Les énigmes farfelues sont devenues un cliché du point’n’click, personnellement c’est quelque chose que j’apprécie quand on est en présence d'un monde fictif ou imaginaire ; car après tout on peut plus ou moins tout justifier par la différence de pratiques sociales, encore plus quand on a affaire à un univers absurde ou loufoque. Quand on décide de faire un jeu d’aventure dans notre monde -contemporain et cartésien donc-, la tâche qui nous incombe est, à mon sens, particulièrement périlleuse. En effet le titre doit rechercher le difficile équilibre entre casse-têtes un minimum ingénieux et juste ce qu’il faut de crédibilité afin que l’univers apparaisse comme cohérent.
Et sur ce point Still Life est une semi-réussite. Le jeu nous met dans la peau de Victoria McPherson, enquêtrice traquant un meurtrier en série qui sévit dans la ville de Chicago. Parallèlement à ça, Victoria va se replonger dans le passé de son grand-père à travers ses écrits qui relatent sa vie à Prague. Nous incarnerons donc également Gustav McPherson 80 ans plus tôt, alors détective privé confronté à une situation similaire. Une semi-réussite donc, car certaines énigmes font appel à des techniques d’enquêtes classiques, de la recherche et analyse d’indices à l’interrogation de témoins. Et d’autres plus « piquantes » sont liées aux meurtriers, ce qui peut se justifier par l’incroyable intelligence dont sont pourvus les tueurs en série, tout du moins c’est ce que beaucoup de fictions tentent d’imprimer dans l’imaginaire collectif, soit.
Et un semi-échec car une bonne partie des énigmes sont bien trop tirées par les cheveux pour être vraisemblables. L’exemple le plus frappant est l’étrange séquence de préparation de foutus cookies -idée géniale, j'adore réfléchir quand j'ai qu'une envie c'est bouffer- en suivant une recette cryptique et imagée parce que "hey, si je donnais une touche de fantaisie à un bouquin à vocation utilitaire!". Désolé non, j'ai juste envie de foutre la tête de mon avatar dans le four. Ça a un intérêt ludique mais ça se fait au détriment de l’immersion, personnellement j’aurais préféré que les deux se complètent tout au long de l’aventure.
Pour le reste, c’est triste mais il n’y a pas grand-chose à dire, c’est un univers à l’esthétique correcte parsemée de quelques fausses notes –le filtre sépia/gris absolument dégueulasse dans les séquences du passé-, qui souffre d’un sérieux manque d’interactivités inutiles et pourtant indispensables quand il s’agit de lui donner de la substance. Une enquête sur un tueur comme on en a déjà vu des milliers. Une investigation banale présentant un nombre d’intervenants limité, au développement superficiel. L’héroïne a quelques répliques cinglantes dans son répertoire, mais au-delà de ça elle est creuse et déjà vue, un peu à l'image du jeu dans son ensemble quoi.