Assez mauvais (mais joli parfois)

Grosse déception malgré un début assez prometteur.

L’intro a beau être interminable avec ses cinématiques en pagaille et ses séquences de gameplay sans gameplay, on s’accroche pour laisser sa chance au produit et on retrouve ses marques assez vite. On redécouvre l’ambiance et la richesse visuelle de la série, on est en terrain connu et ça fait plaisir. On finit par arriver dans la zone plus ouverte et on peut enfin jouer réellement. On se rend bien compte que les dialogues vont nous faire grincer des dents tout du long (le doublage anglais insupportable et cliché à souhait de Sebastian n’aidant évidemment pas) mais on se dit qu’avec un peu d’abnégation on passera outre ces défauts.

Ce qu’on ne sait malheureusement pas encore, c’est que The Evil Within 2 ne tient pas sur la longueur.

Parlons déjà de la grosse nouveauté : l’open world. Au début c’est un vent de fraîcheur, on aime explorer et arpenter les rues du petit bled paumé dans lequel se déroule l’aventure. Les affrontements des premières heures ne sont franchement pas évidents, on a très peu d’équipement et les ennemis font vraiment très mal, y a de la tension, c’est cool. Il y a des décors assez jolis également. Le bled en lui-même est visuellement assez inintéressant, mais d’autres zones sont plutôt bluffantes.

On se rend cependant assez vite compte que cette map plus ouverte n’apporte finalement pas grand-chose au jeu, elle dilue juste l’expérience et amène avec elle une structure grossière et artificielle : soit t’es en extérieur et tu vas nettoyer la zone pour farmer des ressources, soit tu rentres dans un bâtiment et on te téléporte dans une autre dimension pour que tu retrouves le côté dirigiste du premier Evil Within avec une ambiance plus travaillée et des scripts à foison. Ça surprend les premières fois que ça arrive, on apprécie ces petites séquences cools et différentes avec des monstres assez flippants. Le problème c’est qu’au bout de la quinzième fois, ça devient juste hyper prévisible et complètement barbant.

Toujours au sujet du monde ouvert, je me demande vraiment à quoi sert la radio. Dans le genre gadget qui n’apporte rien à l’expérience, ça se pose là. On a presque l’impression que les créateurs avaient des idées originales à son sujet lors du développement, qu’ils ont pensé que ça allait être un outil intéressant pour l’exploration, mais qu’ils ont fini par tout lâcher à mi-chemin et l’ont laissée dans le jeu parce qu’ils avaient passé du temps sur la feature. C’est un ajout minable et sans intérêt.

De notre côté on continue notre périple et à partir d’un certain stade l’open world semble disparaître pour de bon. On est content de l’oublier ce monde ouvert sans saveur. On a de l’espoir et on se dit que le rythme va s’améliorer un peu. On se rend malheureusement assez vite compte que le jeu ne nous réserve finalement aucune réelle surprise : il n’y a aucun passage vraiment marquant. On a l’impression que les dèvs tentent des choses pourtant, ils essayent vraiment de recréer des situations dantesques comme dans le premier, mais rien à faire, la sauce ne prend jamais…

On ne va pas s’attarder sur l’IA des ennemis avec son pathfinding complètement pété ou les bugs du jeu précédent qui n’ont même pas été corrigés (c’est par exemple toujours aussi génial de parfaitement caler un headshot et voir la balle passer à travers la tête du mob sans lui infliger de dégât, surtout dans un jeu où on est censé économiser ses munitions…)

Niveau scénario, on reste également dans la droite lignée du premier, c’est tout simplement imbuvable. On s’en rend bien compte dès qu’on lance le jeu, c’est pas une surprise me direz-vous, mais je peux pas m’empêcher d’être un peu admiratif, on est même plus dans de la série z à ce niveau, faudrait huit alphabets de plus pour décrire la nullité abyssale de l’écriture. Et puis c’est vrai que de manière générale je suis pas client de nanar pour être honnête, à la limite ça m’aurait pas trop dérangé si cet aspect était complètement assumé, ce ne serait pas ma came mais tant pis. Sauf que là j’ai l’impression qu’à part quelques références et autres punchlines consternantes à droite, à gauche, le titre se prend vraiment au sérieux, c’est juste extrêmement malaisant.

Les persos secondaires n’ont aucun charisme, on les voit chacun cinq minutes top chrono, on ne s’attache évidemment absolument pas à eux et ils finissent de toutes manières par se sacrifier, ce dont on a absolument rien à battre.

Le recyclage devient super lourd (ce qui m’avait pas choqué dans le premier), on se tape des cinématiques à tout bout de champ, on commence à devenir fou à force d’enchaîner les arènes remplies de sacs à PVs, on se demande vraiment pourquoi on continue mais on lutte quand même et on finit par rusher comme on peut juste pour en voir le bout, ce qui est franchement dur vu comment les derniers chapitres semblent interminables.

On termine enfin le jeu avec une sensation de soulagement. Alléluia ! On va pouvoir passer à autre chose.

Avis posté à l'origine sur Gamekult le 22 novembre 2021, avant correction, réécriture, et partage ici.