pour ceux qui connaissant), bref, vous pourriez vous balader dans une petite ville du japon que les locaux pourraient vous raconter la même chose que dans le jeu. Au milieu de ces PNJ, notre héros est accueilli par son oncle détective et sa fille (cousine du héros donc) chez qui il va vivre pendant l'année qui suit. Très vite, il rencontre d'autres camarades de classe de son école avec qui il sympathise. Rarement je n'ai rencontré de personnages aussi attachants dans un jeu. Chacun a une personnalité propre, plus ou moins cliché des animé japonais, mais aussi très humaine et réaliste, ce qui fait du bien et apporte de la maturité dans ce que l'on pourrait voir comme un bête shonen. En même temps, ces personnages vont nous suivre pendant plus de 50 heures de jeu, et s'ouvrir à nous au fur et à mesure que le jeu avance, ils sont donc forcément très travaillés et (plus ou moins) complexes mais je reviendrai sur ce point plus tard. Autre élément que je tiens à mentionner, jamais l'utilisation d'un protagoniste muet n'a eu autant d'impact sur moi que dans ce jeu. Vous le savez sans doute, beaucoup de jeu vidéo font appel à un protagoniste muet pour que le joueur puisse plus facilement se mettre à sa place. Je n'ai personnellement jamais eu le sentiment de me rapprocher de Link ou Crash Bandicoot, mais ici, le héros se définit clairement à travers vous. Certes, parce que vous choisissez ses réponses, mais aussi parce que le héros de ce jeu a une aura super charismatique, tout en étant un gars simple. Il est à la fois intelligent mais blagueur de temps en temps, maladroit mais puissant, doué de leadership mais s'incline dans certaines situations etc. On a là un personnage à travers lequel on peut, et je dirais même, veut s'identifier.


Ce joyeux noyau de personnages va vite être confronté à une série de meurtre dans la ville, et va se retrouver à enquêter pour résoudre cette affaire qui implique un monde parallèle rempli de monstres, les Shadow.

Cette histoire d'enquête permet au jeu d'obtenir un scénario qui tient en haleine pendant des heures, avec des tas de rebondissement et de moments à suspens. Étant très fan des huis clos à la Agatha Christie, j'ai à nouveau trouvé là un gros point d'accroche au jeu. On se demande en permanence qui peut être le tueur, et à chaque fois qu'on pense avoir une idée, un rebondissement fait que l'on doit tout reprendre à zéro.


La grande force du jeu pour moi vient de cette maîtrise parfaite de son univers, la narration, les relations et le caractère des personnages, l'histoire, le cadre du jeu, les rebondissements, la manière dont les personnages bougent ou s'expriment etc. Pour donner un ordre d'idée, il m'a fallu à peu près 3 heures avant de commencer le premier combat du jeu. Avant ça, c'était juste du world-building, rencontrer les personnages principaux et poser le pitch des meurtres. 3 heures de lecture, mais 3 heures que je n'ai pas vu passé tant j'étais absorbé à découvrir cet univers. Et une autre grande force du jeu, c'est qu'en plus d'approfondir le scénario et l'univers, ces relations avec les personnages sont aussi un élément clé du gameplay !


Le gameplay au service du scénario...ou l'inverse ?

Je connaissais vite fait le principe des Persona, qui mélange Visual Novel (VN) et RPG au tour par tour. Ce que je ne savais pas par contre, c'est que le côté VN soit si imposant par rapport au RPG. Je m'attendais à du 50/50, mais en fait on est plus sur du 80/20, les donjons et les combats ne représentant qu'une petite portion du jeu. Pour ceux qui ne connaissent pas la série, les Persona sont en quelque sorte des simulateurs de vie. Vous vivez (dans le cas du 4 en tout cas) une année scolaire japonaise entière de Mars à Mars, et chaque jour, vous devez choisir quelle activité faire après les cours et le soir. Passer du temps avec vos amis, réviser des cours, faire un job étudiant, aller dans un donjon, pêcher etc. Sauf que comme dans la vraie vie, le temps est limité, vous ne pouvez donc faire qu'une seule activité par jour (et une autre le soir). Très vite, on se retrouve à faire des choix cornéliens du style "Est-ce que j'améliore mon intelligence pour avoir une bonne note aux prochains exam...mais on est Dimanche, c'est le seul jour où je peux aller voir la vieille au bord de la rivière....sauf que j'ai besoin d'approfondir ma relation avec Yosuke pour faciliter le prochain donjon....argh !!". Oui, on se retrouve à faire les mêmes (enfin, plus ou moins) choix que celle d'un ado, et pourtant c'est diablement addictif. On calcule les meilleures agendas possible pour augmenter un max de caractéristiques, et bizarrement c'est hyper jouissif. Le principal intérêt reste d'améliorer ses relations avec les autres personnages du jeu, puisque cela permet d'améliorer leurs compétences en combat (pour les jouables) mais aussi d'obtenir de meilleur Persona (on y reviendra aussi). Chaque personnage possède un rang d'amitié avec vous (appelé Social Link/SL) pouvant aller jusqu'à 10. Et c'est là que le gameplay sert à l'univers. Car si chaque rang d'un SL améliore les compétences du personnage (soit en apprenant un nouveau sort, soit en lui permettant de soigner un allié ou de survivre à un coup mortel), chaque montée de rang est aussi accompagnée d'une cinématique où le personnage renforce sa relation avec le héros en racontant son histoire, permettant d'en apprendre plus sur lui. C'est donc une double récompense pour le joueur, à la fois dans le gameplay, mais aussi l'histoire. Et comme je le disais, les personnages ont des histoires souvent très intéressantes et matures. Le thème principal du jeu est a recherche de la vérité, que ce soit via l'histoire des meurtres, mais aussi la vérité, dans le sens de l'acceptation de soi. Et chaque personnage est confronté à affronter sa propre vérité, que ce soit la star qui veut que les gens la connaisse pour celle qu'elle est vraiment, ou le loubard qui a peur du regard des autres. On se sent tellement plus proche des personnages et cela se ressent quand on assiste aux sorties entre potes des personnages qui parsèment le jeu. C'est simple, je me suis retrouvé tellement de fois à sourire comme un béat devant ma Vita juste parce que je trouvais les réactions des personnages pendant leur sortie scolaire ou leur trip à la plage attendrissantes. Une bande de personnages virtuels ado qui se marrent parce que l'un d'eux à perdu son maillot et tente de le cacher avec des algues. Sur le papier, ça doit vous sembler basique, je l'aurais aussi été à votre place, mais quand on suit ses personnages, leur galère et leur moments de bonheur, et bien on se retrouve à apprécier autant qu'eux ces moments de pause à la fois burlesques mais réalistes et touchants. Et c'est quelque chose de vraiment extraordinaire pour un jeu vidéo.


