Combat de sumo dans une cabine téléphonique

C’est ça Starcraft ?

Joueur complètement ignorant du tout premier Starcraft, c’est avec une grande curiosité et beaucoup d’espoir que je me suis penché sur la découverte de ce jeu qui, à en croire beaucoup, fait référence dans le monde du RTS. Au point paraît-t-il d’avoir subverti toute une génération de Coréens qui selon la légende se transformeraient progressivement en poulpes, au fil des générations, afin d’exceller dans l’art du micro-management de Flameurs.
Je dois pour ma part me déclarer un peu déçu par ce jeu, que je n’ai certes abordé qu’en mode solo – et n’ai aucune envie de jouer en multi, du coup.

Starcraft ne manque pas de qualités esthétiques, que ce soit au niveau des unités, des décors, des musiques (mention particulière à la qualité du son – mais comment ont-il fait ?). L’histoire de la campagne est bien racontée, avec quelques cinématiques épatantes ; l’idée du vaisseau dans lequel on se promène entre les missions est très sympathique, avec des passages assez drôles. Mais tout ça, à la limite, c’est secondaire dans un RTS.
Sur le fond les mécaniques de jeu sont très classiques, récolter des ressources avec des peons, construire des usines et des casernes, y produire des unités, les upgrader avec des centres de recherche… choses vues, revues, certes efficaces, mais je ne m’attendais pas à un tel niveau de conformisme à ce sujet-là (au moins concernant les Terrans). Pourquoi changer une recette éprouvée, à vrai dire ? On peut quand même déplorer le peu d’ergonomie de l’interface de construction, la difficulté d’enchaîner les ordres des peons, et l’incitation à bourriner sur la collecte de ressources dès le début de la partie.

Pour le reste je trouve que le jeu vise un peu à côté. Si on pouvait résumer le gros défaut que je trouve à ce jeu, c’est qu’il est étriqué.

Les maps sont toutes petites comparées à l’échelle des unités, et à mon sens tous les problèmes découlent de cette tare. En gros si on considère qu’un marine mesure 1,80 m, ça veut dire que la base ennemie est généralement situé à 200 m de la vôtre, grand maximum. On pourrait presque flinguer les zergs en crachant dessus depuis le poste de commandement. Bon, en fait on peut pas parce que dans le futur, la portée de la plupart des armes est réduite à 10 m, même si l’artillerie et les snipers peuvent frapper, pfffoooou ! jusqu’à 15 ou 20 mètres. Et puis le jeu offre un niveau de zoom/dézoom très réduit (dans le futur, les gens sont devenus myopes à cause de la branl… de Youtube). Ce problème se rencontre dans un bon nombre de RTS, ceci dit, mais c’est une bien maigre consolation.
Donc les combats se déroulent pratiquement à bout portant, et il faut éviter de former des groupes trop gros d’unités qui se gêneront entre elles à cause des limites du pathfinding.

Autre conséquence : l’impression que toutes les unités se ressemblent. A peu de choses près, fantassin, chars, buggy, avions se déplacent à la même vitesse. Un avion est finalement un char qui se déplace un peu plus haut, un peu plus vite (à peine), attend les ordres en stationnaire, peut être déplacé case par case, et se fait tirer dessus par le moindre soldat. Forcément, une unité rapide avec en plus les contraintes liées à une vraie trajectoire d’avion (soyons fous…), ça ne rentrait pas dans la map… Moi, j’étais bêtement resté dans l’idée qu’un avion servait à agir vite et en profondeur (genre hit & run), mais dans le futur cet aspect tactique est tombé en désuétude (si on avait su on n’aurait même pas inventé l’aéroplane, du coup).

Tout ça n’est donc pas très intéressant.

Il y a beau avoir un nombre raisonnable d’unités disponibles, la variété tactique est bien maigre. On est très très loin d’un Total Annihiliation/Suprem Commander, voire d’un C&C Générals qui restent nettement supérieurs à Starcraft 2, à mon sens.

On ne peut toutefois pas nier que l’action est intense, un peu bourrine mais juste comme il faut (en mode difficile au moins, sinon c’est l’assoupissement assuré). L’ambiance est là, située quelque part entre Space Hulk et Albator, le jeu a une personnalité et des qualités techniques indéniables, mais j’aurais bien sacrifié de la finesse dans les textures et des effets graphiques au profit d’un champ de bataille plus conséquent.

Bref, la popularité de ce jeu me laisse perplexe tant je le trouve classique (vu et revu), bourrin et étriqué.