Ce qu'il existe de remarquable dans la création de l'horreur est qu'une fois magnifié dans un travail de recherche, cette dernière change de nature dans sa retranscription sur le média pour simplement devenir un imbroglio d'émotion, un langage universel, regroupant coup sur coup, tragique, psychologique et mystique, la frontière s'amincissant dans un brouillard qui lui s'épaissit...Bienvenue dans Silent Hill 2, là où quelque part, un jour quelconque, un homme comme vous et moi, s'est dit, après avoir reçu une lettre écrite par sa femme, qu'il la retrouverai, elle, qui est pourtant morte d'une maladie grave il y'a de ça trois ans...
Jouer à Silent Hill 2 est une chose tant envoûtante qu'étrange puisque derrière cette introduction sur la vue d'un lac recouvert d'une légère brume, se soulève un questionnement (qui vous à d'ores et déjà traversé l'esprit) pourquoi partir à la recherche d'une personne que l'on "sait" morte ?...C'est absurde, irrationnel et pourtant...
Ici tout semble découlait d'un rêve où l'on s'aurait dire où se situe la frontière entre le réel et l’irréel, telle la ville énigmatique de Silent Hill qui, avant même d'être visible, est introduite dans l'histoire par l'image des rêveries de la femme défunt dans la lettre écrite par cette dernière. Ou encore telle cette épaisse brume signifiant tant la perte de repère que l’inespérance dans la recherche de ce qui nous parait sans cesse éloigner de nous même. Tout semble être à mi-chemin entre le "dérangeant" et le "prophétique" puisque quand l'univers lugubre de Silent Hill communique avec "James Suntherland" , c'est sur les murs qu'il écrit ses mises en gardes, et c'est sur le sol que notre héros ramasse une série de feuille, éparpillé, retraçant le parcours horrifique auquel du faire face le cadavre alors à ses pieds. L'univers interroge sans cesse.
Le scénario hérite d'inspiration telle que le roman Russe "Crime et Chatiment" de l'auteur Dostoievski et le film d'Adryan Lyne "L'échelle de Jacob" (qui inspira d'ailleurs toute la saga de Silent Hill). A côté, le tout est magnifiquement enrobé par l’habillage sonore de Akira Yamaoka, qui réalise ici la bande son dont il déclare être le plus fier (ce qui, au vu du génie du personnage, est plus qu'encourageant au premier abord) et par le travail sur l'esthétique de Masahiro Itō qui s'inspira notamment des œuvres du peintre Francis Bacon.
L'ensemble offre aux mirettes et aux esgourdes un résultat fascinant qui jongle habilement entre atmosphère pesante, mélancolique, dramatique et horrifique. La ville offrant un décalque pure et simple des démons enfuit au plus profond de nous.C'est un des rares jeux qui essaye de saisir l'essence de ce que nous sommes, de saisir les instants perdus et les regrets et d'en faire à la fois quelque chose d'intimiste et universel.