Et dire que je suis passé à côté de cette délicieuse expérience toutes ces années. C'est une honte, flagellez-moi en place publique, je ne mérite pas votre clémence... Il a fallu que Steam me propose un bundle des deux opus à moins de dix euros pour que je saute le pas, rentrant et sortant de télé-porteurs quitte à me refiler la gerbe. Etant du genre sensible à la 3D en première personne, autant dire que je viens de passer deux heures avec une boule au ventre, remontant doucement mais surement la trachée. Mon dieu, j'en ai passé du temps à chopper le tournis à force de valdinguer d'un espace à un autre. C'est rude en pleine digestion.
Mais trêve de digressions stomacales pour expliquer un peu aux mécréants (que j'étais encore récemment) de quoi nous parle ce jeu. A la manière d'un Cube beaucoup plus loufoque et décomplexé vous, personnage féminin lambda sans nom ni histoire, vous vous réveillez dans une chambre au style futuriste sans savoir le pourquoi du comment. Une petite voix sympathique vous accueille alors, vous guidant au sein d'un tutoriel facile d'accès sans grands pièges. Chaque niveau (qui seront au nombre total de 19) est construit comme une succession d’énigmes, mélangée à de la plateforme, que complique au fur et à mesure la possession du Portal-gun, celui-là même vous permettant de créer deux portails différents, un bleu communiquant avec un orange. Si les premiers tableaux vous sembleront à la portée d'un enfant de cinq ans à qui il manquerait les pouces, ce ne sera que pour mieux vous mettre en confiance. Une fois arrivé aux alentours du 15e niveau vous vous arrachez les cheveux à vous demander comment il est possible d'avancer, finissant par une dernière épreuve au très haut challenge mais si gratifiant, demandant de vous l'ensemble de vos acquis des précédents stages, ne vous faisant plus aucun cadeaux.
Dans l'ensemble, les énigmes sont très bien pensées et construites avec intelligence. La linéarité de ces dernières permettant l’émergence de certains automatismes que l'on ne pensait pas forcément posséder au tout début. Oubliez le docteur Kawashima (c'est déjà vieux comme référence je sais) et préférez lui Portal afin de travailler votre logique. Si l'histoire nous oriente à penser que tout le bazar n'est en fait qu'une expérience scientifique, il en va de même avec vous qui derrière l'écran vous creusez les méninges face au challenge imposé. Finir Portal vous donne l'impression d'être intelligent et ça c'est vraiment remarquable, peu d'expériences vidéo-ludiques proposent cela à ce niveau.
Maintenant si le côté intellectuel et fortement investi, le point le plus intéressant que je souhaite dégager c'est l'écriture de ce jeu. Le scénario est réellement formidable ! Ce n'est qu'en se détachant des premiers temps qui, avouons-le ressemblent d'avantage à un jeu flash, que l'on peut au final voir ce que recèle Portal. Portal, contrairement à ce que l'on pourrait penser est très drôle. La petite voix vous accompagnant à ce quelque chose de truculent que l'on a pu, par exemple, retrouver chez l'excellent Stanley Parable qu'évidemment je conseille.
En bref, Portal est juste incroyable. Il n'y a pas grand chose à dire de plus, à part jouez-y ou rejouez-y. Quand à moi je me prépare à lancer le second de la saga, cette fois-ci en coopération.
Maintenant que l'on est entre nous, n'ayons pas peur des mots : le robot que l'on entend constamment, c'est une vraie psychopathe ! Elle est à la fois très amusante, surtout à partir de la dernière mission, mais plus vous avancez dans celle-ci et plus l'on passe du rire franc à l'inquiétante étrangeté. Rares sont les jeux à transmettre pareille émotion.