Les autres sont fous. Le monde est fou. Ou peut-être que c'est moi.

Ce n'est pas mon genre de jeu de prédilection. Parce que moi j'ai besoin de prendre mon temps, de réfléchir, de comprendre ce qui se passe. Je déteste tirer dans le tas et j'aime bien savoir pourquoi je le fais. Mais bon. Mister Nomé m'avait dit "Si, si je t'assure, celui-là il peut te plaire". Plusieurs fois. Insistant sur mon point faible, le truc qui peut me faire apprécier un jeu : le scénario. Alors, bon, je me suis dit pourquoi pas.

Ce n'est pas mon genre de prédilection et malgré les encouragements de mon homme - qui a tout de même fini par se lasser de me voir mourir à répétition - me disant que je ne suis pas d'une nullité sans nom j'ai trouvé le jeu difficile en "combat op"(=mode normal). Je me suis tout de même refusée à céder à l'écran pourtant régulier me disant gentiment "bon euh, Nomé, t'arrêtes pas de crever, là, t'es sûre que tu veux pas passer en "walk on the beach"? Je te jure, ça reste entre nous, je le répéterai pas". J'ai ma fierté, même si je meurs.

Mais là n'est pas le propos. Je suis donc un super américain chargé de sauver le monde, comme dans tous les jeux vidéos avec des américains. Bon, là, j'ai des ambitions plus raisonnables, je veux "juste" comprendre ce qui s'est passé à Dubaï, tuer les méchants s'il y en a et surtout évacuer la ville. Les civils sont gentils et les tuer c'est méchant. Moi je suis un gentil américain donc je ne tire pas sur tout ce qui bouge. Bon, si on me tire dessus...Mais qui me tire dessus, d'ailleurs ? Ce doit être des méchants. Bon ben je tire, alors, c'est pas comme si j'avais le choix. Mais je suis un gentil américain. Je ne tire pas sur tout ce qui bouge. Tiens, mais celui-là n'est pas tout à fait mort, je vais l'achever. Tant que je ne tue pas de civils, hein, après tout ce sont eux qui ont commencé. Moi je suis un gentil américain je prends toujours les bonnes décisions.

Ben non. La guerre ça pue, c'est crade, et ça salit les mains. La guerre ça fait toujours des dégâts collatéraux. La guerre c'est jamais des gentils qui tapent sur des méchants, ça serait tellement plus simple. La guerre, ce n'est pas toujours prendre la bonne décision. Parfois, c'est choisir entre deux mauvaises. La guerre détruit. Tout. Même ceux qu'elle ne semble pas atteindre.

Et moi, bien sagement installée dans mon canapé, avec une bouillotte dans le dos pour apaiser la douleur d'une contracture musculaire, je regarde ça, je continue à jouer et pourtant je n'en ai presque pas envie, tant je me dis que ce que je vais faire plus tard ne pourra être que pire que ce que j'ai déjà fait. Et heureusement, je peux toujours me dire que ce n'est qu'un jeu. Mais c'est quand même effrayant, de se dire que ça n'est peut-être pas si loin de la vraie vie.

Allez, merci Mister Nomé. Je vais faire des cauchemars et déprimer sur la bassesse et la fragilité de la nature humaine mais ce jeu, je ne regrette pas une seule seconde de l'avoir fait.