Cristallisation oedipienne

Attendez, je finis juste mon bâillement que j'ai entamé en commençant le jeu... Voilà c'est bon. Je suis faible, j'ai encore craqué pour Tomb Raider, sûrement plongé dans la nostalgie de vieux con, teintée d'images fugaces d'Alfred qu'on coinçait dans le frigo du manoir de Lara.

Je n'avais pas trop aimé le premier épisode que j'ai trouvé bien trop dirigiste et sans ambiance (tous ces gens humains autour de Lara, brr !). Je me disais que c'était le symptôme de son époque, avec ses jeux triple A plutôt cinématographiques et leurs maps agrémentées de petits points, comme autant d'objectifs à accomplir, qui nous apprend que c'est quand même vachement pratique le GPS quand on est archéologue au fin fond de la Sibérie. On nous présentait Lara Croft comme une survivante dans le premier épisode, alors qu'on finissait très vite à prendre les ennemis par 12 entre deux QTE. Seul restait les petites énigmes faisables par un enfant de 8 ans tenant la manette à l'envers. Tous ces éléments déjà-vu étaient forcement soporifiques, ce qui ne change malheureusement pas dans Rise of the Tomb Raider. Les développeurs ont eu la folle originalité de proposer des espaces un peu plus ouverts, de la chasse pour crafter à la Far Cry et.. c'est tout. Ah et il y a un mode de jeu à orientation scoring qui se prépare avec des cartes à collectionner ou à acheter avec de l'argent réel, sans commentaires. Au moins, ils se sont abstenus de proposer un costume sexy en DLC...

Le gros problème de ce Tomb Raider se passe au niveau du scénario. C'est cette volonté de mettre absolument Lara dans les traces de son père. Je veux dire, c'est une grande fille, inutile de la victimiser encore plus. On veut montrer Lara fragile et sensible, avec un propension à la colère et aux cris lors des chutes et c'est à peu près ce qui se passe. Et en fait, c'est chiant. Moi je veux jouer à Tomb Raider avec un personnage badass, solitaire, qui suit ses propres convictions et ses propres envies, pas une résolution du complexe d'Oedipe. Heureusement si je puis dire, le gameplay fait passer Lara Croft chasseuse de lapins dans la foret enneigée à Lara Croft avec des fusils à pompe qui tirent du feu, un arc qui tire des flèches enflammées (ok), empoisonnées avec un nuage de gaz (euh pourquoi pas...), explosives (what), au NAPALM et des ennemis qui ne comprennent rien à la vie. Lara Croft, la victime, tire des flèches au napalm, elle en a rien à foutre de vos histoires paternelles à la con.

Dans l'ensemble, le jeu se veut un tout petit peu moins linéaire et les scènes QTE sont bien plus rares que dans le prédécesseur, mais ces saynètes sont largement plus réussies et entraînantes. Les deux dernières heures, plus fantastiques, nous réconcilient avec les anciens épisodes. Dans l'ensemble, Rise of the Tomb Raider me donne plutôt envie d'aller me coucher, trop dans la lignée du premier épisode et trop peu original par rapport à la concurrence.