Comme trop souvent de nos jours, on n’échappe pas à 2,3 polémiques qui viennent plomber l’ambiance et causer du tort aux bonnes chose de la vie. Je vais donc être encore une fois obligé de commencer ma critique par celles-ci, avec ce besoin maladif de mettre fin aux débats qui animes les réseaux et graver dans le marbre, tel le témoin de son époque, un résumé de ses frasques médiatiques du moment. Stellar Blade a donc subit la censure woke à cause de son héroïne jugée « trop sexy », il y a tellement à dire sur la vacuité et l’hypocrisie de ce débat, d’un coté comme de l’autre, que je ne sais pas par quoi commencer. Pour ne pas y passer encore 4 pages je vais aller droit au but en énumérant simplement les contradictions point par point. J’ai beau être un anti-woke revendiqué, tous le monde va prendre tarif ici :
- Les wokes sont encore une fois les premiers à faire du Slut Shaming. La fragilité d’égo-trip dans toute sa splendeur « méheu c sexiste je sui pa osi bel kel alor sa esiste pa lé fille com sa dabor ». On attend toujours qu’elles se révolte contre la musculature virile de Kratos hein, et je pense qu’on va attendre longtemps.
- Les wokes en grand moralisateur décoloniaux qu’ils se targue d’être, ne sont qu’une caricature de comportement de coloniaux paternalistes qui viennent expliquer aux Coréens comment ils doivent s’occidentalisé pour être en accord avec leur bien-pensance post moderne. On rappel que la Corée est le pays du culte de la plastique parfaite ou les corps sont objectifiés à outrance partout, quoi qu’on en pense, Stellar Blade n’est pas une exception marketing, c’est un représentant de sa culture locale.
- Ou étaient ces polémistes quand Nier Automata est sortie ? Une maid Sado-Maso avec un bandeau sur les yeux et une jupe fendue, avec en personnage secondaire une dominatrice en nuisette qui trash talk le joueur… Ca c’est ok, rien de tendancieux mais EVE en tenue moulante c’est trop ? L’indignation à géométrie variable, toujours, on suit les tendances véhiculées par la presse poubelle mais personne n’a de vraies convictions militantes et n’a pris la peine de réellement penser le sujet, c’est simplement la culture du vide…
- La « censure » ne serait en réalité pas une selon le studio Shift up qui déclare cette maj day one comme de leur propre initiative et les nouveaux designs des costumes une volonté esthétique. Simple « damage control » ou sincérité créative ? Je ne sais pas mais il faut reconnaitre qu’aucune concession n’a été faite sur la sexualisation du personnage qui revêt toujours des accoutrements sexy et don la culotte n’est par exemple pas cachée pour qui veut mater sous la jupe (une censure qui existe pourtant dans tous les jeux depuis la gen PS3 au moins). Donc j’aurais plutôt tendance à les croire vue comme la censure est minime, jugez par vous-même, saurez-vous repérer les 2 décolletés cachés et la culote légèrement élargie parmi ces 40 costumes ?
