À peine un an et 3 mois après le succès commercial de l'excellent Resident Evil 2 Remake, Capcom ne s'est pas fait attendre en proposant de revisiter cette fois-ci le dernier frère de la trilogie PS1. Cette sortie rapide du remake n'a rien d'étonnant : le splendide moteur 'RE Engine' avait fait ses preuves, beaucoup d'assets de RE2R sont présents dans le jeu... Et quel autre moment pour sortir le jeu sans empiéter sur Resident Evil 8, prévu en 2021 ? On rappellera par ailleurs que Resident Evil 3 : Nemesis (1999) était lui aussi sorti à peine un an et demi après le 2ème opus.
Pour recontextualiser, rappelons que le jeu PS1 est un préquelle (quelques heures avant) de Resident Evil 2, d'où le nom Resident Evil 1.9, prévu à la base. Le projet, censé n'être qu'un simple spin-off prendra de l'ampleur et deviendra finalement le 3ème opus numéroté de la série.
De manière similaire, Resident Evil 3 Remake emprunte beaucoup à sa "suite" Resident Evil 2 Remake et n'hésite pas à nous refaire traverser des zones connues, quitte à faire dans le clin d’œil un peu trop appuyé. Cependant, la structure du jeu est ici un peu différente. Si le jeu original se plaisait à parsemer Raccoon City de rues à explorer et de puzzles en tout genre, ici place aux cinématiques explosives et aux course-poursuites endiablées. Exit les allers-retours dans les rues un peu lugubres, la progression est maintenant succincte et plus que linéaire. Si certains accusent la durée de vie plutôt courte du jeu (un peu plus de 5h en fouillant tout), le problème à pointer du doigt serait plutôt le rythme un peu bancal. Impossible pour Resident Evil 3 Remake de construire une ambiance ou de la tension quand la plupart des zones se bouclent aussi rapidement, et que tout parait aussi prévisible. Simple supposition, mais il n'est pas étonnant de voir que la zone du beffroi, qui n'était pas sans rappeler le manoir de Resident Evil premier du nom par ses énigmes et son ambiance plus horrifique n'a pas survécu au remake. On déplorera également la disparition du parc et de l'usine, qui seront en partie déplacés sous l'hôpital.
De plus, ne vous attendez pas à retrouver un antagoniste de la trempe de Mr. X ou du père Baker de Resident Evil 7, Nemesis, bien qu'impressionnant et vigoureux apparaît à des moments bien précis qui n'auront que peu de risques de vous faire perdre vos moyens. Adapté à un level design linéaire et un peu artificiel, sa seule occupation sera de vous poursuivre dans de longs couloirs ou vous attaquer sans relâche dans des combats un peu répétitifs.
Pour autant, Resident Evil 3 Remake n'est pas un mauvais jeu. Il est loin d'être aussi éclectique que le jeu original qui savait se montrer effrayant, diversifié et percutant. Il est loin d'avoir cette intelligence du design que pouvait avoir le remake du 2ème épisode... Mais il possède toutefois de belles finitions techniques et un gameplay qui ne saurait être entaché par les médiocres QTE. Le parti pris par le remake n'est donc pas tant de remettre au goût du jour le support original, comme le faisait élégamment Resident Evil 2 Remake, mais plutôt de fournir une expérience plus terre-à-terre, qui ne ferait pas redite avec le remake susnommé. Les explications pour ce choix sont faciles à imaginer, et peut-être qu'avec un peu plus de temps, le jeu aurait réussi à se trouver...
En attendant, Resident Evil 3 reste un remake qui, même s'il ne rend pas hommage à son inspiration, parvient à fournir une expérience correcte pour qui souhaiterait l'équivalent d'un DLC explicatif un peu fast-food de Resident Evil 2.