La saga Resident evil est décidément très en forme ces derniers temps.
J’aime beaucoup la manière avec laquelle la saga se réinvente depuis le 7ème opus tout en se réapproprient les origines de la licence. Cela passe par pour cette troisième trilogie ( on verra ce qu’il en est avec Resident evil 9) par l’idée d’intégrer des folklores nouveaux au sein de la licence et de s’éloigner du zombie traditionnel à la George Romero, comme l’avait déjà fait le 4 en son temps laissant l’horreur pour de l’action/aventure pulp sur fond de Body Snatcher..
Resident evil 7 reprenait le folklore des tueurs en série, les Bakers faisant beaucoup penser à la famille dans Massacre à la tronçonneuse, mais histoire de ne pas perturber son audience, le jeu reprenait pas mal d’élément du premier Resident evil, le manoir, l'exploration, la gestion d’inventaire. Tout un tas d'éléments qui avait disparu de la licence depuis un certain temps et que l’on accueille avec un grand plaisir, un pas en arrière plus que bienvenu après un Resident evil 6 qui était devenue une parodie de la licence plus qu’autre chose.
On retrouve également cela dans ce Resident evil 8 Village, le folklore mis en avant est celui du fantastique à coup de vampire, loup garous, troll, tous une ambiance visuelle qui vient à donner une identité très marquée à ce 8ème opus au sein de la licence. Un petit aparté pour dire à quel point j’aime la manière dont tout ce petit univers nous est introduit à travers un faux raccord, peu subtil certes mais efficace. On erre dans une forêt on ne voit rien à plus de 2 mètres, on trouve une cabane, on va au sous-sol où des bruits inquiétants émergent, une fois en dessous rien à l’exception d’un immense fracas au rez de chaussé juste au-dessus de notre tête, on remonte, la maison est sans dessus mais il fait jour dehors maintenant en l’espace de 2 min, on ressort et se présente devant nous cette immense vallée surplombé par un immense château. Ça fait son effet, on est direct dans le bain, on accepte direct que cela fasse partie de la licence Resident evil, toute la mise en scène nous mettant l’idée en tête qu’on débarque dans un tout nouveau monde.
Là où Resident evil 7 renvoie beaucoup au premier jeu de la licence, Resident evil 8 quant à lui nous renvoie explicitement au cultissime 4ème opus histoire de pas trop perturber le joueur et le garder en terrain connus du mieux qu’il peut. Les deux jeux ont quasiment les mêmes débuts où l’on doit faire face à une horde d’ennemies et se réfugier de maison en maison en essayant tant bien que mal de se barricader. L’influence de Resident evil 4 se fait ressentir sur tout le jeu, avec le retour d’un marchand, l’amélioration du perso ou encore l’inventaire, vous vous en doutez du coup par conséquent ce Resident evil 8 est plus orienté action que son prédécesseur et je trouve le résultat assez convaincant mais on y reviendra un peu plus tard.
Je tourne un peu autour du pot depuis tout à l'heure mais j’ai adoré Resident evil 8, il y a une ambiance une identité visuelle tout à remarquable qui vient à rendre cet opus mémorable, lorsqu'on se balade sur le toit du château Dimitrescu, je ne sais pas si ça vient de l’architecture de la toiture, du brouillard ou de la colorimétrie mais il y a vraiment quelque chose qui se créer esthétiquement, on est pris dedans. On retrouve toujours les mêmes qualités inhérentes à cette série, l’exploration extrêmement satisfaisante et l’horreur qui fonctionne à merveille dans cet opus, je pense surtout à une certaine créature absolument dérangeante, ceux qui ont fait le jeu comprendront. Certains lui reprochent d’être assez inégale qualitativement dans son contenu et il est clair que la phase avec Moreau (assez décevante) et l’usine d’Heisenberg n’ont pas reçu le même soin du détail que le château Dimitrescu et du manoir Beneviento. J’ai même l’impression que c’est un défaut commun à tous les Resident evil, une deuxième partie de l'aventure plus décevante par rapport à la première, même si je ne suis ici pas en accord avec cette remarque pour ce Resident evil 8 étant assez indulgent avec ce jeu de par ses multiples qualités. Il s’agit là d'un défaut qui me semblerait plus approprié pour le 7ème opus qui lui devenait vraiment médiocre une fois la résidence Baker derrière nous.
