Qu’il s’agisse de la radicalité du game design, de la brutalité des affrontements, des bruitages intimidants et percutants qui résonnent à chaque attaque et utilisation de compétence, des dialogues concis et lourds de sens, de l’inhospitalité du Vortex, de l’hostilité des humains et des démons qu’abrite ce monde, de l’esthétique sombre et froide, des environnements vides mais pourvus d’identité, ou encore des musiques qui se montrent pesantes ou oniriques pendant les phases d’exploration et agressives pendant les combats, tous les éléments qui composent Shin Megami Tensei III se conjuguent pour procurer une expérience singulière que peu d’autres titres peuvent se vanter de faire vivre. Il est cependant possible de rapprocher ce jeu de Dark Souls, car ils partagent des points communs qui sont évidents pour certains d’entre eux, tandis que d’autres relèvent davantage de l’interprétation personnelle. Dans les deux cas, le protagoniste erre dans un monde ravagé dans lequel les survivants humains sont rares. Pour vaincre les redoutables ennemis auxquels il est constamment confronté, vous devez comprendre et maîtriser un système de combat qui se montre généralement juste (bien que la RNG occupe une place plus importante dans le titre d’Atlus que dans celui de From Software) et qui exige de savoir utiliser convenablement ses mécaniques de jeu. L’univers est prisonnier d’un cycle qui menace de se répéter éternellement, et le protagoniste peut choisir de préserver ces lois en apparence immuables ou de les transgresser. L’hostilité omniprésente et la crainte permanente de subir une défaite peuvent rebuter de nombreuses personnes. Or, s’il est indéniable que ces deux jeux présentent une difficulté plus élevée que de nombreux autres RPG, celle-ci est également largement diabolisée, au point qu’ils sont perçus à tort comme des œuvres élitistes qui seraient prétendument réservées à des joueurs chevronnés. En parallèle, ces dernières années en particulier, les modes faciles de nombreux titres diminuent la difficulté de façon si excessive qu’ils peuvent potentiellement nuire au game design en rendant caduques la compréhension et l’utilisation des mécaniques de jeu, mais également à l’ambiance en annihilant la cohésion qui unit les différents éléments composant le jeu concerné. Cette tendance a également affecté Shin Megami Tensei III Nocturne HD Remaster, dont l’un des contenus téléchargeables neutralise le moindre obstacle que le titre cherche à vous opposer. Pourtant, il n’est pas nécessaire d’aimer la difficulté dans les jeux pour comprendre l’intérêt que celle-ci peut revêtir et en quoi elle peut enrichir l’expérience. En effet, dans Shin Megami Tensei III, les périls dont regorgent les environnements traversés et que représentent les ennemis affrontés renforcent la crédibilité de l’univers et de son background, et contribuent ainsi à la cohésion formée par les éléments susmentionnés. Sans cette difficulté surmontable mais indéniablement présente, le monde sombre et hostile du Vortex ne serait pas aussi convaincant et cohérent, tandis que l’expérience radicale que le jeu cherche à vous faire vivre ne serait pas aussi intense et marquante. Enfin, il est possible de lire dans Shin Megami Tensei III un message similaire à celui que de nombreuses personnes ont décelé dans Dark Souls, et qui est corroboré par les propos de Hikawa lorsqu’il explique pourquoi Yuko ne parvient pas à développer sa Raison: la nécessité de ne pas perdre espoir et de faire preuve de détermination face aux difficultés rencontrées pour parvenir à accomplir son objectif. Les protagonistes de nombreux RPG japonais comprennent au fil de leurs aventures qu’ils doivent adopter cet état d’esprit s’ils veulent atteindre leur but respectif, mais une difficulté mal équilibrée (si elle contraint à faire du level up) ou trop faible empêche les joueurs de se sentir réellement impliqués dans les efforts que leurs personnages doivent fournir pour surmonter les écueils auxquels ils sont confrontés, ce qui réduit considérablement l’impact et la portée de l’éventuel message sous-jacent, quand ce dernier ne passe pas inaperçu car il semble concerner uniquement les êtres fictifs qui sont au centre du récit, et non les individus qui se tiennent de l’autre côté de l’écran. À l’inverse, Shin Megami Tensei III teste aussi bien la volonté du Demi-Démon de décider de l’avenir du monde qui est sur le point de renaître que la vôtre, en vous confrontant directement aux obstacles qui entravent sa progression, comme pour mieux vous faire ressentir l’intensité des périls auxquels il fait face. Son salut ainsi que vos chances de réussite dépendent alors essentiellement de votre maîtrise du système de combat.
N.B. Comme l'éditeur de texte de SensCritique refuse de publier mon article en entier, cet avis comporte uniquement la conclusion. Vous pouvez consulter l'article complet sur mon compte Medium à l'adresse suivante:
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