Le premier opus de la saga des Professeur Layton, Professeur Layton et l’Étrange Village, fût une excellente surprise ; je m’attendais à une simple succession d’énigmes – et c’est comme ça qu’il nous était vendu – mais j’ai découvert un scénario d’une richesse inattendue, original et durablement marquant, ainsi qu’un univers graphique rappelant l’Angleterre d’après-guerre des plus accrocheurs. J’ai adoré, beaucoup plus que je ne le pensais.
C’est sur ces bonnes bases que je me suis lancé dans Professeur Layton et la Boîte de Pandore. J’ignore si le fait qu’il s’agisse de ma seconde incursion dans cette saga rend ses défauts plus visibles, mais j’ai quand même plus de reproches à lui faire qu’à son prédécesseur.

L’histoire commence lorsque le mentor du Professeur est retrouvé mort dans son appartement ; il avait auparavant envoyé une lettre à Layton, lui demandant de poursuivre ses travaux sur la Boite de Pandore s’il devait lui arriver malheur. Le seul indice qu’il ait laissé : un billet pour un célèbre train, le Molentary Express. Accompagné de son assistant Luke, ils partent à la recherche de la Boite et de ses secrets.
Dès le début, c’est avec plaisir que nous retrouvons les personnages, ainsi que l’environnement graphique propre à la série : ces couleurs de dessin-animé, ces protagonistes aux physiques incongrus et aisément reconnaissables, et cette touche rétro du meilleur effet. Il s’en dégage un côté Agatha Christie, certainement pas un hasard, mais je ne m’en plains pas.
Je rappelle le principe : nous allons chercher à lever le voile sur plusieurs mystères, mais notre aventure sera parsemée d’énigmes à résoudre.

Le jeu est addictif : la qualité de l’écriture donne envie de savoir ce qui se passera ensuite, et chaque énigme constitue un véritable défi à relever. C’est un plaisir de suivre le Professeur Layton et Luke dans leur aventure, tant celle-ci est pensée pour être passionnante. Si je ne me réfère qu’au temps qu’il m’aura fallu pour en venir à bout, alors il s’agit effectivement d’une réussite. Seulement, certains détails me choquent, d’autant plus comparé au premier volet.
Déjà, Professeur Layton et la Boîte de Pandore souffre des problèmes inhérents aux suites : les développeurs se sont senti obligés d’ajouter foules de nouveaux éléments – le hamster, le service à thé,… – qui ne sont finalement que des gadgets inutiles qui font perdre au jeu une partie de sa pureté. Pour vraiment se différencier du précédent épisode, il suffisait pourtant d’apporter une trame inédite et de nouvelles énigmes ; elles sont bien là, mais apparemment, ils ont dû juger que cela ne suffisait pas.

C’était peut-être déjà le cas avant, mais les intitulés des énigmes ne sont pas toujours très clairs ; ce que je peux mettre sur le compte de la traduction, mais cela reste dommage. Surtout, elles ne reposent pas toutes sur la même logique : certaines demandent au joueur de savoir lire entre les lignes, tandis que d’autres doivent être prises au pied de la lettre, même quand elles contiennent des subtilités. Exemple concret : il nous est demandé de calculer la distance parcourue par un chien faisant l’aller-retour entre deux personnes marchant à des vitesses différentes ; or, avant d’effectuer ces allers-retours, l’animal a déjà parcouru une distance en compagnie d’un de ces individus, sauf que celle-ci ne doit pas être prise en compte pour le calcul final, sans raison apparente. Dans une autre énigme, ce genre de détail aurait fait office de piège ; ici, ses auteurs ne semblent même pas l’avoir remarqué eux-mêmes. Et les exemples de ce type ne manquent pas.
Globalement, les énigmes sont réussies et font travailler nos méninges. Mais certaines manquent hélas! de logique.

Là encore, c’était peut-être déjà le cas avant, mais le joueur est vraiment pris par la main, puisque nous savons toujours où nous devons aller, à quel moment. Un accessoire récupéré en cours de route rend même la chasse aux pièces SOS – qui vous permettent d’obtenir des indices en cas d’énigme retorse – tellement facile qu’elle en devient anecdotique.
Surtout, il apparait que la majorité des énigmes sont inutiles pour finir le jeu. Alors que les découvrir toutes prend du temps, celles qui vous ont échappé sont sauvegardées automatiquement à la fin de chaque chapitre, et deviennent alors immédiatement disponibles ; plus besoin de chercher, il suffit d’attendre pour qu’elles nous soient données gracieusement. Non seulement le joueur paresseux pourra donc s’épargner les phases de recherche, mais cela supprime à mon sens toute la rejouabilité du jeu ; nous aurions pu penser que la quête des énigmes manquantes fournirait une bonne occasion de recommencer depuis le début, mais pas du tout.

Mais le gros défaut de cet épisode, c’est sa fin. Autant Professeur Layton et l’Étrange Village possédait un scénario fabuleux se terminant en apothéose, autant celui-ci ne se révèle que comme un prétexte à cette succession d’énigmes, et ses ultimes rebondissements tombent à plat. Les explications sont même plus consternantes qu’autre chose. Alors oui, il est bien très écrit et cela fait parti du charme du jeu, puisqu’il nous pousse à aller toujours plus loin. Mais ses révélations déçoivent et vont jusqu’à jeter un voile d’incohérences sur l’intrigue.
Alors, je médis beaucoup, car comme expliqué précédemment, j’ai pris plaisir à réaliser cette aventure, j’ai une nouvelle fois adoré son univers et ses nombreux mystères, et ce n’est vraiment que sur la fin que l’histoire dévoile ses faiblesses. Seulement, il faut aussi voir que le premier opus était très largement meilleur, transformant celui-ci en semi-déception malgré tout l’intérêt qu’il a su susciter en moi.
Je ne saurais que trop vous conseiller de tester cette saga, mais pas en commençant par l’excellent Professeur Layton et l’Étrange Village.
Ninesisters
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le 29 juil. 2013

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