Dans la vie, il y a des jeux qui marquent, des jeux qui t'apportent énormément, et ceux qui ne changent rien à ta manière de voir le monde. Car quand t'es petit, y'a pas trois mille choses pour te former : les livres, les films, les comics, et les jeux. Même si ces derniers sont à tord qualifiés de "mauvais médias" par les journalistes du monde entier ( y'a qu'à voir leur manière de se défouler à la sortie d'un GTA, quel qu'il soit ), ils n'en demeurent pas moins réfléchis et parfois très intellectuels.
Comprends bien que là, on parle des bons jeux, de ceux qui font réfléchir. Oubliez les mauvaises adaptations, elles ne vous apporteront jamais rien, et vous prendront constamment votre argent. Non, je veux parler de grands jeux vidéo, du genre de ce Spec Ops : The Line, véritable chef-d'oeuvre, master-piece comme je les aime, le genre qui te fait encore réfléchir une fois que t'es passé à un autre jeu.
Et même si en ce moment je teste Splinter Cell : Conviction et que je me refais GTA V, je n'arrive pas à ne plus avoir de pensée pour ce jeu ci, le meilleur auquel j'ai pu jouer cette année. Certes, il n'est pas parfait; moi même, je dois l'avouer, même si cela ne me plaît guère.
Certes, ses graphismes ne sont clairement pas les meilleurs que la console a pu nous proposer, mais ils assurent le taf en nous fournissant des cinématiques du même moteur graphique que les phases in game, le moyen Engine. Cela crée une sorte de cohésion entre les phases de cameplay et celles d'attente et d'observation, où l'on se contente de contempler ce que notre personnage et ses compères font.
Et justement, parlons de notre pote là, le chef de l'escouade dont j'ai complètement oublié le nom ( honte à moi; Riggs, je crois? ). A son propos, il y a quelque chose de véritablement passionnant : s'apercevoir comment la guerre le change, comment elle peut modifier le caractère d'un homme au point de le torturer psychologiquement. Une prodigieuse descente aux enfers.
Et cette hyper-violence qui commence à le contrôler, on la voit notamment grâce aux exécutions, qui deviennent de plus en plus barbares et enragées. Le mec pète un câble, et c'est cela qui rend le jeu si puissant : sa lente progression vers l'horreur la plus totale.
Nul doute que le scénario est directement tiré de chef-d'oeuvres du cinéma déjà chroniqués sur le blog, à savoir Voyage au bout de l'enfer ou encore Apocalypse Now, LES deux films sur la guerre du Vietnam, si l'on en exclu l'émouvant Platoon, véritable cauchemar de traîtrise et de lâcheté. Et vous voyez, un tel propos n'aurait pas forcément été aussi efficace avec un autre média : dans le cas présent, on contrôle le personnage, on s'y attache dès le début, même si l'on ne peut pas réellement s'identifier à l'homme, bien plus au fait qu'on le contrôle entièrement.
Et ce scénario, contraction de références et de judicieux emprunts, faut quand même dire qu'il est atroce, insoutenable. Voir de tels horreurs perpétrées par un seul homme ne peut que révolter. Ainsi, le propos des mecs de chez 2k Games est excellent : critiquer la guerre plutôt que de tenter de la rationaliser. On échappe ainsi avec un PLAISIR NON DISSIMULE au banal propos des Call of, et à leur volonté de banaliser la violence guerrière par un gameplay simple mais purement divertissant.
Ici, on nous dit clairement que la guerre est vicieuse, qu'elle peut détruire n'importe qui, même un homme psychiquement équilibré. Ce n'est pas tant le fait d'y participer qui bouleverse au point de ne plus être soi-même, c'est surtout les horreurs que l'on pourrait y voir qui nous changent complètement, des horreurs que l'on pourrait même causer.
Voilà donc une réflexion extrêmement poussée et pertinente sur l'engagement militaire en période de guerre, mais également sur l'engagement de l'homme dans les atrocités commises. Et puis, ne serait-ce que pour le twist final, qui m'a rendu complètement dingue ( j'ai refais la mission trois fois, pour vous dire ), vous ne pouvez que vous procurer ce jeu au plus vite. Pour une fois qu'un TPS n'est pas un vulgaire plagiat de tel ou tel jeu, c'est qu'on s'en tire drollement bien.
De plus, l'immersion est particulièrement bonne, le gameplay ( type Gears of War ) se veut extrêmement efficace, tout comme la bande-son, véritable coup de coup, et l'écriture du tout, via un scénario et des dialogues extrêmement bien mis au point. Le meilleur jeu de guerre auquel j'ai jamais joué. Et je n'exagère pas : même s'il n'est pas parfait, je mets au défi le prochain jeu du genre à me procurer de telles sensations. Mon jeu préféré. Passionnant, haletant. Mieux, même : fascinant.