Nous n'avons pas le droit d'oublier

Faire un jeu sur la guerre, et non de guerre, là est toute l'originalité d'Ubisoft Montpellier. Alors que depuis quelques années, j'étais fâché avec la boîte franco-québécoise, ce titre m'a fait reprendre espoir et me fait penser que le jeu vidéo peut devenir de l'art quand il le veut.
Mais Soldats Inconnus, c'est quoi?
L'histoire se déroule pendant la Première Guerre mondiale, où l'on suit Emile, un français enrôlé de force, Freddie, un américain qui rejoint la légion étrangère, Anna, une infirmière belge à la recherche de son père scientifique capturé par les allemands, Karl, le beau-fils d'Emile, un allemand qui sera obligé de quitter sa famille pour défendre son pays et enfin Walt, un chien allemand qui viendra en aide aux protagonistes. Le destin de ces personnages se croisent et s'entrecroisent au fur et à mesure de l'aventure. L'histoire fait clairement parti de l'une des forces du jeu, elle est très intéressante et la montée en puissance progressive jusqu'à la dernière heure du jeu nous poussera à continuer à jouer pour en connaître le dénouement.
La guerre est très bien retranscrite, ses horreurs nous sont montrées sans nous dégoûter (on ne tue personne, on n'y voit jamais de sang ect). Pourtant, les gars d'Ubisoft ne se sont pas interdit quelques touches d'humours qui apporte beaucoup de fraîcheur dans l'univers lugubre de la guerre. On comprend toute la dureté de celle-ci grâce notamment au moteur graphique franchement impressionnant d'Ubisoft qui donne un style "BD" très appréciable. En effet, la patte artistique retranscrit très bien l'enfer de boue dans lequel vivaient les soldats et la violence des escarmouches. Historiquement parlant, pas grand chose à reprocher au jeu, les événements du l'histoire, les objets à ramasser et les petits articles à lire rendent compte clairement de la guerre, du quotidien des soldats, dans quelles conditions ils étaient obligés de vivre pendant 4 longues années (pour ceux qui ont réussis à survivre) et arrivent même parfois à nous en apprendre plus que nos cours d'histoire du lycée.
La bande-son, elle aussi, est très sympas, les musiques font le job mais ce qui attire l'attention c'est bien sûr le travail fait pour les voix qui, pour un francophone, sont juste géniales, avec l'accent "campagnard" d'époque. On s'amuse à essayer de deviner ce qu'ils disent, et même si on n'y arrive pas tout le temps, ça reste toujours facilement compréhensible (notamment grâce à des émoticônes tel qu'un cœur ou les gestes des personnages).

Pourtant, le jeu pêche à certains endroits. Notamment son gameplay qui montre rapidement ces limites. Tout d'abord, le jeu est d'une facilité incroyable, est-ce vraiment un défaut quand on sait que le but du jeu n'est pas là, je ne sais pas, mais tout de même j'aurai aimé un peu plus de challenge. Mais surtout on atteint vite les limites des minis-jeux proposés par Soldats Inconnus. Au bout de 3 heures de jeu, on se retrouve tout le temps face aux même situation. Cela devient vite pénible et alors qu'on veut juste savoir la suite de l'histoire, le jeu coupe le rythme de manière assez maladroite avec des puzzle devenant à la longue ennuyant.
Enfin, alors que le jeu est très juste dans sa critique de la guerre, il se montre étrangement manichéen à certains moments. On se demande pourquoi tous les supérieurs/gradés sont des c*nnards usant abusivement de leurs pouvoirs?

Au final, Soldats inconnus est l'un des jeux m'ayant le plus marqué ces dernières années. Peut-être parce qu'il a touché ma fibre patriotique. Que 7 alors? Je pense qu'il serait mieux passé en dessin animé. Artistiquement superbe, avec une histoire passionnante et touchante, le titre d'Ubisoft a pour défaut d'être rapidement inintéressant en tant que jeu. Pourtant je ne peux m'empêcher de conseiller Soldats Inconnus, il mérite tellement plus de médiatisation qu'il n'en a eu parce qu'il est clairement (à mes yeux) ce qu'Ubisoft a offert de plus intéressant en 2014.