Solar Ash est la suite spirituelle de Hyper Light Drifter auquel je n'ai pas joué, mais dont le pixel art m'avait beaucoup plu à l'époque. Les quelques trailers de Solar Ash et les critiques enthousiastes m'ont donné envie de m'élancer dans ce titre.
Au départ, j'ai trouvé la prise en main fastidieuse. Comprendre le lvl design, saisir les contrôles demandent un peu de temps d'adaptation. Mais une fois l'avatar bien en main, on s'élance à coup de gâchette comme une balle de revolver à travers les espaces du jeu. Il y a un plaisir de la vitesse, à faire du patin dans le désert et à se propulser d'un bout à l'autre des maps morcelées.
L'héroïne traverse une planète en décomposition : les mers sont acides, les anomalies à détruire ressemblent à du mazout, les champignons seuls survivent et les quelques survivants qui errent sont presque fous. Mais les levers de soleil apocalyptique sur un monde disloqué aux couleurs vives et saturées, et les modèles smooth tout en aplat de couleurs contrastent avec la corruption qui s'étend un peu partout.
Le jeu est parfois abrupt, injuste, dur. Les placements des caméras sont vicieux et les timings serrés. Il n'a pas le polish coûteux en temps et en ressources des triples A mais j'aime toutes les prises de risque de Solar Ash et le résultat un peu brouillon de l'ensemble me plaît beaucoup.
Et tel un nanocleaner, notre mission est de nettoyer les mondes polluées, à coup de frappes chirurgicales, vraiment : c'est en explosant les seringues disséminées sur les corps des géants que notre avatar trouve leurs points faibles qu'elle transperce d'une aiguille. Un vrai petit moustique. On ramasse des gouttelettes de sang et on circule sur des corps gigantesques pour les "piquer" jusqu'à les détruire.
Aux lentes et fastidieuses ascensions des colosses de Shadow of the Colossus sont substituées les méticuleuses chorégraphies aériennes des combats contre les titans de l'attaque des titans. L'héroïne slalome sur toute l'étendue des "vestiges"/colosse, des pieds à la tête, transformés le temps du combat en grand skatepark. Mais de Shadow of the Colossus, Solar Ash conserve le déroulé narratif : d'anomalies massives qui bouchent les paysages, les colosses deviennent, à mesure que nous les détruisons, des créatures majestueuses, sensibles, de véritables vestiges qui questionnent le bien-fondé de nos assauts. À la différence qu'au silence religieux de SoC, Solar Ash préfère nous mettre entre les mains un avatar bavard qui souhaite faire du mieux qu'elle peut pour sauver ce monde et ses habitants.
J'ai trouvé l'histoire un peu bancale, avec tout le vocabulaire SF un peu grandiloquent à base d'ultravide, d'antimatière et de graine d'étoile qui ne m'a pas beaucoup touché. Les personnages secondaires sont bien travaillés mais anecdotiques et une fois les enjeux compris, l'histoire a eu de la peine à m'accrocher.
Elle se conclue à la "Melancholia", tendance renoncement. Finalement, la solution au démantèlement du monde, l'espoir de "revenir en arrière" est évidemment une illusion. Un nœud gordien dont la solution, radicale, consiste à lâcher prise. Plus question de fuir, de résister, plus question de jeter un regard en arrière. On termine les bras ballants, résigné, à contempler le monde en miette qu'on vient de pulvériser pour espérer reconstruire derrière.
Même si j'ai beaucoup de sympathie pour la mélancolie, j'ai trouvé la fin un peu dur à encaisser. Mais c'est un excellent jeu, plein de bonnes idées bien exploitées et réalisé avec soin.