Un jeu du bonheur.

En réalité, pas tant que ça.
Ou si ?
On va y venir.

Il y'a des gens bizarres. Je veux dire, ils ne sont pas vraiment, l'étrangeté est un concept tout subjectif, mais selon notre vision des normes, on sera forcément amenés à un moment ou un autre à considérer une personne très décalée, la réaction peut être la peur, l'intérêt ou autre. Je ne vais pas vous dire comment gérer votre environnement social. Démerdez vous.

Mais pourquoi ne se demande t-on pas ce qui se cache derrière cette bizarrerie ? Comment ce voisin en est arrivé là ? The Cat Lady se pose la question et nous le fait incarner, et c'est là que se situe la première force de ce jeu, le personnage principal. Ce protagoniste est précieux car rare dans le jeu vidéo, mais omniprésent dans la réalité, une quarantenaire vivant dans un appartement d'un logement miteux.

Autant dire si vous avez l'intention de vous essayer à "The Cat Lady", vous ne passerez pas un moment joyeux, ni même particulièrement amusant. Si vous êtes dans une période un peu compliquée, jouer à ce jeu n'est peut-être pas votre plus riche idée car l'ambiance, le sujet, l'écriture et même le rapport au surnaturel, tout ça contribue à un sentiment assez suffoquant. Et c'est le but.

Commençons par l'aspect le plus évident, celui visuel. Regardez quelques images du jeu et ça vous sautera aux yeux, c'est bizarre. Peut-être même un peu laid a priori, on ne sait pas trop quoi en dire au début et vous aurez besoin d'un certain temps d'adaptation, c'est dérangeant et demande s'enfoncer un peu plus dans l'atmosphère poisseuse et étrange du jeu.

Ca demandera du temps. De manière générale, The Cat Lady n'est pas un jeu qui vous aime dès les premiers regards, il va vous titiller avec un bâton pointu, vous défier par moment, volontairement vous mettre mal à l'aise. Mais si vous adhérez, c'est peut-être le début d'une jolie histoire. Car oui, ce jeu mérite de l'amour. Pas seulement pour l'originalité de son propos et de ses graphismes bien que ça mettra votre hipstermine en joie. C'était le cas du mien. Est inférieur à trois.

Car bien-sûr, il est agréable de voir émerger des tentatives originales dans l'industrie vidéo-ludique, mais être un peu foufou, décalé ne suffit pas forcément à proposer un jeu qui vous apportera quelque chose. Du coup, est-ce que The Cat Lady, passé la gifle des premières va plus loin que ses bonnes idées du début ?

Je pense. Mais pas via le gameplay. Pas qu'il soit mauvais ou mal fichu, il est totalement issu des vieux Point&Click Lucas Art. Dois-je faire tournoyer le balais autour de ma tête pour ouvrir la porte ou plutôt faire un saut à la corde avec le câble électrique pour casser le mur ? En moins rigolo. Ca fonctionne mais pour peu que vous soyez habitué au genre, vous avez vu ça mille fois, rien de notable à ce niveau.

MAIS ! On s'en fout. En tout cas, je m'en fous. The Cat Lady ne brille pas par son gameplay très classique, mais par son écriture, son ambiance et le message qu'il porte. Et sa mise en scène. On se demande comment avec ces graphismes bizarres, on peut proposer une mise en scène de qualité. Une très bonne gestion de la 2D, du rythme et de la musique.

Le rythme, donc. En fait, The Cat Lady est un jeu lent, mais chaque chapitre a son propre rythme, sa propre ambiance. Par exemple, on passera de quelque chose de très malsain, horrifique à quelque chose de presque poétique, c'est rare pour ce type de jeu, mais je ne l'ai pas trouvé particulièrement répétitif, l'écriture est très bien servie.

Parlons-en d'ailleurs, l'écriture. C'est le point fort du jeu, les thèmes traités dans le jeu le sont avec beaucoup d'intelligence et les personnages servent très bien le propos que l'équipe désire mettre en avant. Solitude, maladie, harcèlement et cruauté ou mépris envers les plus faibles sont autant de thèmes abordés dans ce jeu, et c'est bien fait, touchant, dramatique.

C'est une écriture qui critique, les gens, la société, beaucoup de choses. Ce qui débouche sur ma question du début, c'est un jeu du bonheur ? Ou fatalement pessimiste ? En réalité, selon vos choix, la fin apporte une touche qui peut se montrer très optimiste, sur l'acceptation de ses propres actions, de celles des autres. Malgré tout, on est en face d'un jeu très sombre.

Aussi sombre que bon.

Je lui reconnais certaines maladresses, hors gameplay, par exemple au niveau des "parasites", dont deux que je trouve assez... Gratuits. Néanmoins, j'ai aimé ce jeu, il m'a pris au tripe. Je ne saurais le conseiller à tout le monde, en particulier à des joueurs qui s'attends à des énigmes fouillées et à un gameplay travaillé, ce n'est pas l'intérêt du jeu.

Disons que si vous aimez les histoires sombres ( Principalement britanniques. ) et David Lynch, ce jeu devrait toucher votre cœur tout mou.

Ho ! J'ajouterai que la dynamique Mitzi/Susan en fait un duo que j'ai trouvé très attachant.