Cela fait treize ans que le gentil et naïf pirate Guybrush Threepwood n’avait pas navigué sur les mers des Caraïbes. Et trente-et-un ans que Ron Gilbert, son papa, ne s’est attelé à lui façonner une aventure de ses mains.
13-31. Une blague se trouve probablement dans ce coup farceur du destin.
Dans un billet précédent, j’ai fait part du sentiment d’humilité habité par Gilbert quant à son retour vers l’île aux singes. LucasArts n’est plus et toutes ses propriétés non « starwarsiennes » se morfondent dans un tiroir Disney, à l’abri des regards de la concurrence. Mickey Mouse s’est cependant décidé, dans un rare geste de magnanimité, à montrer patte blanche. Il accepte qu’un père puisse renouer avec sa progéniture éloignée pour d’ultimes retrouvailles. Retrouvailles qui serviront également à résoudre le plus grand mystère de la vie : quel est donc le véritable secret de Monkey Island?
Une question rhétorique pour qui sait donner la peine de suivre les interviews de Gilbert. Ou de tout simplement lire entre les lignes de la fin énigmatique de Monkey Island 2. Car Return to Monkey Island ne fait que souligner une évidence connue depuis trois décennies.
On se penchera d’abord sur les qualités vidéoludiques de ce sixième épisode. Car oui, il s’agit bien d’une sixième entrée. Fidèle à ses principes, le capitaine Gilbert a bien compris qu’il n’a pas été l’unique maître à bord de ce navire. Dans un bel exercice de générosité, l’homme fort de la piraterie a su retrouver avec brio Guybrush où il l’avait laissé sans pour autant piétiner et exclure les périples de ce dernier dans Curse, Escape et Tales. Un album photo, facilement accessible dans le menu, prouve que le pirate émérite (et Ron Gilbert de surcroit) se rappelle avec humour et amour ses exploits d’antan sans jugement ni amertume.
https://lacritiquedumoment.wordpress.com/2022/10/29/return-to-monkey-island/