NARRATION
Histoire : ★★★☆☆
Après une chute l’ayant séparé de sa portée, un chat de gouttière se retrouve à errer seul dans un immense complexe souterrain, uniquement infesté de dangereux parasites. Au milieu de la rouille et des néons, notre chaton va rapidement faire la rencontre d’un petit robot amnésique, B12. Ensemble, sur la route de la surface et de la liberté, ils enquêteront auprès des habitants de cette étrange cité, les Compagnons, des androïdes ayant pris pour habitude de mimer leurs créateurs humains, ceux-ci ayant d’ailleurs mystérieusement disparus depuis une éternité…
Tant dans sa narration que son concept, l’expérience Stray se veut aussi épurée qu’habilement maîtrisée : le titre s’empare ainsi de thématiques classiques du cyberpunk (l’intelligence artificielle, la dystopie…) qu’il aborde d’un point de vue plus poétique qu’inutilement complexe. Au final, il s’agit davantage d’un joli conte entre un chat et un robot qu’autre chose, mais l’on s’attache suffisamment à ce duo, tout en étant intrigué par leur univers, pour suivre leur parcours avec plaisir durant les 5-6h nécessaires pour terminer l’aventure.
Personnages : ★★★☆☆
Si notre héros félin n’aura logiquement aucune ligne de dialogue, on ne pourra que s’attacher à cette petite boule de poils, tant BlueTwelve Studio aura réussi son pari : nous faire incarner un chat. En effet, les différentes animations, mimiques et miaulements de notre compagnon s’avèreront particulièrement réussis pour un studio si modeste. Et il en va de même pour tous les autres personnages robotiques du jeu eux-mêmes très inspirés dans leurs personnalités, à commencer par notre acolyte B12, auquel on se surprendra à s’attacher une fois la fin venue…
Univers : ★★★★☆
Le récit de cette cité oubliée, seulement entretenue par des robots ayant développé une conscience, et qui cherchent maintenant à trouver un sens à leur existence, a quelque chose d’envoûtant. Les thématiques de science-fiction, certes classiques, sont ici développées via les rencontres avec les PNJ (se permettant d’ailleurs quelques références cachées, notamment du côté de Retour vers le futur, d’Half-Life ou de Skyrim), mais aussi à travers les souvenirs éparpillés de B12, qui nous fourniront quelques pistes pour retracer le passé de cet intriguant bunker. Un univers cyberpunk passionnant à découvrir !
JEU
Game Design : ★★★☆☆
Du côté game design, Stray se veut très classique : il s’agira avant tout d’explorer les différents environnements, eux-mêmes mâtinés de quelques énigmes accessibles, voire de phases d’infiltration ou de poursuites. Mais qu’importe leur simplicité, le rythme de l’aventure est suffisamment maîtrisé, et ses séquences toujours agréablement variées, pour qu’on se prenne au jeu durant la demi-douzaine d’heures requise.
Gameplay : ★★★☆☆
Si la prise en main et les animations s’avéreront de grande qualité, la palette de mouvements de notre avatar félin se révélera finalement assez restreinte, voire assistée. Le titre n’a de toute façon pas l’ambition d’être de l’école du gameplay, mais plutôt de celle de l’ambiance et de l’univers ; et puis, ce n’est pas tous les jours que l’on peut incarner un chaton !
Level Design : ★★★☆☆
Le level design fait le job, sans être transcendant non plus : les ruelles étroites de la ville souterraine proposent de nombreux embranchements où il fait bon se perdre, tandis que ses gouttières offriront autant de chemins verticaux à emprunter en direction de ses toits. Les niveaux linéaires sont quant à eux tout aussi sympathiques, même si relativement peu élaborés.
PERSONNALITÉ
Direction artistique : ★★★★☆
Pour une équipe indépendante encore à ses balbutiements, les Montpelliérains de chez BlueTwelve Studio auront accouché d’une réussite artistique dès leur coup d’essai : les environnements de Stray s’inspirent superbement des ruelles enchevêtrées de Hong Kong et de la citadelle de Kowloon, proposant des dédales illuminés de nuit du plus bel effet. Il ne sera ainsi pas rare de laisser ronronner notre chaton au détour d’un coussin, afin de se donner le temps d’admirer les décors…
Ambiance : ★★★★☆
L’ambiance de Stray est à l’image de son univers : captivante. Le son des gouttes sur le métal, ses nappes sonores ésotériques, le silence oppressant de la ville morte, seulement troublé par le grésillement des enseignes ou le gémissement des Zurks, saura aisément nous transporter au fin fond de ce mystérieux complexe. Notons enfin les beaux effets de lumière, notamment ceux des néons dans les flaques, qui participeront également à nous immerger dans cette atmosphère presque palpable.
Musiques : ★★★★☆
Pour en finir sur l’accomplissement artistique de Stray, sa bande originale aux sonorités électroniques constitue elle-aussi un gros point fort du titre. Certaines musiques rappelleront les compositions de Vangelis dans Blade Runner (Guardian, LDF-OF…), tandis que d’autres trouveront sans mal leur propre personnalité (The Notebooks, Raft, Ant Village, End Credits…). Ajoutons à cela certaines partitions bien sympathiques à collecter au détour d’une quête annexe : Cool Down, The Way You Compute Tonight, Ballad of the Lonely Robot, etc…
Fort de son concept original voulant nous faire jouer un chat, Stray aura facilement attiré l’attention sur lui, et ce avant-même sa sortie. Mais bien qu’il s’agisse d’un de ses atouts majeurs, le résumer à son seul protagoniste félin ne serait pas totalement lui faire justice : en effet, le titre dispose aussi d’un univers cyberpunk à l’ambiance irréprochable, aux sonorités électroniques envoûtantes et aux visuels remarquables. Certes l’aventure se termine rapidement (en 5-6h), et ne réinvente en rien la roue niveau gameplay, mais le tout reste suffisamment varié, tout en étant parfaitement maîtrisé et plaisant à parcourir, pour se souvenir encore longtemps de ce joli conte de science-fiction. Preuve que le jeu-vidéo français a toujours de beaux jours devant lui !