(Je n'ai pas fait le jeu original donc ce test ne jugera pas la qualité du remake mais la proposition dans son ensemble. A noter également que le seul Resident Evil que j'ai fini entièrement fut le 5)
Je (re)découvre Resident Evil 4 après lui avoir redonné une chance via ce remake. En effet, j'avais testé le jeu de base il y a de cela 6 ans, hélas j'avais vite abandonné car je n'adhèrais pas à la proposition de gameplay et à sa rigidité (principalement le fait d'être obligé de rester statique quand on tire que je trouve ignoble pour un jeu d'action). Le remake avait l'air de corriger le tir sur cet aspect (loul), tout en se payant le luxe d'être somptueux visuellement et techniquement, donc je l'attendais de pied ferme pour enfin découvrir ce jeu comme il se devait.
Arrivé le 24 Mars, j'ai dû attendre jusqu'à 1h du matin pour pouvoir télécharger le jeu (sortie Steam oblige). Le téléchargement terminé, je l'ai lancé aux alentours de 1h30, puis j'y ai joué environ 30 min car j'étais crevé, tout juste le temps d'être introduit à l'univers du jeu et de faire la cabane du chasseur (premier point d'intérêt du jeu, qui sert surtout à se familiariser avec le couteau) et de tâter un peu le terrain visuellement et ergonomiquement. Pour être honnête, je trouvais ça pas mal mais je n'étais pas encore totalement dans le jeu (en même temps quelle idée de le commencer à 1h du mat'...). Je trouvais les extérieurs brumeux et pas exceptionnel visuellement, en revanche les intérieurs étaient magnifiques et m'avaient frappés dés le tout début, surtout le premier passage ou Léon sort la lampe torche dans le sous sol de la cabane. Bien sûr, sur ce point là mon opinion a largement évoluée au fur et à mesure du jeu, cependant je tiens quand même a souligner que malgré tout les intérieurs demeurent beaucoup plus beaux que les extérieurs en règle général, principalement du fait de l'excellente gestion des ombres et de la lumière, qui donne un rendu très contrasté et très vif aux intérieurs.
Bref passons ce point qui demeure somme toute, assez anecdotique compte tenu de la qualité visuelle globale, qui reste remarquable. Je décide finalement d'aller me coucher après la cabane, puis j'ai relancé le jeu le lendemain. J'ai repris là ou j'en étais et ainsi, après la cabane, j'arrivais au village espagnol et des bribes de souvenirs de ma partie originelle commençaient à émerger petit à petit car je m'étais arrêté après 2-3h de jeu dans le village, 6 ans auparavant.
Ainsi, en arrivant, on est introduit au village par une cinématique en temps réel d'un groupe de fanatiques villageois qui crament une personne en place publique dés lors que l'on fait 3 pas dans celui-ci, et impossible de sauver la personne brûlée à cause d'un script. En bref, 20 secondes dans le village et tout juste de quoi nous signaler qu'absolument tout le monde dans celui-ci sont barjo, endoctrinés dans une routine macabre et lunatique. Et c'est là que j'ai commencé à être agréablement surpris. En effet, les villageois/ennemis paraissaient vivants en ayant leurs propres designs, leurs propres animations, et leurs propres routines, comme si ils co-habitaient normalement au sein du village et allaient ensemble à la messe le dimanche après avoir bouffé la tête d'un étranger et pété sur son cadavre. Souhaitant avancer, j'ai tenté une approche d'infiltration au début, mais je me suis fait vite cramé et ainsi j'ai démarré mon premier gros gunfight. Avant de détailler ce point là, je tiens à noter également que le sound design du jeu est dingue, soigné et ultra immersif, n'importe quelle chose dispose d'un son crédible et immersif, comme les villageois par exemple qui crient sans cesse des trucs en espagnol ce qui rend la langue plus effrayante qu'elle ne l'est de base (je n'ose imaginer ce que ça aurait donné avec un village allemand).
Pour revenir à ce premier gunfight, cela m'a donné l'occasion de tester en pratique le coeur du gameplay, qui est je le rappel le point qui m'a fait décrocher le jeu original. Et bah là je vais pas y aller par 4 chemins mais je n'ai rien à redire sur le gameplay, la fluidité est exemplaire et est le point le plus impressionnant du jeu pour moi, tout répond bien, le feeling des armes est excellent, la localisation des dégâts est très appréciable et donne lieu à des actions au corps à corps particulières et en plus le gameplay est parfaitement équilibré, fini et adapté au level design du jeu, pas de bug à l'horizon, tout est logique, quand vous crevez vous avez fait de la merde dans 95% des cas. Le seul bémol que j'aurai à redire sur le gameplay c'est le gameplay au couteau qui est vraiment pas terrible, le feedback est digne de la PS2 ce qui rend le couteau indigeste dans toutes les situations qui ne requièrent pas de parer avec. Je pourrais également râler à titre personnel du manque d'action au corps à corps type des prises ou autre dans des situations ou l'on a plus de couteaux et plus de munitions car on contrôle quand même un soldat surentrainé je le rappel, et je trouve ça con qu'il soit complètement impuissant sans munitions et couteaux, de même je trouve l'interface rapide pas vraiment ergonomique pour switcher les armes lourdes notamment. Fin bref, le gameplay demeure incroyable là dessus aucun problème, chaque fight est du petit lait.
A noter que mon avis sur le gameplay est mon avis après avoir fini le jeu, et non au moment du gunfight mentionné ci-dessus. Dans tous les cas, après avoir fini ce premier gunfight, je continuais ma progression dans le jeu, mais je restais sur mon avis du tout début, où je trouvais le jeu très sympa mais j'attendais que cela décolle. J'appréciais néanmoins la présence ponctuelle de certaines énigmes qui rythmaient bien la progression dans l'ensemble tout en variant les phases de gameplay.
