On m'a souvent vendu Silent Hill 1 comme le jeu le plus effrayant de la PS1, encore plus que Resident Evil 1 sorti quelques années auparavant. Pourtant, le gameplay de Silent Hill 1 est aux premiers abords beaucoup plus permissif : le nombre de sauvegardes est illimité, l'inventaire infini, les munitions et objets de soin plus nombreux, et le jeu se paye même le luxe de donner de bonnes alternative au corps à corps, ce qui facilité grandement le combat. Le rendu en full 3D, chose que Resident Evil ne fera qu'à partir de l'épisode Code Veronica sur la génération suivante, rend également le jeu plus accessible (bien que les contrôles type "tank" soient toujours présents) et ouvert que ses cousins de chez Capcom. Mais alors, pourquoi tout cette hype autour de Silent Hill ?
Le mot qui résume le mieux Silent Hill est, je pense, "malsain". Exit les destinations pittoresques des jeux Resident Evil, notre protagoniste se promène dans des écoles, hôpitaux et parcs d'attractions abandonnés, au sein d'une ville fantôme prise d'un épais brouillard. L'habituel devient cauchemardesque, l'hôpital se peuple d'infirmières criminelles, le sol se change en grillage, les murs sont comme tâchés de sang, la géométrie n'a plus de sens, particulièrement dans la dernière zone qui est un mélange de plusieurs salles de niveaux précédents. Comme dans un rêve, le scénario se déroule aussi de manière bizarre, notre personnage principal cachant au joueur même des éléments importants de l'intrigue jusqu'à la fin du jeu (et ce ne sera pas la dernière fois que cela se produit dans cette série), et les acteurs disant leurs lignes de dialogue sur un ton presque détaché.
C'est peut-être aussi ce qui nuit au jeu. Vouloir faire de l'"horreur psychologique", c'est bien, mais quand la technologie ne suit pas, on se retrouve face à des zones assez répétitives, sans grande variation visuelle. Une fois la zone de l'hôpital finie, le jeu est déjà presque à bout de souffle, et les dernières zones s'enchaînent rapidement jusqu'au patchwork du dernier niveau déjà mentionné. Le caractère presque monolithique de notre cher Harry Mason, à la recherche de sa fille Cheryl à tout prix et ne semblant broncher devant aucune difficulté, peut aussi mettre à bout la patience de certains joueurs.
Mais il y a, parmi cette monotonie, des moments que l'on n'oubliera jamais. Le quatrième étage de l'hôpital. L'énigme du piano. La première fois qu'on passe du côté du cauchemar. Le manège. La scène d'adieu déchirante de Lisa Garland, qui combine le meilleur de ce que le jeu a à proposer : musique d'Akira Yamaoka, FMV toujours aussi convaincante, point d'orgue de la narration du jeu, et qui vaut largement toute l'errance qui y a conduit.