Autre game designer de génie aux côtés d'un Sid Meier, Will Wright signait en 1989 Sim City, miraculeusement sorti indemne de son portage sur Amstrad CPC l'année suivante ; ce classique marquait l'acte de naissance du 'city builder' (et du système de zonage RCI - résidentiel / commercial / industriel - largement pérennisé depuis, avec parfois l'ajout d'une zone spécifique aux bâtiments publics). Il s'agit d'un jeu de gestion de ville où s'exprimait déjà l'intérêt fondamental de Wright pour les jeux bac à sable, où le joueur se fixe lui-même ses propres objectifs, tout en étant tributaire de contraintes ludiques pour y parvenir, ici les règles de développement et de fonctionnement de la ville. Sim City propose rien de moins que de bâtir sa propre cité à partir de rien, pour le seul plaisir de voir celle-ci grandir et prospérer. Le jeu permettait aussi une approche plus orientée gestion sous forme de scénarios mettant le joueur aux prises avec une ville déjà bâtie et en proie à des difficultés dans certains domaines.
Il est surprenant de voir qu'un jeu aussi ambitieux soit arrivé sur Amstrad CPC sans plus de concessions - même si la partie graphique restait vraiment sommaire au regard des autres versions (ce qui retirait un peu au plaisir de voir sa ville grandir), la zone de jeu forcément limitée et l'absence de souris regrettable. J'ai passé un nombre incalculable d'heures sur SimCity, à bâtir des mégapoles jusqu'au moment toujours jouissif de faire tabula rasa et d'envoyer une succession de calamités sur son œuvre. La série a ensuite connu des fortunes diverses, s'enrichissant au gré des épisodes successifs (et apportant une richesse architecturale particulièrement bienvenue dans la représentation de sa ville) mais parfois au prix d'une complexité un peu absconse. Sim City 4, sorti en 2003, constitue sans aucun doute l'apogée de la série avant que Maxis, passé dans l'intervalle dans le giron d'Electronic Arts, ne saborde celle-ci avec le SimCity calamiteux de 2013. Un curieux spin-off est sorti en 2007, SimCity Sociétés, qui délaissait complètement la gestion urbaine au profit d'une approche sociale assez peu convaincante.