J’arrête mon vaisseau, je coupe mes phares. Le paysage qui s’étend devant moi est à couper le souffle. Virevoltantes autour de l’arbre, les méduses s’assemblent et se dispersent en un ballet somptueux. Durant rite euphorique en l’honneur du seigneur-arbre et de l’œuf translucide géant qu’il couve, mes yeux s’expose à un tourbillon de couleurs, à une danse à l’unisson bleu turquoise et rose fuchsia : je tombe amoureux de Subnautica.
Mon premier amour, je l’avais déjà vécu: celui-ci fut mon deuxième. Celui qui m’a fait renouer avec le loisir vidéoludique, que j’avais abandonné ces dernières années, tout en m’exposant la véritable portée de ce média, qui se résumait alors aux Call of et autres AC pour moi. Je l’avais seulement pris en décembre 2018 (je ne savais pas qu’il était gratuit sur Epic, mais je repayerai avec joie s’il le fallait), et je ne savais pas bien à quoi m’attendre: on peut dire que je n’ai pas été déçu.
Bien sûr, il a des tares : bugs qui peuvent s’avérer gênants, des matériaux pouvant être assez compliqués à obtenir, et à ce que j’ai pu comprendre un état technique pas forcément idéal à sa sortie. Mais, que voulez-vous : l’amour rend aveugle. Ainsi, même sur ma vielle machine bruyante et surchauffante, même avec les graphismes au minimum, même avec cette distance d’affichage trop faible, impossible de ne pas succomber aux charmes de la découverte de nouveau biome, de ne pas admirer cette valse des couleurs, de ne pas tomber en extase devant chaque vision aussi originale qu’inattendue.
Mais s’il fallait résumé les fonds marins en 2 mots, ce serait beauté et danger. Et Subnautica ne déroge pas à la règle, bien au contraire: on est tout le temps en danger. Ou du moins on a cette impression, et elle est tenace. Donc si rester insensible aux beautés de l’océan est difficile, rester impassible devant ces dangers devient impossible.
Et des dangers, j’en ai affronté dans ces abysses sans fond. Dès ma première plongée, la tranquillité relative de la surface a laissé place à une myriade de sons, de bruits et de chants d’une densité incroyable. Et si à l’origine je cherchais, autant par curiosité que pour me rassurer, à dévoiler l’origine de ces bruits sous le faisceau lumineux de ma fidèle lampe, j’ai bien vite arrêter; certains grondements sourds m’ont glacé le sang, et m’ont littéralement cloué sur place. Se retourner, c’était prendre le risque de tomber sur une de ces sordides créatures lovecraftiennes, à l’apparence indicible. Dans ces moments-là, toute réflexion est superflue: retourner en vitesse vers l’onde familière de la surface est la seule option viable, tant pour éviter d'être dévorer que pour se défendre d'une probable crise cardiaque.
Et c’est ainsi qu’on atteint le calme plat de la surface de la planète, dont les eaux sont balayés par la même brise rassurante, par une nuit sereine illuminé par une voûte céleste d’une incroyable beauté. Et l’on se dit que finalement on n’est pas si mal ici. Puis on repense aux horreurs qui nous attendent plus bas, et on ne sait plus quoi en penser.
Certes, la profondeur est effrayante: mais n'étais-je pas effrayé au tout début, lorsque je suis descendu le long de ces plantes translucide, mi vignes mi varechs, aux fruits colorés? C'était là un repaire de requin, et je n’avais pas fait quelques mètres que je suis directement remonté, asphyxié par la crise de panique qui m’attaquait. Mais depuis, j’en ai parcouru du chemin, je me suis fait explorateur, inventeur, pilote d’un sous-marin, capitaine d’un autre, et même archéologue spécialisé dans les œuvres extra-terrestres!
Et recomposer les morceaux de cette histoire au travers de mes découverte, histoire dont je n’avais même pas conscience en premier lieu, est tout aussi magique. Si tomber sur de nouveaux biomes résulte toujours en un émerveillement enfantin, tomber au hasard sur la première fois sur une ruine extra-terrestre est une expérience tout aussi incroyable, d’autant que l’architecture brutale des bâtiments tranchent avec la beauté ronde de l’environnement.
Finalement, c’est quoi Subnautica? Un jeu de craft au gameplay classique? Une technique loin d'être parfaite? Une plongée étouffante dans les abysses? Un jeu avec des défauts? Une découverte de chaque instant? Une faune et une flore fascinante, dans un univers à la direction artistique magnifique? Une histoire qui se révèle très intéressante? Sans doute tout cela à la fois. Pour moi, cela restera surtout des moments de frayeur, de surprise, d’admiration, mais avant tout un jeu qui m’a redonné envie m’intéresser plus en profondeur à ce média. Et ça, ce n’est pas quantifiable.