Pas grand chose à dire côté gameplay des donjons. Pour être franc, il me tardait souvent d'en finir avec ces phases pour pouvoir revenir vite à la partie Slice of Life, bien plus sympa. Pour autant, le système de Persona, qui s'apparente UN PEU à Pokémon, est bien foutu et fait qu'on se retrouve à passer pas mal de temps à obtenir les meilleurs Persona en fusionnant ceux récoltés dans le donjon (d'où l'importance des SL mentionnées avant pour booster les dites fusions, tout est lié !!).


Qui dit Persona, dit musique de dingue !

Dernier point qui rend le jeu si bon pour moi, il s'agit bien évidemment des musiques. Je connaissais déjà presque par cœur l'OST de Persona 5 sans avoir joué à la série, et je savais que j'allais passer un bon moment avec celui-ci aussi. Le jeu utilise principalement des sons jazzys, mais aussi du rock, de la pop voir un chouïa de hip-hop, toujours agréables. On y trouve beaucoup de sons chantés qui sont toujours un régal à écouter, sans pour autant délaisser les autres qui sont excellents aussi (le thème des boss par exemple où de certains donjons). Notamment, les thèmes chantés sont principalement utilisés lors des balades dans la ville le soir, et je trouve qu'ils accompagnent parfaitement l'univers du jeu, on y revient encore.


Quelques défauts...

Je l'avais dit au départ, malgré tout ça, le jeu possède quand même ses défauts. Déjà le côté VN du jeu peut rebuter les gens qui n'aiment pas la lecture et préfèrent rentrer dans le vif du sujet. On parle quand même d'une bonne trentaine d'heures minimum de lecture, donc il faut s'y préparer. Le jeu peut aussi être assez intimidant et exigeant au vu de ce qu'il propose. Il y'a beaucoup d'informations à prendre en compte et les donjons, surtout les premiers, peuvent donner beaucoup de fil à retordre si on ne s'y est pas correctement préparé. Mais le plus gros défaut du jeu, je pense, est sa répétitivité. Le jeu a beau m'avoir mis une claque phénoménale dans ce qu'il propose, passer chaque jour à déambuler dans la ville pour savoir quelle activité choisir devient lassant au bout d'une soixantaine d'heure de jeu. Surtout qu'une fois le jeu "dompté", les activités s'enchaînent plus vite, et ce qui semblait au départ imposant en terme de choses à faire se retrouve bizarrement limité, et donne l'impression de tourner en rond. Heureusement, ce défaut est en grande partie corrigé par l'avancé du scénario et l'amélioration des compétences du personnage qui changent et augmentent les choses à faire respectivement, de même que les saisons dans le jeu, qui apportent une certaine fraicheur au jeu.


Bref, si vous ne devez retenir qu'une chose de ma critique, c'est que ce jeu a été pour moi une claque monumentale en terme d'ambiance et de world building (désolé, j'ai pas de terme français pour ça). Je n'ai jamais été autant absorbé par un jeu, ses personnages et son histoire, et tout comme le personnage central, j'ai été triste de devoir quitter ce groupe d'amis que je m'étais fait et avec qui j'avais passé autant de temps. Il me tarde de me lancer dans Persona 3 Reload et Persona 5 Royal pour découvrir de nouvelles histoires et de nouveaux personnages, qui je l'espère, seront aussi attachants.

Kardock
10
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Créée

le 23 juil. 2024

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Kardock

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