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Resident Evil 7
7.3
Resident Evil 7

Jeu de Capcom (2017PC)

Resident Evil 7 est une série protéiforme. Peu frileuse à l’égard des changements de direction majeurs comme en 2005 avec la sortie de Resident Evil 4, Capcom remet le couvert dans son septième épisode sorti en 2017 en embrassant pour la première fois la vue à la première personne. Je trouve très courageux de la part d’une licence aussi emblématique d’être capable de se remettre sans cesse en question et d’explorer de nouveaux horizons. Resident Evil 7 malgré lui est aussi la confirmation officielle de ce qu’une grande part du public ne veut pas voir ou fait semblant de ne pas voir. La série Resident Evil est autant une série de jeux d’action-aventure qu’une série de survival-horror. En fait, si nous ne somme pas obligés d’apprécier ce mélange entre deux genres relativement distincts, il faut accepter cette part d’identité à la série qui lui survie depuis le premier épisode. Resident Evil 7 ne coupe pas à ces considérations. Après une introduction malsaine et horrifique au possible, le jeu se vautre irrémédiablement dans l’action qui tâche à base de gros calibres, de caisses de munitions et de trousses de soin « en veux-tu, en voilà ». Fini l’angoisse du départ, on passe le plus clair de notre temps à dessouder des monstres dans le dernier tiers de l’aventure. Certes, la gestion de l’inventaire prend toujours une place prépondérante mais celle-ci a largement était mise à portée du grand public notamment grâce aux coffres infinis disposés dans les salles de sauvegarde. L’aspect survie et horreur ne repose donc que sur les quelques heures au départ du titre et sur un tournant de l’histoire à partir du dernier tiers du jeu.

La transition de la troisième à la première personne est-elle réussie ? Oui très clairement. Si on n’a clairement pas l’impression de jouer à un Resident Evil pendant une bonne partie de l’aventure, on peut d’ores et déjà affirmer que Capcom maîtrise son sujet. Par ailleurs, la vue FPS permet de renforcer la peur puisque par définition, et contrairement à la vue TPS, on ne voit pas ce qui arrive derrière nous. Très bon point donc, à défaut de terrifier comme un véritable jeu d’horreur, le titre de Capcom nous oblige à jouer différemment et prendre nos précautions. Par ailleurs, le gameplay est tout à fait correct, moderne et plaisant. Nous sommes très loin de l’époque Playstation 1 avec des personnages aux balais dans le fion. On peut légitimement se demander dans quelle mesure la vue à la première personne pousse les développeurs à se la jouer FPS shooter. Exit les énigmes des premiers opus. S’il en reste encore quelques-unes, vous passerez la majeure partie de votre temps à dézinguer des monstres et à chercher des objets dans le décor pour progresser : clé, objet unique permettant la progression etc. La vue FPS est moins permissible pour un certain type d’énigme et on le ressent nettement dans cet épisode mais on prend plaisir à utiliser les nombreuses armes à notre disposition. L’amélioration de son équipement et de ses armes comme dans les épisodes 4 à 6 demeure possible mais reste anecdotique. Fini la monnaie sonnante et trébuchante, ici un système de déverrouillage de cage à oiseaux très original permet de le faire en ramassant ci-et-là des collectables. Sachez qu’il est tout à fait possible de terminer le jeu sans rien améliorer.

