Make peace before I turn you into pieces
Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas joué à un bon FPS bourrin que je commençais à me demander si l'industrie se rappelait comment les faire. Avec ses hordes de monstres à buter à bout portant, ce reboot m'a comblé.
Vous incarnez Lo Wang, un yakuza à l'égo surdimensionné parti accomplir une mission pour son boss. La transaction tourne au vinaigre, et quelques démons viennent s'immiscer dans vos petites histoires inter familiales. Lo Wang pactise alors avec l'un d'eux, acquérant ainsi des pouvoirs surnaturels en plus de ses compétences et de son armement, qu'il pourra améliorer ensuite.
Et c'est parti pour botter des culs et mâcher du chewing gum en faisant tournoyer le katana au milieu de fantassins, à grand renfort d'esquives (pensez à celles d'Unreal Tournament, puissance dix). Shadow Warrior nous met en première ligne : on fonce dans la mêlée pour espérer toucher le plus grand nombre d'ennemis possible avec quelques attaques dévastatrices, là où d'autres jeux nous encourageraient plutôt à rester prudents en tournant autour du pack. Jubilatoire.
Les autres armes ne sont pas aussi efficaces en combat rapproché (le shotgun est correct mais manque de mordant) mais elles ont toute leur utilité, qu'il s'agisse d'abattre des cibles en plein vol, de lancer des bombes adhésives ou de neutraliser un kamikaze.
Le seul reproche que je pourrais faire au jeu concerne son level design, mais plus le temps passe, et plus j'ai l'impression d'être le seul à avoir aimé les cartes labyrinthiques de Doom 2. En l'occurrence, celles de Shadow Warrior sont très linéaires, avec un certain nombre de murs invisibles (on ne peut pas toujours grimper au-dessus de deux barrières identiques) et des ficelles si grosses qu'on finit par s'attendre à une arène après chaque point de non-retour. Malgré tout, il y a énormément de grandes zones ouvertes, de phases d'accalmie entre deux hordes (il y a même parfois des fausses alertes avec un ou deux monstres, histoire de soulager le joueur) et on ne rentre pas dans la routine des hordes systématiques (et chiantes) à la Serious Sam 2.
Du côté des environnements (par ailleurs très réussis), on y retrouve tout ce qu'on s'attend à trouver dans un film de série Z avec un samouraï has been et des démons cornus : docks, villa, forteresse nippone dominant les nuages...
J'ai terminé le jeu en deux sessions seulement, en totalisant tout de même une quinzaine d'heures. La difficulté est plutôt bien dosée, même si le mode difficile pardonne un peu trop de bourdes. En fait, à partir du moment où on peut se soigner sans contrepartie réelle, ça devient tout de suite plus facile. Les bossfights ne sont pas non plus hyper difficiles, puisqu'ils ont presque tous le même schéma d'attaque, basé sur seulement deux ou trois phases. Je n'ai pas grand chose à reprocher au bestiaire : il est peut-être un peu limité, mais suffisamment varié pour permettre quelques combinaisons vicelardes. La dernière arène en est la preuve.
L'ambiance de ce jeu est vraiment énorme, un curieux mélange de punchlines, de traits d'esprit auxquels on peut s'attendre de la part d'un type narcissique qui porte des ray-ban et cite du Rocky, avec de superbes cinématiques présentant un monde parallèle au bord du gouffre, avec une histoire tragique entre plusieurs divinités pour toile de fond.
En espérant que le reboot de Blood sera dans la même veine.