J'ai continué d'avancer à tâtons, en gardant le même avis sur le jeu... Mais pas pour longtemps car je suis arrivé au chapitre 3, où j'ai commencé à vraiment rentrer dedans avec le boss fight contre Del Lago dans le lac, qui était tout simplement excellent. Puis est venu derrière l'incroyable chapitre 4 qui est pour moi le meilleur chapitre de la première partie du jeu, qui présentait un équilibre parfait entre exploration, énigmes et combats et où j'ai adoré graviter autour du lac en bateau et en faisant du backtracking, en vue de chercher les têtes pour résoudre l'énigme de la clé de l'église. Ce chapitre 4 est véritablement là où le jeu commence à décoller selon moi... pour s'envoler ensuite dans la stratosphère avec la zone suivante, le château de Ramon (chapitre 7), un laquais "draculaesque" de l'antagoniste principal, Saddler, qui est tout simplement pour moi l'une des meilleures zones jamais conçue dans un jeu vidéo, rien que ça. J'ai découvert cette zone en 2023 avec ce remake mais cela ne l'empêche pas de mettre une claque à 98% de l'industrie moderne en terme d'ambiance, de progression et de level design.
C'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à comprendre petit à petit le statut mythique qu'a RE4 dans le coeur des joueurs. Le pire étant que le jeu ne cesse de monter en puissance scénaristiquement parlant et l'on commence graduellement à s'attacher au cast principal (Ashley, Luis, Léon et même le PNJ marchant qui fait un peu office de sidekick humoristique comme celui de The Messenger, et qui rassure énormément et dissipe la tension du joueur dés lors qu'il repère une flamme violette). Le pire étant par exemple qu'Ashley ne me faisait ni chaud ni froid en tant que personnage, les premières heures en sa compagnie furent fastidieuses affectivement parlant, notamment son côté detestable de fille à papa du début, mais plus concrètement en jouant quand je crevais à cause de l'animation de 5 sec ou tu dois relever son derche du sol à la moindre attaque qu'elle subit). Cependant, elle aussi, je l'ai commencé à bien l'apprécier à partir du château et d'un certain passage en particulier dont vous aurez la référence à coup sûr si vous avez fait le jeu.
A noter également que l'on enchaîne les boss fight les plus qualitatifs et marquants les uns que les autres (le chef du village, Ramon, Krauser, Saddler) qui sont en plus très intelligents dans leurs conceptions.
N'ayant pas fait le jeu de base, je trouve la durée de vie très bonne, j'ai mis une trentaine d'heures à boucler le jeu en première run, avec la plupart des gros objectifs annexes de bouclés (notamment ce foutu stand de tir addictif qui constituera aisément 5h de votre temps de jeu lors de la première run). La plupart des quêtes annexes sont sans grand intérêt qualitativement parlant (farm, troc/marchandage ou combat), cependant on les fait volontiers car elles sont addictives et sont un plaisir à faire compte tenu du gameplay du jeu. Je fais un bref point sur l'OST pour dire qu'elle n'est pas spécialement marquante mais pour le coup ce n'est pas vraiment un point qui peut être reproché au jeu compte tenu de son game design. Par ailleurs vous n'allez sentir à aucun moment le manque d'OST en jouant (mention quand même au superbe thème de fin nonobstant).
En définitif, ce jeu constitue un indispensable à la fois pour un fan de la première heure d'RE4 qui sera comblé d'avoir un remake de cette qualité, mais encore plus pour un non initié au jeu qui découvrira dans les meilleures conditions possibles une perle qui le marquera et qui transpire l'amour et la passion des développeurs, qui est largement visible sans même avoir fait le jeu de base comme moi. C'est un des rares jeux où je dois vraiment chipoter pour trouver des défauts et même ceux que je trouve n'en sont pas forcément subjectivement parlant (bon à part peut être le gameplay au couteau et le manque de gameplay à main nues)
Je mets un 9/10 plus que mérité au jeu, j'aurai pu mettre plus si la dernière zone (l'île) n'était pas (clairement) en dessous des autres zones, notamment car je trouve qu'elle est plombée dans sa seconde moitié (après avoir récupéré Ashley de sa cellule car la partie avec la carte de sécurité est géniale et le début de l'île est très sympa). En effet, pour moi, dans cette seconde partie de l'île, on enchaîne trop les passages artificiellement chiant avec des hordes d'ennemis coriaces qui sont juste là pour montrer que l'on arrive bientôt au climax du jeu, cette partie témoigne pour moi d'une certaine pauvreté en terme de level design et d'ambiance. Elle n'est pour moi pas spécialement intéressante si ce n'est pour les 2 derniers boss fight (+ le final), mais elle n'est pas complètement à jeter pour autant et est très loin de gâcher l'expérience de jeu globale. Le jeu a quelques moments de sursaut horrifique, mais pour moi sa plus grande qualité est d'être un défouloir à ambiance 5* où chaque point a été pensé pour que le joueur ne s'ennuie pas une seconde. Finalement la composante horrifique même est intrinsèquement liée à la notion de fun dans RE4 puisque vous commencez réellement à paniquer quand vos possibilités de gameplay s'amenuisent et l'horreur prend alors peu à peu la place qu'occupait l'action.
En quelques mots pour finir: Ahi Va Eso votre argent à Capcom sans hésiter !
(*Je prépare le terrain pour faire l'original et les autres RE mais j'aurai probablement la flemme d'en faire des critiques cela dit...)