Et tu smashes, smashes, smashes, c'est ta façon d'aimer ♫

C'est un bon Smash Bros-like, malheureusement discutable au niveau des choix des persos mis en avant, sûrement par défaut le plus souvent : pourquoi Raiden au lieu de Solid Snake ? Une exclu réservée à Nintendo ? Pourquoi pas Cloud ou même Squall ? Idem ? Aurait-il fallu reverser de trop gros droits d'utilisation à Square Enix ? Qu'en est-il de Crash Bandicoot, pourtant la mascotte officieuse de la marque durant la période 32 bits ? Du coup le casting peut sembler fade pour les plus grincheux (ou les plus Smash Bros-eux) d'entre vous.

A côté de ça le gameplay est sympa, bien que relativement monotouche pour les plus flemmards, et manque un peu de variété sur certains personnages [Heihachi notamment, qui manque vraiment de patate et d'excentricité, quelques éclairs en supplément façon Tekken 3 n'auraient pas été de refus], clairement défavorisés par rapport à d'autres : on sent bien que l'équilibrage a été fait à la truelle et que l'objectif n'est pas d'accoucher d'un jeu de combat dingue de précision mais de produire un joyeux bordel fun et visuellement plaisant. A ce titre, les supers font péter la rétine et s'avèrent plus ou moins efficaces sur le terrain selon le personnage. Oui car tout le gameplay tourne autour de ces superpouvoirs que l'on peut activer une fois une jauge remplie de 1 à 3 fois, pour gagner en intensité selon le degré. On cogne alors sur l'adversaire et on le chope pour faire grimper la jauge et ramasser des boulettes remplissant cette même jauge. Une fois la super enclenchée, celle-ci peut être interrompue, ce qui réduit les efforts précédents à néant. C'est rageant mais ça complexifie aussi le gameplay, forçant ainsi le joueur à jouer avec les sauts/double-sauts et les esquives, a fortiori quand il choisit le mode de difficulté le plus élevé, proposant un vrai challenge [ou un Figaro, à vot' bon vouloir] de progression dans la maîtrise des personnages. Comme d'hab', c'est dans la souffrance que l'on prend le plus de plaisir et que l'on savoure mieux l'étendue du gameplay. Bon, encore faut-il pouvoir/vouloir [mais comme dirait MacCarré vouloir c'est pouvoir] se fader comme adversaires des persos cheatés comme Emmett Graves, évidemment impossible à débloquer sans passer par la case Playstation Store, contre monnaie sonnante et trébuchante. C'est triste, mais c'est la vie, comme dirait Pierre Gattaz [enfin la mort pour nous plutôt, mais notre mort à petit feu c'est toute leur vie].

A côté de ça, les petits défis type "réalise 3 supers niveau 3 en 3 minutes sur 3 adversaires différents" sont là pour rallonger la durée de vie, mais il faut bien avouer que c'est pas bien passionnant, hormis pour acquérir de l'XP pour faire progresser en niveau chaque personnage [la collectionnite, encore et toujours, basée sur le même mécanisme addictif de récompense que l'accumulation des trophées], et ainsi débloquer des icônes, des fonds, des musiques d'intro, des costumes et autres petits éléments de customisation uniquement utilisables ingame - espérez pas utiliser les icônes sur votre profil PSN, c'est tintin - que ce soit en offline ou en online.

Et c'est là que le bât blesse, puisque les petits radins que nous sommes [enfin non pas toi le petit jeune qui mets 10 boules dans un DoMac prédigéré ou dans une barrette de Schmitt prédiarrégée] achetons nos jeux pour des broutilles sur le marché de l'occasion, et on n'échappe donc pas à la veulerie des marketeux qui ont fait en sorte de niquer le game en bloquant l'accès au contenu en ligne par un code unique permettant en sus le cross play avec la PS Vita. Damn, moi qui aurais voulu me connecter à des serveurs que je sais d'avance vides, pour mieux me plaindre qu'ils sont vides, alors que dans le cas contraire j'aurais pu me plaindre que les joueurs présents sont trop forts car ils squattent le online depuis plusieurs années.

Nez-en-moins, la formule "je fais comme Smash Bros mais avec le lore Sony" marche plutôt bien, si on apprécie un tant soit peu les licences plus "matures" [je sais faut pas employer ce terme galvaudé, la maturité c'est lire Proust et péter dans la soie, pas faire rond-rond-carré pour coucher avec des naïades dans God of War] du fabricant de télé [Bioshock mon amour]. Qui plus est, PSASBR se permet une certaine licence vidéoludique en adaptant les règles de SSMB à sa sauce : des supers plutôt que des frappes concentrées, pas vraiment de time out, pas de mort si on se fait sortir du stage... Ça ne suffit certainement pas, mais ça lui évite de se faire taxer de clone pur et simple.

En gros, c'est joli à regarder, avec cette quasi absence d'aliasing et ces modèles de personnages soignés et bien arrondis dans les angles, avec des stages thématiques qui reprennent les univers de chaque personnage, même si on doit se farcir un boss final inintéressant et outrancièrement pompé sur la Main [invisible du marché (qui te distribue des tartes dans la d'j(e)ul, mais ça c'est pour ton bien, ça te maintient éveillé et donc en alerte, donc productif, tout l'monde le sait bien) ?] finale de Smash Bros Melee. Mais bon, comme dirait un grand philosophe de la bourgeoisie boulangiste : « Peut-être mais je regarde les images et c'est beau ».