Scorn
5.9
Scorn

Jeu de Ebb Software, Aethek et Lustmord (2022PC)

Développé par les serbes indépendants de Ebb Software, Scorn est un jeu d’horreur en première personne en gestation (c’est le cas de le dire xD ) depuis pas mal d’années maintenant. Sorti ce 14 octobre 2022 et dispo direct sur PC/Xbox dans le Gamepass, c’est un projet qui a clairement eu sa petite hype depuis quelques temps grâce à sa direction artistique fort originale et peu vue dans le JV.


En effet, reprendre l’identité visuelle et bio mécanique qui a fait la grande force du génie (dérangé ?) de H.R Giger, à qui l’on doit forcément les décors d’Alien le 8ème Passager mais surtout le design du Xenomorphe. Mais est ce que tout cela suffit à en faire un jeu convaincant ? Et bien, oui et non …


Niveau scenario, préparez vous à être totalement largué et c’est voulu par les développeurs afin que chaque joueur se fasse son interprétation. Le jeu démarre avec notre personnage, un corps humain enseveli dans des tuyaux alien qui se réveille et qui va essayer d’explorer le monde étrange à la fois organique et mécanique, sur lequel on est. Pourquoi ? Comment ? Où ? Qu’est ce que ce monde et qui en sont ses potentiels créateurs à la fois géniaux comme malaisants ?


Scorn ne s’embête aucunement avec tout ça, et malgré l’exploration des décors et vision des différentes machines que l’on croisera ou que l'on interagira avec, nous n’aurons quasiment jamais de réponses dans sa narration environnementale. Ce qui sera à la fois la force et la faiblesse du jeu selon les joueurs, où il faudra chercher sur le net des réponses en théories ou scruter l’artbook du jeu.


Côté gameplay, c’est clairement là que ça se gâte car si Scorn n’est pas foncièrement désagréable à jouer, c’est un jeu qui a souvent le cul entre deux chaises et on ne sait jamais ce qu’il veut vraiment devenir. Contrairement à ce que le marketing laissait croire, le jeu de Ebb n’est finalement qu’une sorte de walk simulator géant parsemé de bon nombre d’énigmes où on n’est absolument pas aidé pour s’en sortir. Perso, je trouve ça bien, malgré que le jeu ne nous dise rien et c’est au joueur de faire fonctionner ses méninges.


Mais imposer des énigmes aussi barrées dès le début du jeu, c’est ici que Scorn va diviser et risque de perdre bon nombre de joueurs en chemin. Par exemple, rien que l’énigme où il faut guider un œuf à travers un dédale de cases jusqu’à la machine pour extraction.


Et l’autre problème majeur du jeu pour ma part : la gestion de son game design. Rejoignant le côté inégal où Ebb ne savait peut être pas comment orienter Scorn, les développeurs proposent après 2h de jeu environ, des combats avec différentes armes et 3 ennemis uniques. Sur le papier, aucun souci avec. Le problème, c’est la gestion de la difficulté et des sauvegardes qui est assez catastrophique pour inciter à continuer si on ne sait pas comment s’y prendre.


Par exemple, la première arme est une sorte de crochet projeté par pression (référence évidente à la deuxième langue du xenomorphe) et qui sert d’instrument d’énigmes également. Le problème, c’est que le combat est mal géré, cette arme est vraiment nulle au corps à corps. Parfois on va prendre cher par des ennemis qui peuvent lancer des projectiles avec une précision déconcertante. Et bien, le jeu met l’accent sur l’esquive et « l’infiltration » afin d’espérer s’en sortir pour garder au maximum santé et munitions.


Pourquoi pas, mais dans ce cas là, pour moi, autant faire de Scorn un jeu basé sur le principe d’Alien Isolation. Un véritable survival horror en première personne où notre personnage est volontairement faible pour combattre de front, et ne proposer que la fuite ou discrétion au maximum. Mais au moins, Amanda Ripley avait bon nombre d'armes ou de gadgets pour s'en sortir face aux humains et le Xeno, voire même utiliser ce dernier à son avantage contre les ennemis.


Le problème est que Scorn est un walk simulator teinté d’énigmes à outrance par-dessus et d’une composante survival horror et combats qui ne marchent pas toujours bien ensemble. Il vaudra mieux donc essayer d’éviter au maximum les ennemis, étudier leur petit chemin de patrouille avant qu’ils ne disparaissent dans un tuyau immonde fait de chair. Heureusement, la difficulté va se décanter un peu dès qu’on trouve le flingue et puis le shotgun.