- Les réac anti-woke qui veulent boycotter le jeu accompagner d’une pétition (sérieusement est-ce qu’une pétition a déjà fait changer quoi que ce soit dans toute l’histoire de l’humanité ?) ou faire du review bombing sur ces simples allégations sans fondement de buzz journalistique sont donc tout aussi idiot, fragile et toxique que les woke qu’ils accusent. Ils ont la prétention de se rebeller contre le principe de censure mais la vérité c’est que cela les inquiète uniquement lorsqu’il s’agit de refréner leurs plaisirs lubriques… Que c’est ridicule -_-. D’autant qu’on ne les voit jamais militer pour le libre accès aux Eroge par exemple et qu’ils seraient même plutôt du genre à se moquer des « weeb » qui eux, ont au moins la dignité d’assumer leur désir onanique sans se cacher derrière une pseudo cause vertueuse. Combien de ces anti-woke ont réellement pris la peine de s’interroger sur la censure ou sur la sexualisation des personnages féminin dans le jv avant de s’indigné de la sorte ? AUCUN, la plupart ne savent même pas de quoi la mise à jour est constituée et j’en ai même vue plusieurs persuader de jouer à une version non censurée tant ce n’est pas visible mais s’indigné quand même de l’arrivé de cette maj qu’ils avaient déjà dans leur console au lancement du jeu, c’est vous dire le niveau…
DEJA CUL-TE
Bien, maintenant que tout le monde a été remis à sa place (dans une polémique qui prend encore beaucoup trop de place, aussi bien médiatiquement que dans ma critique, désolé) parlons du jeu. Project Eve comme il s’appelait lors de ses premières présentations m’a tout de suite tapé dans l’œil, non pas seulement pour son héroïne mais bien pour son gameplay nerveux, sa direction artistique et son univers d’inspiration post apo et space opéra. J’avais tout de même quelques réserves sur le design des monstres, les moyens modestes du studio pour tenir un jeu si ambitieux et les inspirations trop voyante à Nier Automata notamment qui laissait planer quelques doutes sur la qualité du produit fini. Cependant, plus les trailers s’enchainaient plus le projet semblait sérieux, à tel point que Sony s’en est emparé, gage de sa qualité (avec sans doute un regain d’investissement permettant de peaufiner les détails). La hype est encore monté d’un cran lorsque j’ai appris que le créateur du studio Shift Up n’était autre que Hyung-Tae Kim, un chara designer relativement peu connu en occident mais dont j’avais déjà retenue le nom pour son travail sur les deux Magna Carta (je possède même un artbook de son travail). Avec cette information le design poupée d’Eve faisait tout de suite sens car, ses désign (hommes comme femmes) avaient déjà cette spécificité, à savoir, un visage rond et lisse comme une poupée de porcelaine, des positions lascives et des tenues affriolantes (à une époque ou ce genre de chose était normal et ne suscitait aucun débat stupide). Comme si cela ne suffisait pas, peu de temps avant la sortie du jeu nous apprenions également que le studio Monaca de Keichi Okabe c’était occuper de la moitié de l’ost, histoire de conclure la filiation à Nier.
LA PLASTIQUE C’EST FANTASTIQUE
C’est bien beau tout ça me direz vous mais le jeu tiens-t-il ses promesses ? Et bien oui, c’est une assez bonne surprise dans l’ensemble, bien qu’on sente que c’est un projet Double A par certains aspects, le studio a intelligemment utiliser ses ressources pour réaliser un jeu ambitieux qui n’a pas à rougir des productions Triple A. Le gameplay est excellent et a sa propre identité malgré les inspirations multiples, le jeu s’avère être plus qu’un bête patchwork et réussi à s’approprier chaque élément à sa manière. Les possibilités sont riches, la progression est constante grâce à un arbre de compétence qui n’est pas inutile (avec des +1,3% de chance de critique par exemple, chose que l’on voit de plus en plus) et un bestiaire est varié (67 monstres, boss compris). Le game feel est également excellent, réaliser des parades ou esquives parfaites est satisfaisant et les patern ennemis sont très lisible. Le jeu se base plus sur la stratégie défensive que sur le bourrage de touche carré (coup faible) et triangle (coup fort), cependant la difficulté est suffisamment faible pour être accessible à tous, sauf peut-être sur les boss, en particulier les 3 derniers, plutôt coriace, mais rien d’insurmontable. On est très loin des souls rassurez-vous, Eve peu encaisser des dégâts et dispose de pas mal de soin entre autres objets permettant de déstabiliser l’adversaire, ce n’est donc pas punitif, d’ailleurs la mort ne nous fait rien perdre de notre expérience ou progression. Cependant, s’il y a une chose que je reproche au jeu, c’est la sauvegarde unique et automatique, car, pour le coup, utiliser des objets ou vider ses jauges de compétences peut être pénalisant en cas d’échec étant donné que le jeu nous fera recommencer le combat sans réinitialiser leurs utilisations. Quelle erreur, j’espère que ce sera corriger pour une éventuelle suite.
