Six notes fragiles, pures, cristallines, qui m'ont broyé le coeur avec une violence indicible.
Les Plus :
+++ Après un Syberia 3 plus que décevant , il en fallait de la motivation pour reconquérir les joueurs. Koalabs a clairement mis le paquet pour écouter les reproches et offrir le meilleur jeu possible, alors merci et bravo à eux !
+++ Un scénario parfaitement ficelé, très accrocheur, presque hollywoodien mais impeccablement ancré dans l'univers de Syberia. On va de rebondissement en rebondissement, et si certains sont un peu attendus, on parvient quand même à être surpris et emporté par une histoire rythmée et touchante, au croisement de 2 époques et de 2 femmes bien différentes. C'est LE point fort de cet opus (et Syberia 3 n'en parait que plus fade encore en comparaison).
++ Direction artistique superbe, lumière, décors, créativité, cinématographie : le jeu offre un visuel éblouissant, les plans "cartes postales" défilent sous nos yeux.
++ Un vrai plaisir de retrouver le monde de Syberia, sa poésie, son ambiance, ses énigmes, surtout quand l'accent est de nouveau mis sur les automates. Ça, ça nous avait manqué !
++ Des scènes remarquables, que je ne citerais pas pour éviter le spoil (et parce qu'elles sont trop nombreuses). Mais toutes les scènes de piano notamment m'ont fait frissonner de la tête aux pieds. (warning: possibilité de lâcher quelques larmes également).
+ Des personnages bien écrits (à 2 ou 3 caricatures près). Mention spéciale évidente à Kate Walker, toujours là dans sa recherche de l'aventure, sa curiosité, ses malheurs, sa mélancolie, ses questionnements, sa fuite en avant. Le couple Léon-Dana n'est pas en reste, touchant, passionnant et attachant. Même les personnages secondaires ont été écrits avec soin : Une Leni intrigante, un Oscar renouvelé, une Junta charismatique, etc...
+ La VF est d'ailleurs excellente (Francoise Cadol rempile bien évidemment dans le rôle de Kate)
+ La musique de Inon Zur -comme depuis le second opus- est parfaite. (l'hymne de Vaghen <3).
+ La difficulté des puzzles et énigmes plutôt bien dosée, tant que le gameplay suit convenablement. De plus, les quêtes secondaires poussent à l'exploration.
+ Aucun bug ou ralentissement durant ma partie. L'optimisation semble très bonne.
Les Moins :
- Le cliffhanger (nul) de l'épisode précédent les a malheureusement obligé à faire une intro pour Kate peu intéressante, et dans la lignée de Syberia 3 et ses gros méchants russes. (mais on peut saluer le fait d'avoir conclu cet arc très oubliable au plus vite pour aussitôt plonger dans une nouvelle histoire totalement différente).
- La technique parfois un peu datée (cheveux, synchro labiale, animation rigides).
- Si le gameplay gère correctement son mélange entre Point & Click et Aventure, Kate (et les caméras) peuvent tout de même s'avérer un peu capricieuses au niveau des déplacements et interactions.
- On aurait aimé visiter un peu plus de lieux différents
- Les temps de chargement entre chaque séquence cassent légèrement le rythme.
- Quelques énigmes ça et là qui ne sont pas toujours très claires, ou difficile à résoudre à cause de problème de gameplay.
En Bref :
Sorti dans un relatif anonymat, et faisant suite à un Syberia 3 raté, j'avoue que je plaçais peu d'espoir en ce Syberia 4 (qu'ils ont préféré nommer "The World Before"). J'espérais surtout que cet opus n'enfonce pas la saga dans le médiocre.
Bien au contraire ! Renouant avec la poésie et les premiers amours de Syberia 1 et 2 (les automates), le jeu se déroule sur fond de deux époques bien distinctes mais qui vont se croiser durant toute l'aventure. D'un côté, Dana et son Léon sur fond de guerre et de nazisme. De l'autre, Kate (et son Oscar), toujours à la recherche d'un objectif à poursuivre, d'une quête à mener, pour oublier la vie qu'elle a laissé derrière elle, en quittant New York. Sans moyens colossaux et malgré une technique pas toujours irréprochable, TWB offre pourtant continuellement des visuels à tomber. Les décors, la lumière sont si travaillés qu'on passe beaucoup de temps à profiter du paysage, entre deux rebondissements de cette aventure rythmée et d'une durée parfaite. Alors on savoure le jeu du début à la fin, et on applaudit le travail remarquable de développeurs qui ont su améliorer leur jeu sur absolument TOUS les plans depuis l'accident Syberia 3. Bien sûr, il n'est évidemment pas exempt de défauts, mais on les pardonne sans hésitation tant ce jeu est fait avec le coeur et le respect de son univers.
Peut-être désormais le meilleur jeu de la série (?), The World Before est une petite merveille et le plus beau des hommages à Benoit Sokal, décédé durant la production du jeu.
À faire si vous aimez :
Syberia (jeu, 2002)
Elle s'appelait Sarah (film, 2010)
Hugo Cabret (film, 2010)