Que dire sur Sekiro qui n'ait pas déjà été dit ?
Oui c'est violemment dur. Le seul avantage que les pratiquants de jeux FromSoftware auront, c'est de savoir qu'il est sage de s'acharner, car la lumière est au bout du tunnel.
Jouer à Sekiro, c'est avoir confiance en les développeurs et penser qu'ils n'ont pas lâché dans la nature un mur infranchissable. Pour le reste, ceux qui ont pratiqué le Dark Soul ou le Bloodborne vont devoir très vite abandonner leurs reflexes d'esquive ou de bouclier (inexistant).
Le combat, coeur du jeu, est une question de rythme et de parade. Les réflexes sont moins sollicités qu'on ne peut le croire et les plages temporelles où l'on peut placer un contre sont finalement bien plus généreuse qu'on ne le craindrait. Passées les premières heures à se faire démonter, et à mourir des dizaines de fois sous les coups des premiers mini-boss, on commence à comprendre les vrais principes des affrontements.
Très interessant de lire à ce titre les vidéos en ligne expliquant comment se débarrasser de tel ou tel boss. On apprend par exemple que Genichiro (le même qui nous sépare de notre bras au tout début de l'aventure) offre un combat tutoriel, et ce après une trentaine d'heures de jeu (oui, je prends mon temps et je me suis pas très fort), qui permet de mieux comprendre le jeu.
Mais plus loin encore, d'autres boss vont montrer des patterns surprenant ou demander de casser des habitudes apprises. Il n'y a pas de méthode passe partout, mais chaque apprentissage reste.


J'ai pu refaire le début du jeu. Quel bonheur de sauter, tuer, s'infiltrer, et démonter les premiers boss sans prendre un coup, tout en fluidité et à toute vitesse, et ce malgré une barre de vie encore minime et aucune compétence spéciale !


Sekiro nous apprend à y jouer. Mais dans quel but ? Il y a une histoire, moins confuse que dans les autres titres de FromSoftware mais obscure quand même, et des décors et des zones à explorer très interessantes et très belle. Oui, il y a un vrai plaisir d'exploration. L'univers se modifie aussi tranquillement à mesure qu'on avance, les heures passent, la météo change. On s'améliore et on trouve des gadgets. Et on finit toujours par butter sur un adversaire plus coriace qui va nous tuer encore et encore. Et chaque joueur invétèré des Souls saura alors que la décharge d'adrénaline sera à la hauteur du nombre de tentatives pour démonter ce casse tête. On est dans un jeu d'addiction sans loot box et sans hasard.


Il y a autre chose de remarquable dans Sekiro. On y incarne un Shinobi, gracieux, aérien par ses sauts et son grappin, et c'est un vrai changement bienvenu comparé aux autres jeux de Miyazaki. Les combats peuvent être des merveilles chorégraphiques, rythmés par les clashs des épées, les gerbes de sang et d'étincelles. Mais cette maîtrise, on ne l'obtient que bien plus tard que chaque boss. Et il y a une position d'humilité à adopter dans ces premiers combats : se battre comme un chien, sans aucune beauté, en ayant recours à toutes les astuces et les coups fourrés de Ninja. Lancer des pétards aux pieds des boss, des poignées de cendre dans leurs yeux, prendre des sucres pour augmenter notre force de frappe ou notre capacité à encaisser les coups, se barrer pour reprendre de la vie... Bref, il faut accepter de gagner salement, pour aller plus loin, quitte à refaire ce combat parfait qu'on idéalise.


Sekiro nous apprend à jouer de manière laide, à "cheeser" comme on lira dans les forums anglais, afin de gagner du galon et devenir effectivement meilleur. Et ça, c'est déjà un leg interessant pour un joueur.

ur_best
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs jeux vidéo de 2019

Créée

le 11 juin 2019

Critique lue 489 fois

2 j'aime

1 commentaire

ur_best

Écrit par

Critique lue 489 fois

2
1

D'autres avis sur Sekiro: Shadows Die Twice

Sekiro: Shadows Die Twice
Joo-Hwan
9

Sekiwan no Ookami (隻腕の狼)

Les entendez vous ? Les 7 trompettes de From Software sonnent à l'unisson annonçant avec elles l'arrivée de la mort. Sa faux est aiguisée tel un sabre de grande qualité et ses apotres pullulent aux 4...

le 2 avr. 2019

49 j'aime

37

Sekiro: Shadows Die Twice
YvesSignal
10

De gifles et de crocs

Trente-deux heures. Il m'aura fallu trente-deux heures pour arriver aux crédits de Sekiro : Shadow Die Twice. Trente-deux heures en deux jours, pour être plus précis. Je viens de vivre une tranche de...

le 27 mars 2019

47 j'aime

22

Sekiro: Shadows Die Twice
Gaulois
9

Ceci n'est pas une critique, ceci est l'histoire d'un homme qui devint un homme meilleur.

NOTA : Petit ajout en bas de page, au 24.04.23J’aime les jeux-vidéo. Tous les jeux-vidéo. Les casuals, les moches, les beaux, les longs, les courts, ceux qui sont bien cons et drôles, ceux qui sont...

le 11 mai 2023

34 j'aime

36

Du même critique

Dark Souls
ur_best
10

Être méticuleux

Pour qui aurait adoré Demon's Souls, aucune hésitation: Dark Souls remplit son contrat à merveille. Nous voici en présence d'un jeu qui sort de l'ordinaire et procure des pics de satisfactions comme...

le 13 oct. 2011

15 j'aime

5

Katamari Damacy Reroll
ur_best
7

Imparfait mais indispensable

Je suis fou de Katamari. Le concept, le design, les musiques, l'univers et même le jeu, cette boucle de grossir, en amassant des objets, qui permettent d'en amasser encore plus, vient vriller tous...

le 2 mai 2023

14 j'aime

Vampire Survivors
ur_best
9

Plus profond qu'il n'y parait

Vampire Survivor... Sorti sur itchio, on pense de prime abord à une sorte de pachinko numérique, tant le jeu semble reposer sur la stimulation continue des circuits de récompenses, des boucles...

le 2 févr. 2022

13 j'aime