Hormis ça, j’ai été agréablement surpris par la générosité de ses mécaniques, avec même des passages ou le jeu devient un TPS « horrifique » mais le véritable coup de maitre est pour moi son level design. Alternant entre passages couloirs et semi open world, les niveaux regorgent de secrets à dénicher, intelligemment cachés, sans indication par backseat ou autres traces jaunes ou icônes ; même les quêtes secondaires ne sont pas indiquées par un repaire ou une mini map. Tout cela donne une vraie plus-value à l’exploration qui est toujours bien récompensée, et ce grâce a la panoplie de costume purement esthétique mais qu’on prendra plaisir à collectionner. Si j’était taquin j’irais même jusqu'à dire que cela donne un sens à la plastique avantageuse de l’héroïne puisque joué à la poupée devient un jeu dans le jeu. Cela m’a rappeler Final Fantasy XIII-3 Lightning Return qui avait lui aussi compris que customiser l’apparence de son personnage est un plaisir en soit. A noter qu’il y a 40 costumes à découvrir (+ boucles d’oreilles et lunettes ainsi que des costumes alternatifs pour Lily et Adam) lors de notre première run mais il en existe encore 35 de plus à découvrir en New Game + ainsi que 12 nouvelles compétences donnant une motivation supplémentaire à la rejouabilité pour aller débloquer les 2 autres fins alternatives.
NARA-FION
L’histoire est quant à elle assez banale, pas déplaisante à suivre mais malheureusement pas suffisamment intéressante pour marquer les esprits. Les dialogues sont aussi sommaires que leur mise en scène et les personnages sont parfois un peu bête (pour retarder les révélations que le joueur a déjà anticipé depuis longtemps, la faute au manque de subtilité de l’intrigue, déjà vue dans Nier qui plus est) et manquent surtout de profondeur. Cela aurait pu être corrigé par l’ajout de dialogue lors de l’exploration, à la manière de ce que font The Last of Us, Uncharted et God of War, puisque nous sommes continuellement accompagnés du drone d’Adam. L’histoire en elle-même reste assez nébuleuse et se développe aussi en partie via le contenue secondaire et les petits mots trouvés sur les cadavres. Cela ajoute de l’intérêt à ce contenue annexe dont les quête donnent même parfois lieux a des combats de boss inédit. C’est une narration contextuelle qui ne nous donne jamais clairement les tenant et aboutissant du scenario, tous les personnages sont eux même dans le flou vis-à-vis de ce qui a conduit à l’extinction de la race humaine ou l’origine des Naytibas. La fin, peu satisfaisante, me laisse encore dans l’interrogative mais sans doute faut-il voir les 2 autres fins possible afin d’avoir l’ensemble du puzzle et pouvoir recoller les morceaux. En tout cas j’ai été ravie de découvrir un « le voyage n’est pas terminé » en guise de message post crédit, reste à savoir si cela fait référence au NG+ ou a une suite déjà prévue (et clairement pas en danger vue le succès retentissant du jeu).
LA CINQUIEME SEINS-PHONIE
Comme dit précédemment c’est le studio de Keichi Okabe (compositeur des musiques de Nier et Nier Automata entre autres) qui s’est occupé d’une bonne partie de la bande son du titre. Néanmoins, il faut savoir que Keichi Okabe ne s’est pas personnellement attelé au projet, ainsi, le style est tout de même assez différent de son modèle. L’OST de Stellar Blade est en effet, à ma grande surprise, aux antipodes du souffle épique des Nier et arbore plutôt des tonalité Chill Lofi rarement entendu dans le jeu vidéo et qui donne au jeu une atmosphère vraiment singulière. Seul bémol, ces pistes ont tendance à boucler assez vite et peuvent donc finir par vous agacer, d’autant que le style ne plaira pas à tout le monde de base. Personnellement, j’ai beaucoup apprécié cette ost et l’ambiance qu’elle procure à ses paysages désolés, ça a fortement contribué à rendre l’expérience marquante.
CONCLUSION
Pour son premier jeu d’envergure le studio Coréen Shift Up a de quoi être fier, s’il n’est pas parfait (notamment en termes d’écriture), c’est un double A qui, malgré des moyens modestes, fera date sur cette génération de console. Techniquement très solide (la gestion de la chevelure d’Eve est une sacrée prouesse au passage), ludiquement pertinent, il ne lui manquait pas grand-chose pour être parfait et je suis très curieux de voir la prochaine production du studio.