Initialement annoncé sur toutes les consoles possibles, Stellar Blade a attiré l’œil de Sony qui a donné un coup de pouce au jeu en devenant notamment son éditeur. L’occasion pour le studio coréen SHIFT UP de sortir son jeu AA aux ambitions AAA et de faire briller davantage leur premier jeu sur console.
Stellar Blade est un peu un melting-pote de plein de jeu. Les inspirations premières sont évidemment Nier et Bayonetta, mais pas que. Le jeu débute en étant très couloiresque, avec quelques raccourcis qui s’ouvrent. Si on ajoute à ça le gameplay proche du souls-like, on pense jouer à ce genre de jeu. Puis plus on joue et plus cette image s’éloigne. Le gameplay s’enrichit, revient de plus en plus grisant à avoir en main, qui pète la classe visuellement, est dynamique… Chaque ennemi est un réel obstacle, le temps de comprendre ses patterns. Bien que les boss soient plus simples que ceux d'un souls-like, ils restent les phases les plus fun, car il s’agit de 1v1, dans une grande arène, avec ce gameplay efficace comme dit précédemment. Soudain, le jeu nous bazarde dans une zone ouverte. À croire que les développeurs ne savaient pas s’ils voulaient faire un jeu ouvert ou dirigiste. Ces zones, ouvertes sont assez peu intéressantes, elles ne donnent aucune envie d’exploration et sont très redondantes. Par ailleurs, de manière générale, le jeu propose des environnements peu variés et pauvres artistiquement. De temps en temps, le jeu dira « regarde, j’ai fait quelque chose de beau » mais cela reste ponctuel. Pour ce qui est de la direction artistique, elle reste majoritairement banale, mais les chara-designs sont réussis pour les PNJ. Le jeu fait très wallpaper à plusieurs reprises, la mise en scène est vraiment appréciable. Enfin, la BO est excellente. Elle est dans une vibe similaire à Nier. En même temps, certaines pistes sont signées par des compositeurs de Monaca, groupe de production et création musicale fondé par Keiichi Okabe, le compositeur de Nier et Nier Automata.
L’aspect RPG est développé dans ce jeu. Le scénario est beaucoup trop classique pour intéresser réellement le joueur avec une narration parfois digne de Final Fantasy XIII (donc pas folle). Le jeu nous propose de récolter tout au long de l'aventure des mots sur des cadavres, reflétant les dernières pensées de la personne. C'est useless. Au début, on lit, car ça ajoute à l'ambiance et au contexte, mais finalement, il s'agit juste d'un tas de textes qui parlent toujours des mêmes thèmes pour la grande majorité. On est loin de Castlevania Lords of Shadow ou The Last of US. Notre personnage peut réaliser des quêtes annexes plutôt nazes, dont la scénarisation est inégale et parfois insignifiante. Rares sont celles qui valent vraiment le détour. Les personnages qui accompagnent notre héroïne ne sont pas très palpitants. Sans parler des animations corporelles peu crédibles. Ajoutez à ça la vf en dents de scie et la synchronisation labiale parfois complètement ratée. Aucune idée de ce qui a provoqué un tel résultat, il y a sûrement eu des erreurs dans le choix des mouvements des lèvres entre différentes langues. Pour ne rien arranger, le backseat de nos petits potes est parfois lourd. Bref, nombreuses sont les cutscenes auxquelles on ne croit pas. Le personnage d’EVE n’est pas en reste. Elle est hypersexualisée, à l’opposé des combats d’aujourd’hui dans la société. Oui, les développeurs ne s’en sont pas cachés, ça reste prendre les joueurs pour des décérébrés et avides du moindre pixel de corps féminin. Oui, Bayonetta faisait pire, mais Bayonetta jouait sur l’irrévérence tout au long de la trilogie, c’est un trait de caractère du personnage. Ici, EVE est à l'opposé de cette image. L’exagération des formes d’EVE est risible et m’a empêché d’apprécier pleinement le personnage, déjà qu’elle est assez neutre de base.
Bref, Stellar Blade est un jeu AA, ça se voit. Ça n’est pas un mal à partir du moment où on sait cela. C’était particulièrement appréciable de jouer à ce jeu, notamment grâce au gameplay qui est jouissif. Beaucoup de points pourraient être améliorés, comme la variété des environnements, la direction artistique, une histoire plus intéressante avec une narration mieux maîtrisée, des personnes plus profonds… Et pourtant, malgré ça, ma trentaine d’heures sur le jeu étaient cooles. Voir une suite arriver ne serait pas surprenant et la marge de progression semble suffisante pour que le prochain jeu soit une tuerie.