Comment vous dire ? Postal 2 est un inclassable s'amusant avec brio du politiquement incorrecte, de la violence gratuite et des stéréotypes du jeu vidéo. Vous incarnez un habitant d'une ville paumée des Etats-Unis, située dans le désert lorsqu'un beau matin vous vous réveillez avec l'envie franche de faire chier le monde. Habillé de votre impair noir et de vos lunettes à la Néo de Matrix, vous êtes parés à accomplir les tâches domestiques que vous confie votre femme. Les missions, découpées selon les jours de la semaine, sont autant d'occasions de libérer nos vieux démons intérieurs dans des situations qui rappellent le quotidien : faire la queue à la banque, aller chercher du lait dans une épicerie, payer sa contravention au commissariat, acheter de la viande chez le boucher etc. Que des trucs chiants dans la vraie vie mais que vous pouvez écourter de manière...radicale. Vous avez compris ! Le plus drôle dans cette histoire, c'est qu'il est tout à fait possible de finir le jeu en vivant en harmonie avec les PNJ, sans tuer un seul quidam mais il va falloir vous armer d'une infinie patience. Enfin, en théorie car comme son titre l'indique vous êtes un malade profondément misanthrope : "to go postal" comme dirais les anglais ce qui signifie commettre des tueries de masse. Alors comment résister à l'appel du napalm ? A l'envie d'uriner sur un passant au point de le faire vomir ? Comment ne pas succomber au charme du sécateur de jardinier pour découper des têtes ou des membres virtuels ? Qui d'entre vous résisterez à l'envie de jeter une grenade dans une file d'attente interminable à la banque ? Je pourrai continuer comme cela à l'envi tellement l'armement est fourni et les situations volontairement hilares ! Les nombreux succès sur Steam (dispensables pour certains joueurs) permettent tout de même d'identifier l'imagination débordante des développeurs et les possibilités nombreuses d'agir de manière comique pour ne pas dire sadique. Pour ma part, les succès ont grandement enrichis mon expérience sur Postal 2 malgré un jeu, effectivement daté sur le plan visuel, un peu vide dans certains décors et au gameplay très (trop ?) classique. Par ailleurs, l'ambiance sonore est plutôt médiocre malgré la présence de la voix légendaire du Dude : une référence à Duke Nukem pour les plus anciens d'entre vous.
En conclusion Postal 2 a le mérite d'offrir une expérience de jeu originale, drôle et violente même encore aujourd'hui, alors imaginez cinq secondes pour l'époque (2003). Il me semble que la censure et les controverses furent implacables. Ceci dit pour apprécier son approche du jeu et la quinzaine d'heures qu'offre le mode solo, il faut d'abord apprécier les FPS "old-school", cela va de soi, puis être ouvert à l'humour trash et aux actes délibérément agressif pour lesquels je n'ai aucun problème dans un contexte virtuel et humoristique. Je veux dire par là qu'utiliser un chat vivant pour faire un silencieux sur son fusil à pompe ça n'a pas de prix. Car oui, Postal 2 ne se prend pas du tout au sérieux autant dans sa critique de la société que dans son approche de la violence et c'est qui fait son charme.