Je ne l’ai jamais vraiment aimé ce « Super Mario Bros 2 ». D’ailleurs, est-il vraiment un « Mario ? » L’inertie n’est plus la même. On ne peut plus sauter sur les ennemis pour les tuer. On passe son temps à arracher des trucs du sol… Je veux bien que chaque jeu ait son identité mais au bout d’un moment il faut quand-même respecter le principe de base du truc, ce que feront d’ailleurs par la suite tous les autres épisodes qui emboiteront le pas à ce « Super Mario Bros 2 ». L’Histoire le confirme : ce jeu est une anomalie. Une chimère…
En même temps c’était écrit depuis le départ. A la base, ce « Super Mario Bros 2 » n’a pas été développé pour être la suite du big padre du jeu de plateforme sorti en 1985. Il s’agissait d’un jeu de plateformes basé sur l’univers d’une émission de télévision japonaise mais, de fil en aiguille, le vrai « Super Mario Bros 2 » ayant été jugé bien trop dur pour le public occidental, Nintendo a décidé de rhabiller ce jeu qui à l’origine ne devait pas être destiné à l’export : quelques skins de Mario, Luigi, Toad et de la Princesse Toadstool et la question fut réglée ! Le problème c’est qu’à mon sens, le résultat est plus qu’étrange…
Etant un « Mario » sans en être vraiment un, ce jeu ressemblerait presque à une sorte de contrefaçon officielle. Après tout c’est bien Nintendo qui est à l’origine du projet – et notamment ce bon vieux Shigeru Miyamoto. C’est ce qui explique le fait que dans l’ensemble ce jeu soit techniquement de très bonne facture pour l’époque et assez proche de la philosophie du « Mario » premier du nom. Je sais d’ailleurs que beaucoup l’apprécient et – objectivement – il y a vraiment des arguments pour défendre cet épisode.
Seulement, moi il y a deux choses qui ont fait que je n’ai jamais réussi à m’y mettre vraiment, pourtant après de multiples tentatives. D’abord il y a ce gameplay. Au risque de me répéter j’insiste quand même : il y a une lourdeur dans cet épisode qui dénote quand même avec la culture globale de la saga. En soi il n’y a pas de gros changements en ce qui concerne les sauts et leur dynamique (sauf si vous vous amusez à prendre les persos autres que Mario). Non, le vrai problème vient vraiment de système d’élimination des ennemis à base de trucs qu’on arrache et qu’on balance. Ça parait pas, mais entre le moment où on arrache et ou on lance, il y a un sacré temps qui modifie considérablement notre manière de jouer. Vouloir se poser sur une plateforme sur laquelle se trouve un ennemi implique clairement d’anticiper le temps nécessaire pour 1) se poser 2) arracher un navet ou l’ennemi lui-même 3) le lancer sans que l’ennemi ne nous tue. Car – rappel ! – on ne peut plus tuer les ennemis en leur sautant dessus ! Ce qui apportait de la nervosité et du dynamisme au gameplay original s’allourdit ici en inertie et en latence ce qui peut rendre ce jeu assez frustrant et parfois vraiment énervant.
Enfin le deuxième problème, chez moi, il tient en son univers. Comme dit plus haut, à la base cet univers n’était pas pensé pour être celui d’un « Mario ». Certes tous les skins ont été posés, jusqu’aux musiques, mais je trouve qu’on se retrouve parfois dans des situations de contrastes assez étranges, avec des mariages de couleurs assez tristes et même parfois des fonds noirs assez surprenants. Ajouté au gameplay lourdaud dont je parlais tout à l’heure, la somme de toutes ces choses peuvent parfois amener à établir une impression de jeu sans progression et interminable, avec même parfois en plus de ça une étonnante atmosphère presque anxiogène. Et si j’ai conscience que le terme est un peu trop fort et exagéré, malgré tout il révèle l’une des raisons qui ne m’ont jamais fait rester bien longtemps dans ce jeu.
Malgré tout – et encore une fois – je reconnais que ce jeu reste très sérieux dans sa réalisation. Et même s’il s’éloigne un peu de l’esprit d’un « Mario », il y a quelques idées qui, pour l’époque, avaient leurs mérites : le principe des fioles permettant d’aller dans une sorte de monde parallèle avait quelque chose d’intéressant en soi, et les développeurs ont su (parfois) en jouer intelligemment.
Seulement voilà, à une époque où on repartait toujours du début pour repousser sans cesse plus loin ses limites, je trouve à mon sens que les défauts ont toujours fini par l’emporter sur les qualités. « Super Mario Bros 2 » est un jeu frustrant, usant et peu respectueux – je trouve – du patrimoine familial. Pas une honte – loin de là – mais un épisode que je n’arrive clairement pas à accepter dans ma généalogie « Mario »...