C'est emmerdant la vieillesse.
On voit tout flou, on distingue plus les formes, les couleurs se mélangent. Les noms se confondent.
Alors, quand on vous vomit en plein visage de l'aliasing préhistorique comme terrain de jeu, des dragons roulants ou des dizaines d'oiseaux insipides pour compagnons de grand chemin, et des codes hexadécimaux pour jouer en ligne, on se dit qu'on est trop vieux, qu'on a peut-être loupé le train de l'innovation ... Il doit être parti vite le train, vers des mini-jeux où l'on pousse des olives géantes sur un circuit d'agility, où l'on danse sur un jeu de rythme grabataire à 20 BPM. Il a emporté avec lui des personnages insipides (des streamers et des adolescents shootés aux réseaux, en gros) vers un scénario inexistant (qui incite à l'école buissonnière, notre nouvelle ministre de l'éducation n'a pas forcément le prix du ridicule).
Et nous, on reste là.
Et puis reviennent les petits monstres originaux d'il y a 25 ans, ceux imaginés par Ken Sugimori, ces douces chimères, qui tranchent avec les centaines d'autres designs sortis d'une photocopieuse pendant qu'on avait remis la Game Boy au tiroir. Quelques créatures nous surprennent pourtant, et revient le plaisir de la pure découverte, on s'exalte dans la création de l'équipe ultime, nécessaire aux affrontements en ligne ... le train est parti mais on retrouve son propre rythme, où l'imaginaire a pris le relais sur la mixture livrée aux têtes blondes d'aujourd'hui.
Ce Pokémon, c'est la nostalgie qui se fraie un chemin sous la nausée.
Et on se dit qu'être vieux, c'est se réjouir qu'on pense à nous, au fond d'un vomi.