Le remaster du diable

Toujours très frileux de sortir ses jeux du studio Atlus en version française en occident, Sega commence doucement à se dérider. Après le petit succès de Yakuza: Like a Dragon et de Persona 5 Royal, l’éditeur japonais a annoncé l’arrivé de Shin Megami Tensei V accompagné d’une traduction française. La série des Shin Megami Tensei n’avait plus eu de version française depuis le troisième opus, et c’est précisément celui sur lequel je vais m’attarder aujourd’hui à travers ce test.

La grande franchise des Megami Tensei a accouché de très nombreux spin-offs dont le désormais très célèbre Persona. Shin Megami Tensei (SMT) fait partie intégrante de cette grande famille et reste un peu moins connu par chez nous. Et ce, même si la série des SMT peut désormais être considéré comme l’univers principal actuellement.

Si comme moi, vous ne connaissez pas la série des SMT, mais que vous aviez adoré Persona 5 Royal, vous avez surement regardé d’un œil curieux l’arrivée du remaster de ce troisième épisode. L’ambiance ultra colorée et jazzy de Persona 5 vous a tellement happé que vous avez besoin de votre dose de jeu Atlus ? Catherine Full Body, des mêmes créateurs, a été un bon remontant, mais maintenant vous voulez passer aux choses sérieuses ? Shin Megami Tensei III est peut-être ce qu’il vous faut MAIS attention. L’ambiance très colorée et “bon enfant” de Persona 5 ne ressemble en rien à ce que SMT III propose. Dites au revoir à la musique décomplexée et dansante et dites bonjour à l’angoisse et la désolation des notes lancinantes de Shin Megami Tensei III. Pourtant, cette musique n’a rien à envier à l’univers jazz de P5 tant elle excelle également. D’ailleurs, le compositeur de l’OST, Shoji Meguro, est également l’auteur des musiques que nous retrouvons sur de nombreux Persona et sur Catherine.

La grande similarité avec P5R que nous avions pu apercevoir dans les trailers, ce sont bien évidemment les personas. Dans le monde de SMT, ils se prénomment démons. Vous retrouverez une belle poignée de vos anciens camarades de combats. Vous pourrez les capturer en discutant directement avec eux lors des combats à travers des échanges un peu moins élaborés que dans Persona. Cela ne volait déjà pas très bien haut avec la bande de Joker, ici, c’est pire et tout semble bien trop aléatoire. Le système de fusion existe aussi, à vous le plaisir du sacrifice afin d’invoquer un démon plus puissant que le précédent.

Le système de combat se rapproche également de ce qu’on connait dans les classiques du genre. Les affrontements se déclenchent de manière aléatoire, s’ensuit alors une phase au tour par tour. Tout est une question d’affinité et de point de faible à la manière d’un Pokemon. À l’inverse de P5, les points faibles ne s’affichent pas ostensiblement même si vous les avez découverts. D’ailleurs, si vous débarquez de Persona 5 Royal, vous remarquerez rapidement que SMT III offre une aventure beaucoup plus dure que son benjamin. Les dégâts ne pardonnent pas et la moindre erreur signe votre arrêt de mort. Aucun tuto clair et évident ne nous indique quoi faire, tout s’apprend sur le tas ou par le biais de discussion cryptique avec les démons. N’oubliez pas de sauvegarder dès que possible, sinon vous risquez grandement de recommencer de longues parties avec un air de déjà vu… Et oui, c’est rageant. Et si toute cette difficulté vous rebute, un DLC téléchargeable vous donnera l’occasion de profiter d’un mode facile afin de profiter de l’histoire.

Comme une belle flambée de Remaster, SMT III ne fait pas exception, nous sommes ici sur le minimum syndical. Même si quelques modèles 3D ont été retravaillés, les cinématiques ne profitent pas du même sort et piquent littéralement les yeux. Même constat pour le travail sonore restituant une belle compression d’époque qu’on se croirait au début des années 2000, ça fait mal aux oreilles, mais ça a pourtant son charme. Heureusement, le jeu profite de l’ajout d’un doublage en anglais et en japonais, et ça pour le weeb que je suis, c’est incroyablement cool.

À travers son aura sombre, l’histoire de SMT vous permettra de choisir différentes fins sous couvert de débats philosophiques sur le monde d’après. Cela peut paraître ronflant et dans un sens ça l’est. Les thèmes matures du jeu ne sont pas forcément destinés à toutes et tous et il faut savoir dans quel univers vous embarquez. Le tout se montre pesant, angoissant et impossible de ressortir d’une partie avec la niac.

Ce remaster de Shin Megami Tensei III ne s’adresse pas à tout le monde. Même si Atlus a su vous convaincre avec Persona 5 Royal ou encore Catherine, il faut bien garder en tête que SMT est un jeu bien plus sombre et angoissant. Il sera nécessaire de posséder des nerfs d’acier afin de réussir à visionner les différentes fins, comptez au moins 40-50 heures pour y parvenir. À travers ses thématiques et son univers, SMT 3 aborde des visions philosophiques pouvant paraître pompeuses. Mais avant tout, le jeu se savoure par son ambiance unique et ses musiques lancinantes.

Test dispo sur www.nextplayer.fr/test-shin-megami-tensei-iii-nocturne-hd-sur-nintendo-switch/