Quand Capcom recycle le vide !
En préambule, je le dis clairement ; jusqu'à l'épique épisode 4, j'adorais la franchise « Resident Evil ». Depuis, c'est une autre affaire… Je n’ai rien contre les licences qui se renouvellent. Au contraire ! De nombreux reboot, à l’image du récent Tomb Raider, sont très convaincants. Précisément parce qu’ils parviennent à conserver leur essence initiale tout en changeant.
Dans le cas du virage opéré par « Resident Evil », je suis extrêmement dubitatif. La direction entamée par Capcom avec l’épisode 4 et clairement assumée à partir du cinquième opus est selon moi un échec artistique (et paradoxalement un succès commercial). Même si je n’ai pas fondamentalement détesté les derniers jeux, je déplore vraiment que l’âme de « Resident Evil », cet esprit particulier qui en faisait le sel à l’origine, ait été aussi clairement altérée. Le code génétique de la saga est toujours là, c’est vrai. Mais il a été totalement dénaturé. Les derniers épisodes m’ont laissé le sentiment désagréable d’une franchise qui n’a plus rien à dire, tant au niveau de son histoire que de ses mécaniques de jeu. J’ai l’impression d’être face à un papy qui rabâche perpétuellement la même litanie… de moins en moins bien au fil des années qui passent. Et, malheureusement, chaque nouvelle itération semble confirmer davantage ce sombre constat.
La dernière en date est naturellement Révélations 2. Pas un mauvais jeu. Plutôt agréable à jouer. Assurément efficace. Mais clairement une grande déception. Un jeu générique, sans âme, sans aucun génie. Qui semble presque crier en permanence qu’il est juste là pour pomper quelques billets facilement.
En dehors du système de binôme bien pensé (surtout celui entre Barry et Natalia), tout est mauvais. De la réalisation datée (et qui, surtout, ne parvient à instaurer aucune ambiance spécifique) aux situations clichées qui s’enchaînent à la pelle jusqu’à en devenir pathétiques (le coup de la fenêtre qui explose, de l’ascenseur qui nous lâche pile au mauvais moment, du monstre tué une fois qui en fait n’est pas totalement mort, etc.). On a l’impression d’avoir déjà joué mille fois à ce « Resident Evil ». Et ce n’est pas le scénario qui inverse la tendance. Là où les trois premiers opus s’inscrivaient dans un arc narratif homogène et captivant, là où Code Veronica offrait des personnages intrigants et une histoire maîtrisée, là où « Resident Evil 4 » nous emportait dans ses rebondissements incessants et son ambiance unique, Révélations 2 ne propose qu’une succession de ressorts narratifs déjà vus et revus dans la saga, le tout porté par des héros bien fades. Au fil des derniers jeux « Resident Evil », c’est d’ailleurs peut-être le scénario qui constitue la plus parfaite illustration d’une machinerie qui tourne désormais complètement à vide. On propose un nouveau virus ridicule, un nouveau méchant totalement cinglé, une nouvelle organisation fondamentalement inutile, on joue sur la fibre nostalgique avec les nombreuses références aux précédents épisodes (quitte à inventer des filiations un peu douteuses avec d’anciens grands méchants de la saga) et le retour de personnages phares comme Barry (qui pourrait tout aussi bien être remplacé par Jean-Pol, tant il est insipide). Sauf que ça ne suffit plus. La formule « on prend les mêmes et on recommence » ne fonctionne clairement plus. Ca en devient insupportable.
« Resident Evil » est devenu un spectacle affligeant, dont on voit toutes les fissures, dont on devine tous les mécanismes. Une vieille machinerie, jadis brillante, aujourd’hui aussi sclérosée que dépassée.
Plus que jamais, la saga est en bout de course ! Plus que jamais, un véritable reboot, digne de ce nom, est essentiel.