Si j’ai vraiment un gros défaut à faire ce jeu, cela concerne le scénario vraiment raté. On y retrouve une nouvelle fois le pauvre Ethan Winters qui va devoir sauver sa fille kidnappée par Chris Redfield après que ce dernier est tué votre femme.
Oh mon Dieu !!! Chris Redfield serait-il devenu un… …méchant ?
Vous vous doutez bien que la fin mot derrière cette histoire est non pas seulement décevant mais surtout illogique, vers la fin il n’est pas rare que le jeu répète et explique ce qui s’est réellement passé plusieurs fois à travers des dialogues peu subtils comme si les devs essayés ne s'autopersuader qu’ils avaient écrit un truc cohérent. Tu sens complètement le gars qui a eu un synopsis alléchant à pitcher au reste de l’équipe mais qui s’est trouvé dans la merde quant à trouver une résolution.
Il y a quand même des trucs à sauver dedans. La saga n’a pas perdu sa capacité à créer des personnages marquants et charismatiques aux premiers coups d’œil, que ce soit le marchand, la poupée, Moreau qui renvoie aux Profonds de la ville nauséabonde d'Innsmouth de chez Lovecraft, où le génial Heisenberg capable de contrôler le métal, et oui Resident evil 8 ça n’est pas juste les gros nibards de Dimitrescu. Un petit mot pour l'antagoniste du jeu, la mère Miranda, assez peu marquante du fait qu’elle n'apparaît seulement qu'à la fin. On retrouve la thématique de la famille omniprésente dans le jeu permettant une bonne continuité à Resident evil 7 et donnant une identité à part pour l’arc narratif des Winters, ce qui explique le titre de cette critique que vous êtes en train de lire (le twist de malade).
On note aussi une volonté de se rapprocher plus de l'histoire principale à travers certaines révélations vers la fin du jeu, peut-être en réponse à un Resident evil 7 peut-être trop à part pour les fans, en tout cas ça donne à cogiter pour la suite de la franchise.
Je me permets également de placer un mot sur le mode Mercenaries sur lequel j’ai passé pas mal de temps je dois l’avouer, et qui m’a plus que convaincu sur le fait que Resident evil 8 pouvait se prétendre à être un jeu d’action solide à ma grande surprise.
Bon allez on va conclure car ça commence à devenir long.
Resident evil 8 Village s'inscrit comme l’un des meilleurs opus de la licence a mon sens. C’est un jeu qui est assez généreux dans son contenu comme si on assistait à une forme de best of de tout ce que la licence a dans le ventre, le mode némésis avec Dimitrescu, une maîtrise de l’horreur avec cette escape game chez Benventio ou de la pure horreur pulp avec Heisenberg et son armée de robots zombie. C’est par ailleurs un jeu que j’ai tellement aimé que je l'ai fait deux fois à la suite, chose que je ne fais jamais d’habitude, une première fois en Normale, et une deuxième fois en village des Ombres (=difficulté max). J’ai pris mon pied à chaque fois dans l’exploration de ce Village, même si je garde une certaine frustration ne pas pouvoir revisiter certains lieux comme le château une fois qu’on en ressort, il y tellement de petites zones cachées, mais genre vraiment bien cachés, avec des boss exclusifs et du ravitaillement, l’exploration est tellement gratifiante.
Vraiment ce jeu me met dans les meilleures dispositions pour sa suite, en ayant l’idée des Folklores en tête dont j’ai parlé plus haut et du désir affiché de revenir vers les grandes intrigues de la saga (comme en témoigne le fait qu’Ada Wong devait faire partie de l’aventure mais a été coupé car le jeu était déjà assez surchargé, ce qui me rend très triste), juste imaginé ce que peut être Resident evil 9.