La persévérance de WayForward Technologies a finalement payé. Le premier Shantae est sorti discrètement sur la Game Boy Couleur, alors que la Game Boy Advance avait déjà un an, son insuccès aurait pu sonner le glas de la franchise. Mais le studio a tenu bon, développant son petit bébé avec plusieurs suites.
Pour ce Shantae: Half-Genie Hero, ce sont même les particuliers qui ont été conviés à mettre la main au porte-feuille pour financer le jeu. Les 400 000$ demandés seront obtenus, et même un peu plus. Le générique les remercie, tandis qu’une galerie de fans dans le jeu est remplie de dessins rarement réussis mais qui témoignent d’une certaine affection pour la série.
L’univers ne change pas. Shantae baigne toujours dans un univers des Mille et une nuits avec quelques pointes de steampunk, coloré et consensuel, à l’esthétique assez cartoon. Le ton est détendu, la menace jamais angoissante, avec quelques traits d’humour pour divertir le public. Le personnage principal, Shantae, donne son nom au jeu, une génie assez peu habillé (et ses amies aussi mais sans que cela ne fasse trop vulgaire), à l’enthousiasme aussi pur qu’un héros de shonen.
Le scénario n’est guère important, avec une suite d’événements pour guider la progression, sur la base de demandes d’untels qu’il faudra réussir pour pouvoir avancer. Le prétexte intriguant du début ne sera rappelé et utilisé qu’à la fin.
La formule ne change pas. Shantae est proche de ce qu’on appelle un Metroidvania, soit un jeu d’action et d’aventure, mais en version light. L’héroïne combat avec ses cheveux, peut acquérir de nouveaux mouvements et autres possibilités offensives mais surtout peut se transformer en différents animaux ou créatures mythologiques.
Chacune de ces transformations offre de nouvelles possibilités : le crabe peut aller sous l’eau, la souris se glisser dans les interstices, la chauve-souris voler (en ligne droite), etc. Toutes ont une allure très choupi.
Une nouvelle fois, la série pioche chez le maître Wonder Boy III: The Dragon's Trap. Ces transformations animalières s’emploieront pour la suite de l’aventure, mais débloquent aussi de nouveaux passages, parfois facultatifs mais toujours récompensés, mais aussi obligatoires.
Le jeu demande donc d’être vigilant sur son environnement, de bien étudier ce qu’il est possible de faire et surtout ce qu’il n’est pas encore possible d’atteindre. Il faudra revenir dans les niveaux pour débloquer une nouvelle partie et récupérer l’objet indispensable à la suite.
Observation et exploration sont donc très importants dans Shantae. Si dans celui-ci le tout est assez simple et abordable, tant qu’on reste vigilant, il implique des allers-retours. Il y a quelques déconvenues. Les niveaux sont constitués de plusieurs zones, il n’est pas possible de choisir de base celle qu’on désire (mais il sera plus tard possible de sauter à la suivante, même si ce sera par un dispositif guère pratique). Et il y a bien sur des tentatives qui se solderont par un échec, ce n’est pas encore la bonne transformation, il faudra revenir.
Cependant, la satisfaction est tout de même assez grande, la frustration légère. Les zones ne sont pas trop étendues, ce qui facilite la mémorisation, et les nouvelles transformations facilitent certains passages qui étaient ardus sans. L’exploration est récompensée. Les possibilités sont assez évidentes, hormis celle de la souris qui peut passer à travers un certain décor, mal identifiée. Il y a même un système d’indices. La satisfaction est tout de même bien plus réjouissante quand on comprend ce que telle nouvelle capacité permet de débloquer dans un niveau précédent.
Le jeu n’est de toute façon pas très long, ce qui est à la fois une qualité, nous permettant de le mémoriser plus facilement, mais aussi un défaut, c’est tout de même bien court. Le jeu manque hélas de contenu, en plus d’être assez permissif dans sa difficulté. Quelques passages s’apparentent même à des mini-jeux, et ce sont pas les plus intéressants.
Plusieurs extensions sont sorties pour le jeu, évidemment payantes. La version « Ultimate edition » les rassemble.
Premier Shantae développé pour les consoles dites de nouvelle génération, celui-ci troque sa 2D pixellisée toute mignonne pour un univers toujours en deux dimensions mais composée d’illustrations HD et de modèles en 3D. L’esthétique reprend celle réussie du précédent, notamment dans les illustrations des personnages quand ils conversent, mais ce quatrième jeu offre un rendu pleinement cartoon, rond, aux couleurs franches.
La bande son de Jake Kaufman est d’ailleurs excellente, riche et entraînante, ses mélodies collent aux oreilles assez longtemps.
Alors, oui, il faut bien l’avouer, ce Shantae ne révolutionne rien, ni sa licence, ni le monde du jeu vidéo. Le jeu semble même un peu trop remercier les fans de leur engagement financier, les personnages précédents reviennent, les boss sont les mêmes, avec quelques allusions un peu trop évidentes dans les conversations. C’est une petite pause récréative qu’il offre, avec son univers attrayant, son esthétique réussie, sa faible difficulté. Le tout est bien enveloppé mais tout de même un peu chiche.