The Forest, c'est l'étrange alchimie de différents genres de jeux vidéo : horreur, survie et exploration. L'horreur un peu à la Dead Space pour ce qui est des monstres car on retrouve des créatures humanoïdes mutilées et génétiquement transformées. L'aspect survie très poussé ressemble à du Rust qui aurait fusionné avec le scénario énigmatique de Lost : Les disparus. Enfin, l'exploration de la carte absolument indispensable pour retrouver des éléments clés de l'intrigue mais également pour renforcer son inventaire d'armes ou d'objets divers à fabriquer rappelle n'importe quel jeu d'aventure en monde ouvert. The Forest s'en sort haut la main dans chacun de ces domaines, il en résulte un titre passionnant qui prend aux tripes jusqu'au dénouement final.
J'ai fait l'intégralité de l'aventure en coopération avec un ami, il nous a fallu une trentaine d'heures, en prenant notre temps, pour parcourir les nombreuses grottes et recoins planqués de l'île. Le scénario, en apparence simple, vous met dans la peau d'un survivant d'un crash aérien qui part à la recherche de son fils disparu. Vous vous retrouvez seul sur une île inconnue recouverte de forêts sauvages, plaines et lacs. Au bout de quelques jours in game, vous vous rendez compte que vous n'êtes finalement pas seul sur cette île et qu'il va falloir se défendre contre des hordes de cannibales organisées. Je dis bien "organisées", en parlant des ennemis, car on découvre, au fur et à mesure, qu'il y a un partage des rôles, des chefs voire des rivalités au sein même de leurs clans. Votre objectif est donc de retrouver votre fils Timmy en partant à la recherche d'indices disséminés sur l'ensemble de la carte mais ce n'est pas tout, sachez que l'histoire réserve bons nombres de surprises macabres. Car The Forest n'est pas un simple jeu d'aventure où il suffirait d'enchaîner "les niveaux", il va falloir survivre aux ennemis qui n'ont qu'une envie : vous bouffer. Survivre à la faim et à la soif. Mais aussi survivre au froid, à l'humidité ou aux maladies.
C'est là qu'intervient la partie survie. Dans The Forest il est primordial de se construire une base pour se protéger des intempéries et des monstres en se relaxant autour d'un bon feu de camp. Cette dernière vous servira également de dépôt pour vos ressources, nombreuses au demeurant, dont voici une liste non exhaustive : pierre, bois, baies diverses, herbes, peaux animalières, branches, viandes etc. Ces matériaux servent aux constructions mais aussi à la création d'un ensemble de mobilier allant des pièges de chasseur, au mini-bar, en passant par les trophées constitués des bras et pieds démembrés de cannibales que vous aurez occis. Ces trophées (appelés effigies) servent de totem de mort pour effrayer les cannibales environnant votre base. Outre ces réjouissances macabres, The Forest propose un large panel de constructions possibles et j'en profite à ceux qui voudraient tenter l'aventure de privilégier les habitations perchées dans les arbres car au sol...c'est la guerre non-stop ! Après faites comme vous voulez mais les cannibales, une fois qu'ils vous auront repéré ne vous lâcheront absolument jamais. Il leur est possible de détruire vos constructions si vous ne les défendez pas. Le jeu offre la possibilité d'installer des pièges ou de renforcer des murailles à l'aide de pieux.
Sauf erreur de ma part, il n'y a aucune arme à feu dans The Forest, à part le "Flare Gun" (qui n'en n'est pas une, on est d'accord). De fait, la plupart des combats se déroulent au corps à corps ou à l'arc. Ces combats sont dynamiques, sanctionnent le bourrinage bête et méchant tout en demandant une bonne réactivité. Les armes sont nombreuses et il y a possibilité d'en fabriquer, de les améliorer etc. Le principal défaut du jeu selon moi c'est que les sensations armes en main sont assez mauvaises. Par exemple vous mettrez autant de coups sur un ennemi avec une hachette merdique servant à couper du bois qu'avec le katana planqué au fin fond d'une grotte. Très déçu. De plus, les ennemis sont particulièrement coriaces... On s'étonne, en début de partie du moins, d'être obligé de mette 6,7 voire 8 ou 9 coups de hache sur un ennemi pour en venir à bout... Sans parler que les blessures infligées ne sont pas localisées. Frapper les jambes ou les bras d'un adversaire ne permet pas de les lui couper en plein combat. Les démembrement (pour se nourrir ou pour construire une effigie) se font post-mortem. A l'arc, étrangement, les dégâts sont localisés puisqu'un tir à la tête tuera un cannibale lambda du premier coup. Sachez enfin, pour ceux qui sont fans de Robin des Bois, qu'il existe différents arcs et différents types de flèches dont les fameuses flèches enflammées.
Comme annoncé au tout début de cette critique, The Forest est également un jeu d'horreur pour notre plus grand plaisir. Car malgré le monde ouvert et le côté Lost à demi assumé, le jeu parvient tout de même à vous foutre les jetons. Je pense bien évidemment au comportement des cannibales qui vous traqueront la nuit en forêt, aux rencontres malheureuses en pleine grotte ou aux nombreux râles inhumains que poussent les ennemis pour appeler du renfort ou pour vous indiquer leur présence. Ces bruits vous glacent le sang, c'est absolument ignoble. J'en profite pour souligner l'excellente bande son du jeu pour tout ce qui concerne les sons environnementaux, les cris des ennemis ou les bruits de pas... les fameux bruits de pas des autochtones qui courent autour de vous et que, bien entendu, vous ne voyez pas ! Délicieux. Il peut arriver d'être pris par surprise et de sursauter. En effet, les ennemis savent aussi être discret. Combien de fois il m'est arrivé de couper tranquillement un arbre, de me retourner, serein, et de tomber nez à nez avec un cannibale... La violence ! L'IA de ces-derniers est très surprenante dans le bon sens du terme. Ils ne sont pas systématiquement agressifs et peuvent prendre le temps de vous observer puis partir. Je ne vous en dis pas plus, il y a parfois possibilité d’interagir avec eux...
Pour terminer, d'un point de vue technique The Forest est plus que correct. Les environnement sont beaux, les effets de météo convaincants malgré un affichage de la distance très limité. Seuls les ennemis au loin bénéficie d'un affichage à très longue distance sinon les décors ont parfois tendance à apparaître subitement ce qui est un peu gênant. Je précise que je joue avec les paramètres au maximum. Peu gourmand et plutôt joli, le jeu bénéficie d'une très bonne optimisation pour les petites configurations. C'est un bon point.
En coopération (jusqu'à 4) sur un serveur privé, The Forest est vraiment très bon. Proposant un contenu conséquent et assurant une qualité exemplaire dans tous les domaines, le jeu s'impose pour moi comme une référence. Que ce soit l'exploration de l'île mystérieuse, les moments de flippes apportés par les ennemis dangereux et imprévisibles ou la survie en permettant aux joueurs de construire à peu près tout ce qui se fait en la matière, The Forest réussit son pari. Je ne sais pas si cela valait nécessairement quatre années de développement en Alpha lorsqu'on sait que la plupart des joueurs de 2014 ont d'ores et déjà abandonné le jeu et qu'il est désormais bien différent aujourd'hui qu'à ses débuts. Cela dit le boulot a été fait et bien fait car le jeu sort officiellement le 1er avril prochain. Pour ceux qui voudraient s'y essayer, je vous invite à l'acheter maintenant à 15 € sur Steam car, à partir du 1er avril, il sera plus cher. Je recommande "tribalement" à tous les amateurs de sensations fortes en coopération, vous ne serez pas déçu...