Au vu des tares et de l’accueil plutôt mitigé reçu avec Post Mortem, cela semble bien saugrenu que son développeur, MC2 France, se soit décidé à prolonger l’expérience. Non pas en faisant un simple numéro 2 mais par le biais d’un autre titre mettant en lumière une toute nouvelle héroïne, Victoria McPherson, tout en enchevêtrant parallèlement une autre histoire mettant en scène son aïeul qui n’est autre que le personnage central de Post Mortem. Heureusement, nouveau titre rime également avec une toute nouvelle appréhension du sujet ainsi qu’une technologie héritée de l’autre succès de son éditeur Microïds, Syberia. Exit la vue subjective pas folichonne des débuts pour un jeu à la troisième personne qui se révèle tout aussi efficace que dans sa première application au sein de la série de Benoît Sokal. On s’arrêtera ici avec la comparaison, les deux prétendants ne jouant pas sur les mêmes thématiques. Still Life s’appuie en effet toujours sur son approche mature, sombre et sordide que l’on trouvait déjà chez son prédécesseur, avec un bon coup de modernité bienvenue en bonus. De la même manière, les grandes ambitions mal maîtrisées sont mises au placard afin de se contenter de l’essentiel : une histoire linéaire et bien écrite où les objectifs de jeu et d’énigmes sont clairs, nets et sans bavure. Plus classique certes mais autrement plus efficace pour apprécier le scénario et l’ambiance servis par le biais d’une narration plus profonde et aboutie. A ce niveau, on ne se plaindra pas du déroulement convenu en terme de phases de jeu et prise en main : Still Life n’a pas besoin d’en faire des tonnes de ce côté-là pour se démarquer de la concurrence tant les point’n click aux thématiques adultes et gores ne couraient pas les rues en 2005.


On suit donc une enquête de Victoria McPherson, un agent du FBI, dans notre présent, qui se retrouve confrontée à un tueur en série qui n’a cesse de commettre des meurtres de plus en plus violents, chaque victime à son actif ne le rendant que plus confiant vis-à-vis de son mode opératoire et de son rapport avec les forces de l’ordre complètement démunies face à cette menace qu’ils n’arrivent pas à identifier et à arrêter. Outre son enquête, on suivra également Victoria dans son intimité où elle trouvera des notes de son grand-père, Gus, fraîchement débarqué à Pragues après avoir tenté de percer à Paris en tant qu’artiste de manière infructueuse – plus ou moins juste après les événements de Post Mortem donc – à propos d’une enquête sordide sur un tueur en série qui s’attaquait à des prostituées. Des phases que l’on joue également en parallèle à l’histoire de Victoria qui se révèlent fort intéressantes car liées l’une à l’autre par le biais d’une narration très adroite alors que les lieux et la temporalité sont clairement différents. Des grandes évolutions de narration par rapport au prélude, on pourra reconnaître d’ailleurs un plus grand soin apporté sur la personnalité des protagonistes, autrement plus substantielle et charismatique, tant dans leurs répliques que leur développement. Ce qui fait qu’on plonge sans difficulté dans ce Still Life d’un bout à l’autre passionnant, que ce soit avec les outils du parfait agent secret avec Victoria ou du côté plus cérébral de Gus, avec une progression cohérente et rythmée, au point qu’on regrette d’en voir le dénouement si rapidement (environ 7 ou 8h). En bref, un virage aussi inattendu que bien négocié.


La critique entière figure sur Archaic, n'hésitez pas à aller y faire un tour !

Margoth
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ma ludothèque PC, Jeux (re)terminés en 2014 et Critiqués sur Archaic

Créée

le 24 mai 2018

Critique lue 229 fois

2 j'aime

Margoth

Écrit par

Critique lue 229 fois

2

D'autres avis sur Still Life

Still Life
nostromo
7

Critique de Still Life par nostromo

J'ai bien aimé ce jeu qui certes fait très daté par son look aujourd'hui dépassé mais dont la franche brutalité et la trame temporelle croisée lui garde une certaine jeunesse froide . Il s'agit ici...

le 3 mars 2018

2 j'aime

Still Life
BeyondBones
6

Still Lazy

Les énigmes farfelues sont devenues un cliché du point’n’click, personnellement c’est quelque chose que j’apprécie quand on est en présence d'un monde fictif ou imaginaire ; car après tout on peut...

le 3 avr. 2014

2 j'aime

Still Life
Margoth
8

Résurrection miraculeuse

Au vu des tares et de l’accueil plutôt mitigé reçu avec Post Mortem, cela semble bien saugrenu que son développeur, MC2 France, se soit décidé à prolonger l’expérience. Non pas en faisant un simple...

le 24 mai 2018

2 j'aime

Du même critique

Angel Dust
Margoth
10

Un ange de poussière magistral

[...] Et tu vois, lecteur, même si parler de ça me tenait à cœur, tu ne peux pas savoir, là, devant mon traitement de texte, comment je me retrouve très conne. J’ai tellement envie d’en parler que je...

le 3 août 2012

16 j'aime

7

Knightriders
Margoth
8

Le Peter Pan de Romero

Présenté aux Utopiales comme une rareté, Knightriders fleure bon le moment privilégié où la chaleur n’a d’égal que le goût assurément bon des spectateurs présents. Et quel moment mes aïeux ...

le 25 nov. 2012

9 j'aime

Final Fantasy VII: Remake
Margoth
9

Nostalgie nouvelle

Aux termes de soixante-dix à quatre vingts heures de jeu, difficile de ne pas sortir de cette aventure indemne. Fruit de plusieurs années de travail intensif, Final Fantasy VII Remake est le résultat...

le 23 avr. 2020

7 j'aime