Je ne te remercie pas, démon !
Dans une vie entière, difficile de ne pas tomber sur des oeuvres (oui, des oeuvres) qui nous marque inlassablement, viscéralement. Silent Hill 2 fait partie de celle là.
Je n'ai strictement rien oublié. Partie historique : Ma Playstation 2 dans son carton, fraîchement apportée par la Poste, avec en prime un lot de jeu totalement craqués, sans boîte de jeux, avec une pochette à disque cassée et à la jacket imprimée en noir et blanc. Au milieu de ses jeux là, Silent Hill 2, qui ne payait pas de mine en plus, j'ai mis plus d'un an avant de le remarquer. Cependant, les autres jeux défaillants, mon choix s'est tourné plus ou moins naturellement vers ce petit jeu qui m'était totalement inconnu, dont je n'avais jamais entendu parler, obscure à mes yeux juvéniles de gamin de 12 ans encore candide de la vie. Situation aussi imposante et fortuite que la claque que je me suis pris dans la gueule, littéralement.
Speech de départ ? D'un glauque absolu : plus je m'enfoncais dans l'histoire, plus j'engageais l'aventure avec notre héros, plus je descendais aux confins de l'enfer. J'ai tout simplement subi l'histoire avec le héros, j'ai strictement rien compris à ce qu'il m'arrivait tout comme lui, mais cela arrivait avec une puissance mystificatrice.
Je ne m’étendrai pas à parler du gameplay, c'est un survival horror à la troisième personne, déjà bien bien oldshool en sa substance, rempli de beug, avec une direction lourde au possible, au graphisme moisi (donc parfaitement dans le ton du jeu donc parfait) mais diablement efficace.
Ce jeu a changé ma vie, oui je suis un kikoo de Silent Hill 2, je serai prêt telles les spectatrices lors d'un concert de feu Tokyo Hotel à me déhancher et à hurler pour toi, saloperie de jeu. Car tu es d'une des ambiances les sordides, les plus morbides, on pense à toi avant de s'endormir, on se pose des questions, en tout cas pour ma part. J'ai eu beaucoup de mal à finir le jeu, premièrement parce que je n'osais pas allumer la console pour y jouer, alors qu'extrêmement paradoxalement je prenais un plaisir fou à continuer l'aventure, à transpirer d'angoisse et d'incompréhension vis à vis des personnages, tous remarquables. La transformation de l'hôpital puis de l'hôtel de la plage en "version glauque" sont vraiment malsaines, malheureusement pour ma surprise je n'ai pas pu m'empêcher d'aller me spoiler les niveaux, ce qui m'amène à mon "deuxièmement".
Deuxièmement, autre paradoxe, je voulais vraiment finir le jeu tout en ne le voulant pas. Je m'explique : j'avais vraiment envie d'aller au bout du jeu, le finir le plus rapidement possible, néanmoins, Silent Hill 2 prend son temps dans l'histoire, obligeant le joueur à rester un maximum de temps devant son écran. Le niveau du labyrinthe oblige à faire d'incessants aller-retour, marcher dans la ville pour trouver son chemin peut vite vous perdre vu parfois le manque d'indication.
Outre l'univers génial du jeu, c'est les situations dans lesquels il nous met qui sont intimement horribles, avec une fin en apothéose portant l'estocade à son paroxysme. Pour preuve, je n'ai pas pu la finir tout seul. Des jeux qui continuent de vous hanter une fois la manette posée, il n'y en a pas beaucoup, mais celui-ci en fait définitivement partie.
J'ai tenté de refaire le jeu une seconde fois pour voir les autres différentes fins, mais je me suis arrêté. Je ne pouvais pas, simplement.
Si j'avais l'occasion de parler de Silent Hill 2 pendant une journée, je le ferai. Mais il est temps pour moi de raccrocher. En tout cas béni soit Konami d'avoir sorti une bombe pareille, qui marque tout le monde (quand je regarde les avis de SensCritique) : c'est un CHEF D'OEUVRE