Mais bon dans l’ensemble, Scorn ne sait jamais s’il veut être un Walk Simulator, un Survival Horror ou encore un Puzzle Game.


Ajoutons à cela également sa gestion des sauvegardes qui est étrange, on n’est jamais au courant quand le jeu sauvegarde et les checkpoints sont parfois mal espacés, nous faisant recommencer éternellement des séquences d’énigmes ou de combats vraiment chiantes au long terme.


Prenons du très positif avec ce qui est LA grande force du jeu et que vous aurez déjà compris dès l’annonce du jeu : sa réalisation graphique et sonore. D’entrée de jeu, Scorn est hallucinant visuellement que ce soit techniquement avec l’utilisation de l’Unreal Engine 4 en termes de textures, effets de lumière et fumées vraiment impressionnants, ou encore d’animation et de modèles 3D détaillés. Surtout sur PC poussé aux graphismes max.


Artistiquement, l’inspiration de Giger est évidente et on est vraiment fasciné comme révulsé par ce monde bio organique qui s’ouvre à nous progressivement : entre allusions évidentes au sexe où notre personnage va « doigter » chaque interrupteur pour interagir avec les énigmes ou ascenseurs, les machines de torture ou industries sortis de l’esprit d’un cerveau très dérangé, le chara design des créatures dont Silent Hill serait fier d’avoir dans son catalogue et j’en passe.


C’est typiquement d’ailleurs le jeu qui mériterait une version VR, histoire de s’y retrouver littéralement plongé dedans avec un casque de réalité virtuelle, et être bien dégoûté de voir nous même de près cette horreur, à la fois belle comme répugnante.


Mais le jeu est réellement fascinant et magistral sur sa réalisation. Chapeau bas pour un tel niveau de détail chez Ebb car c’est clairement le plus gros point fort de Scorn et une réalisation brillante sur toute cette génération videoludique.


Côté bande son c’est pareil, entre sons d’ambiance complètement malsains ou petites notes étranges pendant l’avancée (surtout sur un home cinema 5.1 ou au casque), l’impression de déambuler dans un LV 426 (planète où le Nostromo d’Alien 1 va rencontrer le fameux Xenomorphe) videoludique est plus que palpable. Chapeau bas au compositeur et aux créateurs des effets sonores.


Pour la durée de vie, comptez environ 5 – 7h pour terminer Scorn, le temps de comprendre ses mécaniques étranges, ses énigmes et surtout sa gestion du game design vraiment trop inégal.


Notamment en terme de combats pour essayer d’arriver avec le plus de santé possible et de munitions en évitant au maximum les ennemis Mais le jeu ne propose ensuite aucune rejouabilité potentielle.


Donc pour 40€ et ce contenu, notamment pour une expérience en globalité qui va être fascinante comme éprouvante selon les joueurs, cela sera fortement sujet à débat. Perso, je trouve que c’est cher et heureusement que j’ai fait le jeu dans le gamepass.


Conclusion : expérience méritante comme vraiment irritante, Scorn fait partie de ces jeux où c’est parfois dur de savoir si on l’aime ou on le déteste dans sa globalité. Il ne plaira clairement pas à tout le monde déjà de par son parti pris artistique mais surtout dans son game design imprévisible.


Perso, c’est un jeu que j’ai moyennement apprécié sur le game design mais que j'ai adoré sur sa DA. De toute façon, c'est essentiellement pour elle que j'ai toujours voulu continuer Scorn malgré mes plaintes sur le game design. Ca et son monde mystérieux où l’on ne sait absolument rien, avec la fascination comme le dégout qui en découlaient pour voir la suite des événements.


Mais de l'autre côté, son game design trop irrégulier et sa gestion des combats + difficulté vraiment mal foutue, font que le jeu va se montrer éprouvant par moment et feront peut être drop certains joueurs en cours de route.


C’est un parti pris et Scorn fait partie de ses œuvres dont seul le temps saura dire si c’est un chef d’œuvre malin malgré ses défauts, ou si l’ambition démesurée d’un studio indépendant pour ce type de projet avec un game design trop inégal, le fera sombrer progressivement.


Mais bon déjà, Scorn n’est pas Agony et c’est finalement plutôt un bon point !

NonoDudu31
6
Écrit par

Créée

le 17 oct. 2022

Critique lue 159 fois

1 j'aime

NonoDudu31

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