Cette critique s'efforce d'être Spoiler-Free.
Ahh Binding of Isaac, nous en avons fait du chemin ensemble ! depuis ta version style JAVA malaisante de tes débuts jusqu'à cette ultime version.
Je vais tâcher avec ces quelques lignes de rendre un hommage final à la fourberie vidéoludique que tu es et tenter de faire le bilan de notre relation, sereinement.
Pour résumer grossièrement, ce jeu est un "Zelda like" procédural couplé à un shoot them up. Vous choisissez un personnage et vous déambulez de salle en salle en vue de dessus. À travers plusieurs étages vous récupérez des clefs, des bombes et de l'argent à utiliser comme dans un Zelda et surtout vous récoltez des objets particuliers parmi plusieurs centaines aléatoirement pour "buffer" votre personnage et progressez à travers les nombreux niveaux jusqu'à atteindre votre objectif, votre fin. Mais contrairement à Zelda, ici vos armes seront vos larmes, que vous tirez à distance pour infliger des dégâts (d'où le côté shoot).
Niveaux scénario, sans spoil, vous explorerez les méandres de la psyché de l'enfance à travers le personnage d'Isaac; un enfant tourmenté par les problèmes familiaux auxquels il est confronté. Le jeu dispose de très nombreuses fins qui vous donneront de plus en plus d'éléments scénaristiques vous permettant de reconstituer le puzzle de son histoire.
Voilà pour le résumé, passons à présent à cette version définitive qu'est Repentance. Une version que j'ai trouvée tout à fait excellente. En effet, la nouvelle voie de progression rafraichit énormément l'expérience (même si elle reste pompée de l'extension fanmade Antibirth), un ajout d'objets et de personnages tout à fait considérable, un équilibrage des objets et de la difficulté qui est le bienvenu, la véritable fin du jeu et enfin l'ajout des versions "tainted" de chaque personnage finissent par vous faire perdre la tête devant l'immensité de la richesse et de la durée de vie de ce jeu.
Le jeu est riche, long, profond, addictif, bref ! Il a tout pour plaire non ?
Alors pourquoi diable ai-je intitulé cette critique : le jeu de la trahison ?
Et bien c'est précisément car ce qui fait passer ce jeu d'excellent à incroyable, c'est son extrême fourberie. Je dirai même plus, sa propension aux trahisons les plus viles et les plus abject possible dans ce médium.
Je m'explique. Ce jeu possède 2 particularités majeures qui font de lui l'infâme traitre qu'il est.
La première est qu'il est difficile. Même dans son mode normal, il vous demandera une attention et une concentration de tous les instants pour ne pas mourir. Un néophyte qui n'a pas une détermination a minima exemplaire ne pourra jamais en voir le bout.
La deuxième est bien évidemment le procédural, l'aléatoire. Il y a des centaines d'objets, et avec ces objets viennent un nombre au moins équivalent de synergies possible. L'aléatoire est partout, présent à chaque instant, son épée de Damoclès en permanence sur votre tête.
Vous pouvez passer d'une salle tout à fait gérable à un odieux traquenard qui fera tomber sur vous un game over des plus humiliants. Vous pouvez avoir un "build" fantastique qui sera totalement anéanti par la prise d'un dernier objet quelques secondes plus tard car la synergie n'ira pas dans le sens voulu, réduisant à néant vos efforts et vous condamnant à une mort quasi certaine au prochain boss. Ajouter à cela les malédictions aléatoires (sorte de handicap qui s'étend sur un étage), ces coffres rutilants qui siphonneront vos clefs pour donner en récompense une explosion qui pourra vous être fatale, BREF, vous l'avez compris, vous allez adorer détester ce jeu.
Et c'est là tout le génie de l'œuvre, ce stress constant dû à l'aléatoire combiné à une difficulté retorse vous donnera de grands moments de jeu vidéo, l'ascenseur émotionnel est assuré.
Après tout, abattre un dernier boss, avec un demi point de vie restant, la main tremblante sur votre manette et une goutte de sueur sur le front, n'est ce pas là la quintessence du plaisir vidéo ludique ? Le plaisir grisant de la victoire arrachée au prix fort, voila ce que le jeu de la trahison propose, et c'est avec un immense plaisir mêlé à une profonde crainte que je reviendrai vers toi, cher Isaac.
ChamNat