Force est de constater que les jeux se succèdent sans se ressembler chez Ubisoft. Entre les titres produits par des gens qui préféreraient réaliser des séries télé (Watch_Dogs), ou ceux créés par des employés qui préféreraient prendre des vacances (Far Cry 4), l'on a maintenant droit aux jeux dessinés à la main sur ordinateur par des créateurs qui ont certes fait les beaux arts mais n'ont jamais vraiment aimé le jeu vidéo. C'est dans cette case particulière que vient s'insérer Soldats Inconnus : Le Jeu Au Titre Déjà Trop Long Après Environ Deux Mots.
L'idée de réaliser un jeu commémoratif de la Première Guerre Mondiale est déjà assez bizarre en soi. Le fait qu'il soit un puzzle-game d'aventure payant dépourvu de gameplay rend tout l'exercice assez surréaliste. Mais il faut comprendre d'où pareil projet peut bien venir avant de lui jeter la première pierre. Puis la seconde. Puis le reste de la carrière. Ce titre est chapeauté par Julien Chevalier, un homme sans talent particulier responsable entre autres de l'excrémentiel jeu tiré du dernier film Tintin. Déjà, c'est mauvais signe. Il est aussi connu pour avoir collaboré au level-design des opus modernes de la série Rayman. Le type sait visiblement créer un niveau; mais un jeu?! J'ai mes doutes. La preuve. Soldats Inconnus : Etc. Un titre qui se paye le double luxe d'avoir comme producteur l'homme responsable de Virus : It Is Aware chez Cryo Interactive. Soit, Bruno Galet; un type qui sait ce qu'il faut pour réaliser les pires jeux de l'histoire de l'humanité. Demandez-lui comment c'était de créer Hellboy : Night of the Dogs. Je suis certain qu'il en deviendra vert.
Avec pareille équipe, cela n'a rien de surprenant de constater que l'intégralité de ce titre n'est qu'une longue course pour faire le tour de niveaux minuscules à la recherche de l'action à réaliser. (Souvent un QTE ou l'une des trois énigmes répétées ad-nauseam car c'est bien là le niveau du "game-design".) Mais... le jeu fonctionne malgré le fait qu'il n'en est pas un. Du moins, jusqu'à un certain point : celui de l'esthétique. C'est sans aucun doute le jeu le moins laid réalisé par Ubisoft ces dernières années. Okay, d'accord, cela n'a pas le niveau de génie artistique de la bande-dessinée Belge. Mais, pour une pâle imitation réalisée dans le Sud, cela s'en sort pas trop mal. Pour peu que cet artifice graphique vous plaise - et que vous ayez envie de jouer à un non-jeu pour briser la monotonie de toutes ces expériences amusantes que vous vivez au quotidien par le truchement de vos machines vidéoludiques - vous pourriez avoir envie d'essayer Soldats Inconnus : Le "Jeu" Réalisé Pour Faire de l'Argent Sur Une Tragédie.
Maintenant, si vous voulez un jeu doté des mêmes qualités graphiques et qui peut se permettre de ne pas transformer l'une des tragédies les plus pathétiques de l'histoire de l'humanité en un ludiciel joli mais d'un ennui mortel vous pourriez acheter South Park : The Stick of Truth. C'est un jeu. Et je suis certain que le fait qu'il soit aussi chez Ubi flatte votre fibre pas trop éthique. Euh, je veux dire patriotique. Après tout; c'est le but non? Transformer un conflit tragique en une gigantesque machine à flatter l'égo des français.