Ce qui est perdu en termes de variabilité du gameplay classique à la licence (monstres > objet clé > énigme > monstres > boss) avec des énigmes faiblardes ou inexistantes, Resident Evil 7 le gagne en immersion et en réalisation. Quoi de mieux que la vue à la première personne pour immerger le joueur dans des décors réalistes et dans une ambiance flippante ? Capcom a mis les petits plats dans les grands car clairement il s’agit du point fort de ce septième opus. La réalisation graphique est de toute beauté avec différents décors tout au long de l’aventure mais dont la maison marquera de manière indélébile une génération de joueurs. Le fait d’implanter l’histoire d’un Resident Evil dans une maison lugubre perdue au fin fond d’un bayou de Louisiane est une idée brillante. Idée géniale transformée par une réalisation technique de haute volée : les effets de lumière sont sublimes, le feu est bien rendu (lance-flamme), la tentation du photo réalisme est réussie (fini l’aspect « poupées » japonaises des personnages principaux des premiers Resident Evil), l’environnement est varié. Franchement, bravo ! Il est difficile de reconnaître la série tellement la direction artistique a changé. Enfin, cet épisode renoue avec les premiers en ce sens où la quasi-totalité de l’aventure conserve une unité de lieu. De là à parler de « mini monde ouvert », ce serait exagérer, mais on parcourt les différents lieux connexes pour revenir sans cesse au lieu central qui est le jardin de la maison. Cette disposition bienvenue apporte néanmoins son lot de frustration comme les allers-retours incessants entre divers espaces déjà explorés. Je disais « quasi-totalité » car dans le dernier segment, le scénario nous pousse vers un dernier lieu inexploré servant la narration.

Côté scénario, Resident Evil 7 est un pot-pourri de tout ce qui se fait dans l’incroyable monde de l’horreur que ce soit au cinéma ou dans les jeux vidéo. En vrac, les inspirations retrouvées éhontément au cours de l’aventure : Massacre à la Tronçonneuse, The Ring, Saw, Fear, Le Projet Blair Witch. La touche de fraîcheur vient selon moi de l’apport du film de James Wan : Saw. Dans Resident Evil 7 votre personnage sera confronté à des situations similaires, j’ai trouvé la citation plutôt agréable. La dimension Massacre à la Tronçonneuse saute aux yeux au tout départ lorsqu’on est confronté au patriarche de la famille Baker. The Ring nous vient en milieu de partie quand on explore la maison secondaire. Les emprunts à Fear sont visibles à la toute fin du jeu et en ce qui concerne Le Projet Blair Witch tout au long du titre avec les visionnages des VHS mais surtout à l’introduction. L’histoire sans être un chef d’œuvre a le mérite de sortir des sentiers battus et rebattus par la série Resident Evil. Le scénario est correct et se paie même le luxe d’imposer un choix au joueur vers le dernier tiers de l’aventure : du jamais vu dans l’histoire de la série sauf erreur de ma part. On reprochera tout de même une aventure à rallonge qui finit par lasser tant on répète la même boucle de gameplay et un manque cruel de diversité dans le bestiaire : les monstres gluants noirs sont franchement fatiguant. Dommage d’avoir mis aussi peu d’ambition dans la création des adversaires. Pour un jeu qui se veut horrifique, c’est le comble… Quant aux boss, ils sont sympathiques mais beaucoup trop simples en mode normal.

Pour conclure, je dirais que Resident Evil 7 est un très bon démarrage pour le nouveau cycle inauguré par Capcom. Remanier sa licence iconique en FPS fut un pari osé mais à la hauteur des espérances. Ce septième opus possède de grandes qualités : introduction et premiers tiers dans le manoir très bien maîtrisés, ambiance et visuels réussis, les touches Resident Evil dans un univers et un jeu globalement très différent (inventaire, système de soin, coffre etc.), variété des épreuves etc. Mais aussi des défauts inhérents à la saga : aspect horreur qui laisse sa place à l’action pure, emprunts un peu fourre-tout, on roule sur les ennemis grâce à un arsenal de guerre qui ferait pâlir John Rambo, tire en longueur dans le dernier segment et direction artistique faiblarde toujours dans le dernier tiers de l’aventure. Nonobstant ces quelques défauts, je recommande aux amateurs de la licence et aux autres. Pour les flippettes, rien d’insurmontable, rassurez-vous ! Changez de couches jusqu’à environ 5-6 heures de progression pour pouvoir jouer en toute « sécurité » à partir du moment où vous découvrirez l'extérieur. Espérons que le huitième opus confirme la nouvelle direction prise par les développeurs. Foncez les amis !

silaxe
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le 16 juil. 2023

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